Article rédigé à partir de "Histoire de l’Artillerie française" (sous la direction de Michel de Lombarès) - Édition Lavauzelle.
S’étant fait remarquer dès Brienne par son aptitude aux mathématiques, le jeune Napolione di Buonaparte est envoyé à l’Ecole militaire de Paris et au bout d’un an il opte pour l’artillerie et les écoles régimentaires d’artillerie.. Son rang de classement lui permet d’être nommé directement lieutenant en second. Il rejoint le régiment de La Fère en garnison en Valence (avec deux compagnies en Corse). Il y fait un apprentissage complet dans les fonctions de canonnier, de caporal et de sergent. Il est reçu "officier" le 10 janvier 1786 au bout de trois mois seulement.
Il fait un séjour en Corse d’un an, rentre en France en 1788 et trouve son régiment à Auxonne. Il y est remarqué par le chevalier Du Teil qui commande l’artillerie locale et qui a autorité sur le régiment. Ce dernier le désigne comme rapporteur d’une commission d’études sur "le tir des bouches à feu sur affûts de fortune avec des bombes de calibre inférieur à celui du tube". C’est l’occasion de perfectionner ses connaissances techniques et de multiplier ses lectures dans tous les domaines. Il découvre les écrits de de Guibert , de Bourcet et du chevalier Du Teil, dont il tirera les leçons au cours de ses campagnes.
De l’automne 1789 au printemps 1793, il est fréquemment en Corse au point d’être rayé des cadres pour absence abusive.
Puis réintégré dans le grade de capitaine, il commande l’artillerie d’une force de la garde nationale corse agissant en couverture d’une expédition en Sardaigne. Mais suite à une mutinerie des marins et soldats, la force se retire en abandonnant les canons, à la fureur de Bonaparte.
Il rentre définitivement en France en juin 1793 et rejoint son régiment dans le sud-est, et se fait aspirer par le général Duteil (ci-devant chevalier du Teil), commandant l’artillerie de l’armée du sud-est, qui lui demande de rechercher ce qui manque à l’artillerie de cette armée. C’est à l’occasion de cette quête qu’il rencontre à Avignon le général Carteaux . Il l’aide , avec deux canons, à reprendre la ville tombée aux mains des contre-révolutionnaires.
Puis il suit cet officier au siège de Toulon. Il s’y fait remarquer par la critique qu’il apporte sur le déploiement de l’artillerie. Dès lors, on s’en rapporte désormais à lui. Le "capitaine canon" se fait nommer chef de bataillon et il devient adjoint de Duteil, lui-même désigné par Dugommier (successeur de Doppet qui succède lui-même à Carteaud) comme commandant de l’artillerie. Bonaparte arrive à convaincre les représentants de l’Assemblée de la tactique par interdire aux anglais la ville de Toulon, en plaçant ses canons à la pointe de l’Eguillette, devant la redoute anglaise du Caire. Le conseil de guerre retient ses propositions et, après quelques tentatives infructueuses, l’attaque est déclenchée le 16 décembre avec une artillerie renforcée regroupée par Bonaparte. Le 17 le fort de l’Eguillette est occupé, vide de ses défenseurs. L’escadre anglaise lève alors l’ancre et les forces républicaines occupent Toulon.
A la suite de ce succès dont l’intérêt politique est considérable, Bonaparte est promu général de brigade.
Il est nommé commandant en second de l’artillerie de l’armée d’Italie. Il réorganise la défense des côtes de Provence et met en pratique les exposés de Duteil en 1778 : fortifier les points essentiels et non vouloir défendre toute la côte. Conseiller de Dumerbion, commandant de l’armée, il préconise une action sur Oneglia et le col de Tende, en assure le commandement sans en être réellement chargé... Puis il suggère une expédition en Corse et en commande l’artillerie (mars 1795). Mais la flotte anglaise barre le passage, c’est un échec. Bonaparte perd sa place à l’armée d’Italie, il est rayé des cadres pour avoir refusé le commandement d’une brigade à l’armée de l’ouest. Puis il est réintégré par Barrat pour mater une insurrection royaliste. Il le fait à coups de canon. A partir de ce moment s’achève la carrière de l’artilleur car il dirige lui-même l’opération.
Pour autant il n’oublie pas son arme d’origine et se plaît à en glorifier les succès. Ce fut le cas après la bataille d’Austerlitz dont le Mémorial relate que l’artillerie" fit un mal épouvantable" où Napoléon a déclaré : "Ces succès me font plaisir, car je n’oublie pas que c’est dans ce corps que j’ai commencé ma carrière militaire".
Il lui arrive aussi d’écrire dans le moindre détails des instructions sur le service de l’artillerie. A Sainte-Hélène il mettait au point ses notes sur la composition des équipages de l’artillerie.
Enfin en réponse à l’étonnement de son auditoire, lors d’un repas donné en l’honneur du tsar Alexandre à Erfurt le 7 octobre 1808, sur ses connaissances historiques, il expliqua que c’était grâce à ses lectures faites chez le libraire de Valence : "quand j’avais l’honneur d’être lieutenant en second d’artillerie...".
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