INFORMATIONS PERMANENTES ET ARCHIVES > Archives des activités > Archives des visites >
Visite au 402ème Régiment d’Artillerie
 

La FNA au 402e RA

Jusqu’au temps qui était de la partie ce jour là ! Et pourtant, Châlons n’a pas une trop bonne réputation en ce domaine. Fidèle à ses traditions, le 402e Régiment d’artillerie a accueilli les visiteurs de la FNA à bras ouverts en ce jour du 6 mai 2009. Les artilleurs forment une grande famille. Quels que soient leur parcours, leur spécialité, leur formation, ils aiment se retrouver dans les grands moments de leur histoire. Ils étaient plus de quatre-vingts à avoir fait le voyage de Châlons-en-Champagne... Un record ou presque ! Et ce fut en effet un grand moment.




Pour les uns, car ils avaient servi avec honneur, fierté et fidélité ces Régiments dont l’Armée de terre va se dépouiller à une exception près, après avoir connu le zénith et auxquels l’un de nos frères d’arme rend hommage, dans ce numéro, avec brio et beaucoup d’émotion.


Pour d’autres, car s’ils avaient bien entendu parler, au cours de leur carrière, de ce type de Régiment aux dimensions impressionnantes quel que soit le domaine envisagé, ils n’avaient jamais, ou presque jamais, eu l’occasion de voir de près tous ces radars, ni d’approcher cette technologie de pointe, souvent fort complexe et dont la mise en œuvre nécessite un personnel hautement spécialisé : un exemplaire unique dans nos armées, mais destiné à disparaître très prochainement.


Pour tous ou presque tous enfin, après souvent bien des années, c’était un retour aux sources. Le Cours Artillerie, le Cours Topographie, c’était où ? C’était qui ? Les questions fusaient. L’École d’artillerie revivait....vingt-cinq ans après.....plus d’une génération !
Et pourtant, ils n’avaient pas tous vraiment connu la « maison-mère »...Mais à un moment ou à un autre de leur carrière, ils y étaient passés à l’occasion de stages nombreux et divers, de spécialisation, d’application ou de franchissement de grades.

Corbineau, Février ancien, Février nouveau, Legay, la rue du Camp d’Attila, le Polygone Topo !! Que de souvenirs demeurés gravés à jamais dans les mémoires et que cette visite, la dernière, faisait revivre en cette belle journée !

Il n’est peut-être pas inutile, à ce stade, de rappeler brièvement les diverses pérégrinations de l’EAA, en nous limitant d’ailleurs aux plus récentes d’entre elles. Après la victoire de 1945, l’École d’application de l’artillerie ouvre ses portes en août à Idar Oberstein en Allemagne et les cours reprennent dès octobre de la même année. Elle rejoint provisoirement, au cours de l’été 1952, Mourmelon, puis en 1953 Châlons-sur-Marne, ville qu’elle avait quittée en 1802, et occupe principalement les quartiers Corbineau et Février.
Précédemment, le 1er mai 1952, le Cours pratique de tir antiaérien a donné naissance à l’École de spécialisation de l’artillerie sol-air qui occupe le quartier Bruyère à Nîmes et assure les stages de spécialisation en artillerie antiaérienne lourde, puis, avec l’arrivée du Hawk en 1964, les stages spécifiques à ce système d’armes. L’instruction artillerie antiaérienne légère continue, quant à elle, à être dispensée en partie et pour un temps, à Châlons-sur-Marne.

En 1966, l’École de spécialisation de l’artillerie sol-air assure la totalité de l’instruction sol-air et le 1er septembre 1971, elle change d’appellation pour devenir l’École d’Application de l’Artillerie sol-air.
En 1976, l’École d’Application de l’Artillerie quitte à nouveau Châlons-sur-Marne pour rejoindre Draguignan. Elle fusionne avec l’École de Nîmes le 28 septembre 1983.

Le 402e Régiment de Défense contre aéronefs a été créé à Metz en 1923. Il a été dissous deux fois : la première en 1945, à la fin de la Deuxième guerre mondiale, la deuxième en 1962, après la Guerre d’Algérie. Recréé, il s’est installé en 1966 au quartier Foch de Laon. Dix ans plus tard, en 1976, il déménage au quartier Corbineau à Châlons-en-Champagne où il a succède à l’EAA transférée à Draguignan.
Voilà pour l’historique... Le décor est planté.

L’exposé brillant et complet du Chef de corps servira de trame au présent compte rendu de cette visite qui aura, n’en doutons pas, marqué et impressionné l’ensemble des participants.
Et de fait, le Colonel Blondeau a abordé toutes les questions qui se posent ou qui vont se poser au Régiment dans un futur relativement proche, en apportant, à chacune d’entre elles des réponses précises et fort bien argumentées, avec un souci louable de pédagogie et surtout avec un enthousiasme qui semble bien être la marque fondamentale de cette unité.

LES MISSIONS DU REGIMENT

  • Assurer la défense antiaérienne des forces terrestres Le 402e Régiment d’artillerie constitue le seul segment Moyenne portée des Armées avec le système d’armes Hawk en attendant le SAMP/T, prévu initialement et de longue date pour lui être substitué, mais qui, en fin de compte, va bientôt entrer en service dans l’Armée de l’air.
    Le Régiment est capable de s’intégrer d’emblée dans une chaîne de coordination dans la troisième dimension, nationale ou alliée (C3D FR ou Otan).
  • participer à la défense aérienne du territoire national
    (Y compris Guyane et Djibouti).
  • projeter des compagnies proterre (+ réversibilité).
    Le concept Proterre [1] (Rappel Objectif 126).
    Toutes les unités élémentaires de l’Armée de terre doivent être capables de remplir, outre les missions propres à leurs spécificités, des missions communes à l’Armée de terre (Micat). Il s’agit essentiellement de missions de sauvegarde (sûreté, sécurité, défense).
  • contribuer aux opérations intérieures
    (Notamment pour tout ce qui concerne l’aide à la population, au même titre que l’ensemble des autres unités de l’Armée de terre.)
  • assurer les partenariats École avec Draguignan
    Arrêt des formations Hawk à Draguignan et Création d’un CI Hawk sur la ressource régimentaire.
  • assurer le soutien de la garnison
    Le Régiment (1000 hommes) soutient 1700 personnes et 17 organismes
    Il convient de noter que le Régiment n’appartient pas à la Brigade dont il soutient l’État-major, c’est-à-dire celle de Châlons-en-Champagne.

LES CONTRATS DU RÉGIMENT

Compte tenu de sa double dotation (Hawk et Mistral), le Régiment doit répondre à deux types de contrats.

Contrat opérationnel Hawk

Pour les « Anciens » qui ont connu le Régiment (à quatre Batteries de tir Hawk) en tant qu’Unité d’emploi, les normes de la Disponibilité opérationnelle ont fondamentalement changé. En outre, les modifications d’ordre technique, subies notamment dans le cadre de PIP III, ont réduit le nombre de personnels strictement nécessaires à la mise en œuvre. Il en est résulté une plus grande souplesse d’emploi. On distingue désormais les Disponibilités immédiate, différée et maximale. Disponibilité immédiate Un Guépard-C à 9 jours, soit un sous /groupement à une section de 67 hommes. Ce dispositif inclut un module de surveillance /pré-alerte à 42 heures. Le régiment est d’alerte Guépard en permanence. Disponibilité différée Un module type Guépard à trois semaines. Disponibilité maximale 2 PC de Groupement + 4 S/GPT à 3 mois 1 PC de Groupement gère l’ensemble des éléments sol-air mis sous sa responsabilité (y compris SAMP/T à terme).

Capacités spécifiques du Hawk

Même si le sort du 402 est désormais scellé avec sa dissolution programmée pour fin 2011/début 2012, l’unité n’en reste pas moins aujourd’hui encore totalement opérationnelle et même la seule, en attendant la mise en service des SAMP/T, à pouvoir fournir avec ses trois batteries (la quatrième ayant été dissoute en 2006) de Hawk PIP III une ombrelle sol-air à moyenne portée à une force opérationnelle terrestre. Certes, ses Hawk sont entrés en service dans l’armée française en 1964. Mais ils ont depuis bénéficié de remises à niveau.
Ainsi, depuis l’été 2003, le régiment a été porté au standard PIP III. Celui-ci, développé en coopération franco-italienne, a permis notamment une modernisation des radars de détection Basse altitude CWAR (Continuous Wave Acquisition Radar) et de tir HPIR (High Power Illuminator doppler Radar).
Le CWAR permet d’assurer le suivi simultané jusqu’à cent pistes, dont éventuellement 40 voilures tournantes, évoluant entre zéro et 3000 m, avec une portée d’environ 70 km.
Quant aux radars de tir HPIR, ils bénéficient désormais de deux modes d’illumination : un « fin » pour un seul avion à toutes altitudes avec une portée de 100 km et un « large » pour illuminer avec une portée maximale de 20 km un groupe, allant jusqu’à six avions, volant à basse altitude.
De même, le FDOC (Centre de contrôle des tirs de la batterie), en charge de l’affichage de la situation aérienne, de l’évaluation de la menace (habillage des pistes et identification) et de la gestion des tirs, a vu, avec PIP III, l’interface homme/machine nettement améliorée et son calculateur changé au profit d’un plus puissant.
Chaque batterie compte deux sections, dont une allégée plus aisée à projeter en Opex. La section est à même de détecter à 70 km un avion de combat évoluant à basse altitude, de l’engager à 40 avec un missile Hawk à autodirecteur EM semi-actif qui peut grimper jusqu’à 18 000 m. Un mode d’engagement multiple permet de faire face à un raid et de traiter jusqu’à six cibles dans un même secteur.
On ne peut évidemment pas dans un simple compte rendu expliquer dans le détail le déroulement d’une interception. Cela serait forcément beaucoup trop théorique, fastidieux et ne présenterait en outre qu’un très faible intérêt.

En revanche, les « visiteurs » du 402 ont pu voir de près tous les matériels déployés dans la cour d’honneur, entrer dans les shelters et s’entretenir longuement avec les personnels responsables, auxquels ils ont posé de nombreuses questions concernant, tant la technique des matériels présentés, que leur rôle et leur mise en œuvre. Grâce aux qualités pédagogiques déployés par le personnel du Régiment, on peut estimer que cet ensemble particulièrement complexe, qui nécessite pour en acquérir une certaine maîtrise, de suivre de nombreux stages de spécialisation, aura été un peu « démystifié ». Ce qu’il est possible d’avancer, à coup sûr, c’est que tous les participants ont manifesté un grand intérêt pour un matériel qui leur était assez peu connu, du moins pour la plupart d’entre eux.

Contrat opérationnel Mistral

1/ Chaque Batterie de tir Hawk doit être en mesure de mettre sur pied une section Mistral sur Pamela .
Le poste de tir est alors installé sur une plate-forme de tir Pamela (plate-forme d’adaptation Mistral équipée légère et aérotransportable) sur VLRA. L’équipage est constitué d’un chef de pièce, de deux tireurs et d’un conducteur.

2/ Cependant, s’agissant de Djibouti ou de la Guyane, le contrat prévoit toujours la fourniture par les batteries basées en métropole des effectifs armant les deux sections Mistral de Djibouti et les deux sections sol-air de Kourou en Guyane (une sur Mistral et une sur canon de 20mm [2] ).

Donc, dans les faits, sur le plan des personnels et pour des raisons de cohésion et de programmation :

1 Batterie Hawk = 1 Batterie Mistral

Les visiteurs de la FNA ont pu, vers midi, partager avec des personnels du Régiment un excellent buffet, servi au Quartier Legay, ce qui a facilité les échanges de manière agréable.

Au cours de l’après-midi, ils ont assisté à une séance de préparation d’une unité (la deuxième Batterie) à son futur séjour à Djibouti. Il s’agissait d’un entraînement sur SATCP Mistral (pièces en batterie à l’extérieur et entraînement au simulateur). Ils ont pu ainsi apprécier le professionnalisme des cadres et des militaires du rang, à travers les réponses précises aux nombreuses questions qui leur ont été posées sur l’ensemble des sujets, qu’elles soient de nature technique ou qu’elles portent sur l’emploi du système d’arme. Ils ont également été impressionnés par leur comportement et leur tenue exemplaires.

Organisation du 402e RA

Pour assurer les missions qui lui sont confiées et remplir les contrats opérationnels qui lui ont été fixés, le Régiment est organisé comme suit.
Articulé autour de son état-major, le 402e RA dispose de :

  • 3 Batteries de tir (comportant chacune deux pelotons de tir Hawk et une section SATCP Mistral),
  • 1 Batterie de commandement et de soutien (fusionnant depuis l’été 2004 la Batterie de base et d’instruction chargée de l’instruction des engagés et la Batterie de commandement et de logistique chargée de l’administration du régiment),
  • 1 Batterie des Opérations planifiant et dirigeant toutes les activités du régiment et qui comprend notamment le PCR, les sections Martha et le groupe d’expérimentation GX MIDS [3]
  • 1 Batterie de maintenance ,
  • 1 Unité de réserve (UIR) .

Cette organisation lui permet d’honorer ses contrats opérationnels par une répartition rationnelle et cyclique de ses moyens.
Une Batterie assure le Contrat Hawk (disponibilité immédiate et différée) [4] .
Une Batterie se prépare en Mistral (et doit être en mesure d’assurer le Contrat Hawk dans le cadre de la disponibilité maximum avec la Batterie des Opérations).
Une Batterie est projetée en Mistral.

Quel est l’avenir du 402e Régiment d’artillerie ?

Si la dissolution du 402e Régiment d’artillerie en tant que Régiment SAMP est bel et bien programmée, avec en particulier, l’armement des futures batteries Mistral du 1e Rama et du 3eRama, de nombreuses questions demeurent pour l’instant sans réponse, concernant aussi bien les dates précises que les modalités de mise en œuvre.
Ces différents mouvements devraient se situer « à partir de 2011 » et « avant 2014 ». Les « transferts » d’effectifs ou d’unité pourraient avoir lieu par à-coups ou à la disparition totale du Régiment.
Là aussi se pose la question fondamentale de la fin du contrat opérationnel Hawk du 402, étroitement dépendante a priori du niveau de l’équipement en SAMP/T de l’Armée de l’air et de son « appropriation » de la mission.
Dés lors, on comprend mieux les soucis majeurs du Commandant du Régiment :

  • préparer son unité dans tous les domaines aux diverses éventualités,
  • être en mesure de poursuivre sa mission opérationnelle Hawk jusqu’au dernier moment,
  • continuer à préparer l’avenir en menant à bien l’expérimentation Martha/Mids qui lui a été confiée et contribuer à la montée en puissance de ce système dans l’Armée de terre.

Comment se prépare le Régiment : la manœuvre Ressources humaines

(En liaison avec la DRHAT).

Rappel (NDLR Objectif)  : Un décret modifiant celui du 21 juin 2000, portant organisation générale de l’Armée de terre, a créé une nouvelle direction des ressources humaines de l’Armée de terre (DRHAT). Celle-ci, en cohérence avec l’évolution générale de la fonction ressources humaines au sein du ministère de la Défense, remplace la Direction du personnel militaire de l’Armée de terre et intègre les structures de l’État-major de l’Armée de terre qui détenaient également des attributions en matière de ressources humaines.

Pour le 402e RA,
1/ Cette manœuvre consiste à maintenir les effectifs pour l’instant, sans transfert, ni dissolution de Batterie,

  • au moins, avant la remontée en puissance des unités en provenance du 57e Régiment d’artillerie qui est dissous tout de suite ;
  • si possible, au moment de la « disparition » du Régiment (pour tenir compte du cycle opérationnel spécifique du Régiment).

2/ Dans l’hypothèse du transfert d’une batterie au 3e Rama, mutation des cadres mais possibilité d’ouvrir les mutations des militaires du rang à toutes les garnisons ASA.

3/ Assurer la formation et la qualification des personnels sur le système Mistral (à l’EAA) et donner aux personnels concernés une formation d’adaptation Hawk au 402e RA.

Comment se prépare le régiment : la manœuvre technique

(Rappels NDLR Objectif).
Dans le cadre de la modernisation du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres, l’Armée de terre a adapté en profondeur ses modes de fonctionnement par la mise en place, généralisée depuis l’été 2008, d’une politique d’emploi et de gestion des parcs (PEGP).
Celle-ci vise à mieux gérer l’emploi des matériels majeurs, en service courant, à l’entraînement et en opération pour, à terme, garder la maîtrise des coûts de soutien en service : « mettre en place, quand il le faut, là où il le faut, ce qu’il faut et rien que ce qu’il faut ». On distingue trois types de parcs.
Le parc en service permanent (PSP) permet le fonctionnement courant et l’entraînement du niveau de la section (ou équivalent). Il est actif dans toutes les unités.
Le parc d’entraînement (PE), qui regroupe sur un nombre limité de sites (Mourmelon et Canjuers) les équipements nécessaires à l’entraînement, dès que celui-ci dépasse le niveau de la section, est totalement déployé en Champagne depuis le début 2009.
Le parc d’alerte (PA) regroupant les matériels appelés à être déployés sous court préavis, montera progressivement en puissance, en cohérence avec les projections importantes du matériel en Opex.
Le parc de gestion (PG) se construit mécaniquement au fur et à mesure de la montée en puissance des trois autres parcs génériques.

*****

La manœuvre technique du 402 visant à répondre aux nécessités opérationnelles est la suivante :

1/ Appliquer la philosophie PGEP au parc Véhicules et au parc Hawk (en liaison avec la STAT. C’est ainsi qu’a été créée une section régulation auto, correspondant au cycle opérationnel du Régiment et permettant de se préparer à des reversements échelonnés et au reversement final.
En ce qui concerne le parc Hawk, le Régiment a créé (en interne) un Parc d’alerte (PA) Guépard C, un Parc en service permanent (PSP) pour les formations et l’entraînement et un Parc de gestion (PG) afin de :

  • se caler sur le cycle opérationnel du 402e RA,
  • se préparer aux reversements,
  • d’économiser la ressource pour être en mesure de durer.

2/ Armer les futures batteries Mistral du 1e Rama et du 3e Rama (en pièces, en NC1 (Martha), en VAB, en simulateurs).

Comment se prépare le Régiment : la manœuvre « préparation opérationnelle ».



Dans le cadre de sa préparation, le Régiment agit tant sur le plan individuel que collectif. Il est fortement impliqué dans la montée en puissance du système Martha dans l’Armée de terre, en contribuant à en faire un précieux outil d’aide à la décision.
Enfin, il tient également à être en mesure d’honorer jusqu’au dernier moment tous les engagements opérationnels, afin de répondre aux besoins exprimés par le Commandement en fonction de la situation.

1/ Développer la capacité opérationnelle individuelle.

L’effort est naturellement fait sur le sport, le maintien et le développement de la mise en condition physique, l’aguerrissement, la rusticité, mais aussi sur l’apprentissage des Techniques d’interventions opérationnelles rapprochées (TIOR) . Ces techniques sont d’ailleurs enseignées au sein des armées depuis 2000. Elles sont venues en complément des techniques de combat corps à corps.
L’instruction sur le tir de combat (IST-C) est également développée. Elle se décline suivant un certain nombre de modules visant à apprendre aux tireurs à bien utiliser leur arme individuelle ainsi que l’armement collectif dans toutes les situations de combat auxquelles ils pourraient être confrontés.

2/ Développer la capacité opérationnelle collective

Cette préparation s’étend au développement de la capacité opérationnelle collective, un effort particulier étant porté sur les petits échelons hiérarchiques (notamment les chefs de groupe).

3/ Contribuer efficacement à la montée en puissance Martha/MIDS dans l’Armée de terre

Tous les efforts du Régiment doivent converger pour apporter une contribution efficace à la montée en puissance dans l’Armée de terre du système Martha /MIDS.

Quelques rappels sur Martha  [5]

Le système de maillage des radars tactiques pour la lutte contre les hélicoptères et les aéronefs à voilure fixe (Martha) a pour objectif de coordonner les actions des intervenants de l’Armée de terre dans la 3e dimension ( I3D - hélicoptères, drones, artillerie sol-sol). Son rôle est d’accroître l’efficacité de l’artillerie sol-air (coordination des feux). Relié à des organismes Air, Martha effectue cette coordination en temps réel.

Martha, est divisé en deux chaînes fonctionnelles distinctes :

  • la chaîne de commandement de l’artillerie sol-air (SIR-ASA), (JPG) constituée des Postes de commandement Groupement, Postes de commandement Batterie, Postes de commandement Section ainsi que les Postes de commandement sol-air moyenne portée (SAMP/T) et des trains de combat 2 (TC2),
  • la chaîne de coordination 3D de l’Armée de terre, constituée de centres de niveau haut (CNHM), de centres bas (NC 1) et de l’interface avec les systèmes Alliés ( LLAPI - low level air picture interface).

Les Centres de niveau haut de Martha (CNHM) sont chargés de l’interopérabilité interarmes, interarmées et interalliée ainsi que de la coordination des centres bas.

Centre de niveau Haut Martha

L’objectif final de Martha est de gérer tout ce qui appartient à l’Armée de terre et qui évolue dans la troisième dimension, et non pas seulement de gérer l’artillerie sol-air.
Les armées cherchent à détenir un moyen de coordination qui leur permettrait de gérer en temps réel les activités de tous les Intervenants dans la troisième dimension (I3D). Ces acteurs sont, certes, prioritairement, les aéronefs de l’Armée de l’air ou de l’Aéronavale, les aéronefs civils, les hélicoptères de l’Alat et les unités sol-air. Il faut intégrer cependant d’autres protagonistes, comme les artilleurs sol-sol, dont les projectiles pénètrent largement dans l’espace aérien, A titre indicatif, rappelons qu’un obus d’une batterie sol-sol monte à une altitude de 18 000 mètres à sa portée maximum. Dans le même ordre d’idée, on peut citer le nouveau LRM appelé LRU [6] qui aura une flèche dépassant les vingt kilomètres. On peut également ajouter les missiles de croisière, les drones ou les missions Evasan héliportées.
Le nombre toujours plus important d’I3D encombre aujourd’hui un espace limité. Le manque de communication entre les différentes armes génère lui aussi un risque non négligeable de destruction fratricide.
L’objectif de Martha est donc d’assurer la régulation de cet ensemble.


En donnant une vision de ce qui se passe à l’instant « t » dans la troisième dimension, Martha garantit au chef interarmes se capacité de manœuvre et sa liberté d’action.

Le système Martha est donc appelé à devenir pour le chef interarmes, voire interarmées, une aide précieuse à la décision, en présentant en temps réel la situation dans les airs. Ce système contribuera ainsi à sa liberté d’action, en lui fournissant les renseignements indispensables de coordination des moyens de combat mis à sa disposition et donc d’en rentabiliser et rationaliser les effets. Il contribuera également à sécuriser l’emploi des divers vecteurs de combat, en interdisant les tirs fratricides accidentels liés à la méconnaissance des missions des unités voisines.

Cette capacité que nous conférera à terme le système Martha , avec des moyens dédiés, rationalisés en termes d’effectifs et de matériels, existe déjà au sein de l’Armée de terre en mode dégradé. Elle est offerte par le 402e RA qui, avec ses radars, ses centres de coordination et ses moyens de transmission renforcés, est prêt à mettre sa longue expérience au profit des engagements de nos forces armées, tout en poursuivant l’expérimentation et la finalisation de ce programme aux côtés de l’industriel.

C’est d’ailleurs le message que le régiment a délivré au Cemat lors de sa dernière visite le 29 septembre dernier.

4/ Répondre jusqu’au dernier moment aux nécessités opérationnelles,

  • en contribuant au maximum aux projections de modules (métier en priorité...),
  • en contribuant au maximum aux besoins du Commandement des Forces Terrestres en projections individuelles.

EN CONCLUSION

A l’issue de cette journée passionnante et enrichissante, aux activités particulièrement bien organisées et parfaitement rythmées, les participants étaient une dernière fois réunis avant leur départ autour d’un pot avec de nombreux représentants des personnels de toutes les catégories du Régiment. Ultime occasion pour nous tous d’honorer cette brillante unité qui, malheureusement, est appelée à quitter bientôt l’Ordre de bataille de l’artillerie. Ce fut également l’ultime occasion pour le Colonel Blondeau de rappeler les priorités auxquelles il est profondément attaché et qui, nous l’espérons, n’ont pas été trahies dans le présent compte rendu de cette visite. Ces priorités, a-t-il encore insisté, supposent que le 402e Régiment d’artillerie conserve son articulation actuelle le plus longtemps possible.

Le Général de Division (2s) Pédron, président de la Fédération nationale de l’artillerie, devait clore cette visite, en félicitant et en remerciant chaleureusement le Chef de Corps, ses cadres officiers et sous-officiers et ses militaires du rang pour l’extrême qualité de leur accueil et de leur prestation, avant de remettre au Colonel Blondeau, avec beaucoup de solennité et d’émotion, la médaille commémorative de la FNA.



Apporter une conclusion originale à cet article semble relever d’une gageure.
Au-delà des décisions drastiques concernant le sort de cette unité, définitivement et irrémédiablement scellé, et dont nous ne pouvons que prendre acte ; au-delà des investissements consentis depuis tant d’années, par l’ensemble du personnel, à tous les niveaux et dans tous les domaines, pour faire et continuer à faire de cette unité un aussi bel ensemble, opérationnel, fiable, unique dans ses missions, dans son organisation et dans ses matériels au sein de nos armées, oui, au-delà de tout cela, que peut-on retenir ?

Au retour de notre visite, demeure en nous une image forte : celle d’un bel optimisme, d’une grande confiance en soi, d’un souci particulièrement marqué de faire de son mieux comme on dit, voire plus, image forte diffusée à tous les niveaux de la hiérarchie de cette unité, par un chef de Corps qui a, sans conteste, forcé l’admiration de tous les participants.
Aucune morosité. De l’allant, toujours de l’allant.

Nec pluribus impar
Telle fut la devise choisie en 2004 par le Colonel Brejot qui commandait le régiment de 2004 à 2006, lors du premier « séminaire de tradition ».
A nul autre pareil.
Nous la reprendrons à notre compte.

Général (2s) Carmona
(Ancien Chef de corps du 402e RA)

[1] Proterre : projection pour accomplir des missions de protection de l’Armée de terre.

[2] Cette dernière va se révéler en outre fort difficile à soutenir du fait de la disparition des canons dans les unités de métropole.

[3] MIDS : Multifonction Information Distribution System conforme à la Liaison 16. réalisé par un consortium Américano-Européen (intégrant : THALES Communication, INDRA, DASA, Marconi Italtel Defesa & DLS) : système interallié et interarmées de transmission de données tactiques à haut débit, très protégé contre les actions de guerre électronique. Ce système est appelé à équiper de nombreuses plates-formes françaises (Rafale SCCOA, le Martha, les hélicoptères de l’Alat, le SAMP/T, le porte-avions Charles de Gaulle, les frégates anti-aériennes. Etc.)

[4] Voir Parties Contrat Hawk et Contrat Mistral.

[5] Voir aussi pour de plus amples détails et illustrations le site de la FNA, portail http://artillerie.asso.fr/basart/

[6] Lire dans Objectif 128 La roquette LRU (lance-roquette unitaire).






____________

Fédération Nationale de l'Artillerie