B) - PHOTOGRAPHIES AÉRIENNES
Différents genres de photos aériennes.
Il existe trois types de photos aériennes :
- 1 panoramique, donnant l’ensemble d’un secteur jusqu’à l’horizon (forme générale du terrain, lignes de tranchées, courants de circulation) ;
- 2 obliques, prises à faible altitude, avec un appareil à grand foyer, et couvrant peu de terrain. Elles aident à comprendre les détails de nivellement, font ressortir les talus, les chemins creux, révèlent les embrasures, les créneaux et autres travaux qui échappent aux vues verticales ; elles sont précieuses pour l’Infanterie chargée d’une attaque. Dans certains cas, des photos obliques devront être prises à revers pour voir les détails d’un parapet (entrée d’abri, installation à gaz éventuelle), l’organisation d’un abrupt défilé aux vues terrestres ;
- 3 verticales donnant, suivant l’altitude et le foyer de l’objectif, c’est-à-dire suivant l’échelle, plus ou moins de détails.
Étude de photos aériennes.
L’étude des photos aériennes rend, dans la recherche ennemie, les plus grands services. Cette étude comprend trois opérations distinctes : la lecture, l’interprétation, la restitution.
- a) La lecture des photographies aériennes consiste à identifier en gros sur le plan directeur les détails de la planimétrie reproduits sur la photographie. Cette opération est facile et à la portée de tous les officiers entre les mains desquels tombe une photographie.
- b) L’interprétation a pour but de déterminer la nature, la valeur et l’importance militaire des travaux et éléments divers de l’organisation ennemie ; il faut se garder dans cette partie de l’étude, de la photo aérienne, de vouloir faire rendre à la photographie plus qu’elle ne peut donner. On serait conduit souvent à interpréter, comme des travaux de l’ennemi, des taches dans la plaque ou dans le papier. La photographie n’est qu’un renseignement et comme tout renseignement il doit être contrôlé par des renseignements provenant d’autres sources. Seuls donc les officiers, ayant en mains les moyens de contrôler leurs résultats, peuvent se livrer à l’interprétation.
Un certain nombre de considérations doivent guider les recherches.- 1° Il ne faut rechercher les batteries que dans la zone de terrain où on a coutume de les placer, soit dans une zone de terrain comprise entre 2 et 5 kilomètres du front, pour les batteries de campagne, à proximité des voies ferrées pour les batteries d’A.L.V.F. Toutefois, certaines batteries chargées de missions spéciales peuvent occuper des positions plus rapprochées du front ; ne devant se révéler que dans les occasions bien déterminées [1], elles sont en général muettes. Les S.R.S. et les S.R.O.T. ne peuvent fournir sur elles aucun renseignement. Seule la photographie aidée des renseignements des prisonniers et de ceux obtenus par les incursions dans les lignes ennemies peuvent déceler leur présence. Cette étude est par suite fort délicate.
- 2° L’étude de la forme du terrain, dans le voisinage de l’emplacement supposé, permet quelquefois d’affirmer qu’aucun emplacement n’est occupable dans la région.
- 3° Les batteries se présentent sur les photos d’une façon très différente suivant les conditions dans lesquelles elles ont été construites.
Batteries découvertes.
On peut être amené , quand les circonstances tactiques l’exigent, à prendre un emplacement de batterie à découvert. Si on en a le temps, de solides abris sont creusés par le personnel. La batterie apparaît alors nettement sur la photographie verticale, le nombre des pièces est connu ainsi que la direction moyenne des tirs.
De plus, par les temps de neige, les souffles des pièces sont très apparents et permettent la plupart du temps de distinguer à quel genre de pièce (courte ou longue) l’on a à faire.
Batteries dissimulées.
Certaines batteries dissimulées apparaissent sur la photographie par les traces de circulation, le souffle des pièces, les déblais. Mais, pour la recherche de la plupart d’entre elles, la photographie seule est impuissante ; une collaboration de tous les organes de repérage est seule féconde en résultats. Quand, par une autre source de renseignements, on est certain de la présence d’une batterie ennemie dans une certaine région, il y a lieu d’étudier non seulement les photographies récentes, mais encore les photos anciennes. On peut ainsi retrouver sur une photo ancienne les terrassements d’une batterie qui n’apparaît pas sur une photo récente à cause du camouflage.
On peut dissimuler une batterie, en la camouflant, en la défigurant, en utilisant les accidents de terrain (talus, carrières et surtout chemin creux), en utilisant les couverts (haies, vergers, carrières, démolis, bois).
Batteries camouflées.
En terrain découvert, les batteries casematées ou enterrées donnent des ombres portées qui sont faciles à distinguer, si bien camouflées soient-elles.
Batteries défigurées.
Il est plus facile, en terrain découvert, de défigurer un travail que de le dissimuler. Les Allemands ont fréquemment donné à leurs batteries, l’apparence d’un ouvrage d’Infanterie de 2ème ligne. La circulation se fait par les boyaux et ne laisse aucune trace. Seule, une variation d’allure, dans le tracé des tranchées, ou une exagération de saillie des déblais, trahira l’emplacement d’une batterie logée dans l’ouvrage.
Batteries dans les chemins creux.
Les chemins creux se prêtent merveilleusement à l’installation et à la dissimulation des batteries, le chemin est entaillé dans le talus du côté de l’ennemi, les pièces sont introduites dans les alvéoles ainsi creusées et le talus du chemin est recouvert. La circulation se fait par le chemin creux, aucune piste n’est visible dans les environs, la batterie est parfaitement dissimulée. Seuls les souffles de pièces sont quelquefois apparents parce que la bouche est très près du sol extérieur.
Batteries dans les couverts.
Les caves de village, les haies, les vergers et les bois confèrent aux batteries une invisibilité à peu près complète. Les pistes peuvent en déceler la présence. Les pistes s’arrêtent-elles brusquement, de très larges deviennent-elles très étroites, on est en droit de conclure à la présence à proximité immédiate d’un organe entraînant une circulation importante.
Pour découvrir la position exacte, il est quelquefois indispensable de faite exécuter un tir crevant le camouflage, coupant les arbres permettant de discerner plus facilement les détails de la construction.
- c) La restitution consiste à situer avec exactitude sur le plan les figures plus ou moins déformées données par la photographie. La restitution s’opère facilement à la chambre claire en mettant les détails de la planimétrie voisins du point à restituer en coïncidence sur la photo et sur le plan directeur. La précision est fonction de l’exactitude de la planimétrie du plan directeur. La restitution exacte rentre dans les attributions du groupe de Canevas du tir.
C) - RENSEIGNEMENTS DE L’AVION ET DU BALLON
D’une manière générale, l’œil est moins parfait que l’objectif. L’observateur en avion ou en ballon voit une batterie en action, il en rapporte l’emplacement présumé sur une photographie ou une carte. Le renseignement peut ultérieurement guider les recherches. La précision est essentiellement facteur de la valeur de l’observateur.
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