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CH1 : Différentes sources de renseignements (3ème partie)
 

D) - OBSERVATOIRES DES GROUPES ET BATTERIES

Seuls, ils ne peuvent pas permettre, en général, de déterminer l’emplacement d’un objectif, mais ils peuvent confirmer des résultats obtenus ou orienter de nouvelles recherches.

Toutefois, en pays de montagne, ou quand ils sont établis en un point dominant, ils peuvent donner non seulement la direction, mais encore le site d’un objectif et par suite permettre une détermination approchée de l’emplacement de ce dernier.

2ème bureau - Prisonniers.

Un interrogatoire ne sera complet et fructueux que s’il a été préparé, avec soin, sur les photos du secteur connu du prisonnier et en tenant compte des renseignements déjà parvenus par d’autres sources. On peut utilement suivre, avec le prisonnier, sur un plan en relief, son itinéraire depuis l’arrière jusqu’à la tranchée. En prenant sur des itinéraires, quelques points de repère visibles sur photos (maisons, arbres, etc.) ayant frappé les yeux du prisonnier, on aura une façon de contrôler l’exactitude de ses réponses et on pourra se faire une idée du degré de créance à lui accorder.

Rapatriés.

Cet interrogatoire ne donne en général que des renseignements sur l’arrière front et ne peut être d’aucune utilité pour la recherche des emplacements de batterie, sauf pour ceux d’A.L.V.F.

Renseignements de contact.

Ne donnant généralement que des renseignements sur les premières lignes et permettant quelquefois de situer la position des pièces ayant une mission spéciale (canon anti-tank).

E) - COMPARAISON DES RÉSULTATS OBTENUS PAR LES DIFFÉRENTS ORGANES DE REPÉRAGE

Il est difficile de se faire une idée de la valeur comparée des procédés de repérage décrits plus haut. Leur rendement est essentiellement fonction des conditions météorologiques, de la forme du terrain et de la valeur du personnel chargé de les mettre en pratique. Toutefois, l’extrait suivant, du compte rendu adressé par le Général commandant l’artillerie de la 4ème Armée, en date du 10 Mars 1918, est à reproduire :

"Dans le secteur Ouest de l’Armée, le plus favorable à l’observation terrestre, les nombres des repérages des batteries, effectués en Janvier et Février 1918, sont les suivants :

  • 895 par les S.R.S ;
  • 497 par les S.R.O.T. et les ballons.

Dans le secteur de la Butte du MESNIL, où notre attaque du 15 Février a déterminé une certaine agitation, une seule S.R.S. a repéré :

  • du 1er au 12 Février, période calme : 13 batteries par jour en moyenne, 58 batteries différentes au total ;
  • du 13 au 22 février, période active : 24 batteries par jour en moyenne, 100 batteries différentes au total."

On peut encore citer, à titre d’exemple, l’extrait suivant du rapport adressé par le Général commandant l’artillerie de la 4ème Armée, au sujet des renseignements sur les batteries ennemies, donnés par les différentes sources lors de l’attaque allemande du 15 Juillet 1918, sur le front de cette Armée :

Nombre de repérages signalés à chaque C.A.

Sources4° C.A.21° C.A.8° C.A.Total.
Par les S.R.O.T.35877100535
Par les S.R.S.120227140487
Par les ballons2261947
Par les avions453422101
Par les autres sources11902121

F) - AUTRES SOURCES DE RENSEIGNEMENTS

En dehors de ces sources de renseignements d’Artillerie, pour ainsi dire réglementaires, il en existe beaucoup d’autres qui ne sauraient être négligées. Chaque combattant en particulier, quel que soit son grade et à quelque Arme qu’il appartienne, a le devoir de signaler tout ce qu’il a pu remarquer sur le tir de l’artillerie ennemie, d’importance si minime que puisse lui paraître le renseignement. Mais il ne faut pas oublier que, pour être exploitable, le renseignement doit être précis. Le point où l’observation a été faite doit être indiqué nettement ou tout au moins doit pouvoir être retrouvé à coup sûr. Le phénomène doit être nettement spécifié (fumées, lueurs) ; une mesure grossière de direction doit être faite aussitôt par alignement, par écart angulaire. Enfin, il faut se méfier de l’oreille qui, ne percevant quelquefois que l’onde de détonation, fait situer, comme cela s’est souvent produit au commencement de la guerre, la pièce qui tire "en face dans les tranchées de première ligne". Ne se fier donc qu’à l’œil. Sans doute le renseignement donné ne permettra pas le plus souvent la détermination de l’emplacement, mais il pourra orienter les recherches et être de ce fait de grande utilité.

Au mois d’août 1915, à la fin ds attaques du LINGE, une pièce allemande établie dans les bois de BREITENBERG avait tiré quelques coups de canon sur le Col de la SCHLUCHT ; elle avait été repérée par ses fumées et recoupée par 3 observatoires de façon très satisfaisante. Une des premières S.R.S., qui ait paru sur le front, avait établi à cette époque ses postes sur la crête des HAUTES-CHAUMES et essaya de repérer cette pièce de 150. Mais c’était à l’époque où l’onde de choc, imparfaitement analysée, rendait le repérage très délicat ; il y eut entre le renseignement donné par la S.R.S. et celui donné par l’observation, 1800 mètres d’écart. La pénurie de munitions interdisait, à notre Artillerie, tout dire de démolition, eu égard surtout au peu d’efficacité du tir ennemi.

Mais, le surlendemain, au moment où la 129éme Division quittait le secteur, le village de PLAINFAING, rempli de civils et de militaires, fut pris à partie par l’artillerie ennemie. Le temps un peu brumeux rendait l’observation terrestre difficile. Les observateurs interrogés sur un front de 10 km, répondirent qu’ils ne voyaient rien, mais que la pièce était vraisemblablement trop près des premières lignes et "en face" ; il était difficile dans ces conditions de faire de la contrebatterie. Mais bientôt il arriva, de PLAINFAING, le renseignement que la pièce ennemie était du calibre de 130. Il fut téléphoné aussitôt à la S.R.S. et quelques instants plus tard le chef de section faisait connaître que la pièce, qui tirait sur PLAINFAING, était celle qui tirait, deux jours avant, sur le Col de la SCHLUCHT ; il ne pouvait toutefois en donner une position plus approchée que celle des jours précédents ; un tir de neutralisation d’abord, de démolition ensuite, fut entrepris. Le renseignement sur le calibre, insignifiant en apparence, avait permis l’identification de l’objectif.

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