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Visite de Nexter à Bourges
 

La Fédération Nationale de l’Artillerie chez Nexter à Bourges.

Nous nous sommes retrouvés une soixantaine d’artilleurs de la FNA pour la visite de Nexter à Bourges le 28 avril dernier.

En effet, cette année, la « sortie » de printemps de la FNA n’allait pas s’organiser autour de la visite traditionnelle d’un Régiment, mais il était proposé une visite à caractère plus technique, centrée sur la fabrication des obus, d’une part, et des canons d’autre part.

Ceci a été rendu possible grâce à l’obligeance de Nexter, l’industriel qui est en charge de ces fabrications. Que la direction de Nexter trouve ici l’expression de nos plus vifs remerciements. Nous exprimons également toute notre gratitude au général Grenier, Conseiller militaire auprès de Nexter qui a largement contribué à l’organisation et au succès de cette journée.

Matinée : la fabrication des munitions de moyen et gros calibre

L’usine de munitions d’artillerie de Nexter se situe à La Chapelle Saint Ursin, à cinq kilomètres de Bourges. Le site couvre des dizaines d’hectares : s’agissant d’un site où l’on manipule poudres et explosif, des impératifs de sécurité ont conduit à l’implanter à l’écart de toute habitation.
Nous avons commencé par la visite de la « douillerie » qui emploie 120 personnes, et celle de l’atelier de Mécanique qui lui est adjacent, avec des machines-outils à commande numérique.
(JPG) Les explications techniques fournies par les ingénieurs responsables, furent très détaillées : nous avons notamment pu assister à la fabrication des douilles en acier pour les obus de l’avion Rafale. On ne peut qu’être impressionnés par ces grosses presses d’emboutissage à froid qu’elles soient de 800 tonnes ou de 500 tonnes, par ces machines qui couchent les douilles, les redressent, les font passer dans des bains de trempe à plus de 800° pour augmenter leur dureté et leur permettre de supporter la pression du départ du coup ... avant de passer au laquage qui leur donne une finition parfaite.
Les obus du Rafale ont une douille de 30 mm de diamètre, les obus du VBCI sont légèrement plus petits avec un diamètre de 25 mm.

Dans un autre atelier, situé très à l’écart pour des raisons de sécurité, nous avons assisté à l’encartouchage des munitions de 120 mm pour le char Leclerc. Différents types d’obus sortent de cet atelier : charge creuse, charges anti-personnel. Les futurs projectiles auront une trajectoire pilotée.
Il nous est rappelé que la douille brûle dans le canon lors du départ du coup. L’étoupille est remplacée par un tube porte-amorce. Sur le corps de la douille, un code-barre est imprimé pour permettre une reconnaissance optique à l’intérieur du char et donc la sélection automatique de l’obus suivant le type de munition requis en fonction de la cible. Souvenons-nous que le tube des chars est lisse, contrairement aux canons rayés de l’artillerie. En effet, la vitesse d’éjection de l’obus est très élevée : plus de 1500 m/seconde pour les plus rapides. Pour assurer la stabilité de l’obus sur sa trajectoire, l’empennage a une forme telle qu’il met en rotation l’obus dés la sortie du tube.

(JPG) Chaque cartouche est numérotée, ce qui assure la traçabilité jusqu’à utilisation.
Le remplissage de la douille avec la charge de poudre est fait de façon automatisée et la poudre est pesée avec une extrême précision « au grain près ».
Enfin, le projectile est riveté sur la douille.
Le contrôle se fait par passage dans un faux canon avec mesure de l’effort d’enfoncement.

On nous donne l’ordre de grandeur du prix des munitions : environ 1000 euros pour une munition d’exercice et le double, voire le triple, pour une munition de guerre. A ce prix là, le gaspillage est interdit ...

Après les douilles, il est temps de « vider les carafons » ... et nous reprenons l’autocar pour aller déjeuner au mess à Bourges. L’ambiance est sympathique, la convivialité est au rendez-vous. M. Gisbert, Directeur du Centre nous adresse un mot de bienvenue. Le Général Pédron, président de la FNA lui répond en lui redisant le plaisir que nous avons, en tant qu’artilleurs, d’être accueillis dans les lieux mêmes où se fabriquent canons et obus.

Après-midi : visite de la fabrication des canons L’usine de fabrication des canons se situe dans la ville de Bourges. Les halls sont évidemment très longs, car chaque machine doit disposer, en amont et en aval, d’un espace tel que les tubes d’artillerie puissent tenir dans toute leur longueur.

(JPG) Nous sommes divisés en plusieurs sous-groupes et « pris en main » par les responsables des différents ateliers qui nous expliquent avec passion et compétence les différentes étapes de la fabrication. Nous visitons tout d’abord la ligne « structures équipées » comprenant soudage, fraisage, contrôle non destructif, montage et intégration des sous-ensembles.

Mais ce qui nous passionne le plus est, bien évidemment, la visite de la fabrication des tubes de 155 d’artillerie destinés aux Caesar.
Vingt à vingt-cinq opérations sont nécessaires pour faire un tube de 155 depuis la réception à l’usine des ébauches en acier venant d’un fournisseur extérieur. Les tubes sont usinés avec une grande précision au moyen de tours horizontaux. Les canons s’usinent horizontalement et non plus verticalement comme au 18ème siècle - souvenons-nous des gravures de l’Encyclopédie de Diderot - et l’usinage concerne non seulement l’intérieur mais aussi l’extérieur ; une attention extrême est portée au respect de la concentricité, sans quoi des traces brutes d’ébauche seraient fatalement conservées jusqu’à la pièce finie, ce qui ne serait pas acceptable.

(JPG)

Pour ne pas accumuler les détails techniques, contentons nous de mentionner que les canons d’artillerie sont rayés, à la différence des canons de chars et que le rainurage se fait en passes successives qui enlèvent à chaque fois 5/100 mm. Les rainures, au final, font 1,5 mm de profondeur.

(JPG) Nous assistons ensuite à toutes les étapes de la fabrication d’un canon de VBCI. Ceci est d’autant plus intéressant que c’est précisément pour ce type de canon de 30mm que nous avons vu fabriquer ce matin même, les douilles des munitions. Il est conçu pour tirer à une cadence pouvant aller jusqu’à 400 coups/minute.

Quelques mots enfin sur Nexter.

Nexter est l’héritier lointain des arsenaux militaires. Au début des années 1970, ces derniers avaient été regroupés au sein d’une structure unique, Giat, lequel fut ensuite transformé en Giat-Industries, Société nationale de droit privé en1990.
En 2006, Nexter a été créé pour regrouper le cœur de métier de Giat-industries, lequel continue d’exister mais sous forme de holding.
Cette société est au cœur des systèmes de défense terrestre. Elle conçoit et fournit les systèmes de défense auprès de l’Armée de terre en France et plus généralement auprès des Armées de terre étrangères clientes de la France. Mais aussi, certains systèmes d’armes pour les Armées de l’air et la Marine, sont également fabriqués par Nexter.
Nexter est aussi en mesure de proposer des contrats globaux incluant la maintenance.
Au cours de ces dernières années, Nexter a fait d’immenses efforts de productivité pour réduire ses coûts, efforts associés à d’autres efforts pour respecter strictement les délais de livraison. C’est une véritable révolution dans les esprits qui s’est opérée : il est évident que la culture d’entreprise du temps des arsenaux ou même de Giat était fort éloignée de l’état d’esprit qui règne maintenant chez Nexter.

Les pertes que Giat accumulait autrefois ne sont plus aujourd’hui qu’un mauvais souvenir : le résultat net de Nexter est positif, son carnet de commandes est en forte hausse, de l’ordre de trois ans de chiffre d’affaires à 2,5 milliards€, (le VBCI, véhicule blindé de l’infanterie est pour beaucoup dans le carnet), avec une part de commandes à l’export loin d’être négligeable.
Deux chiffres sont à retenir pour Nexter : le chiffre d’affaires de 2009 consolidé est de 887M€ et il est réalisé avec 2720 collaborateurs.
Les dépenses de Recherche et Développement sont à un niveau élevé, car c’est un gage de l’activité à venir. Des partenariats sont noués avec de nombreuses autres entreprises, citons Thalès, BAE Systems, GTD ...

Pour résumer les impressions des uns et des autres, la journée fut très dense, très intéressante et nous a permis d’apprendre comment nos « outils » d’artilleurs étaient fabriqués. Donc un bilan très positif de ce voyage qui a constitué une (petite) entorse à la tradition des visites annuelles de la FNA en Régiment.

CEN (H) Bernard WENDEN






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Fédération Nationale de l'Artillerie