Article de l’Adjudant-chef Richard Maisonnave, pour la revue ARTI n°11 (juillet 2008)
Les obus traceurs ont été construits pour l’attaque des ballons et dirigeables ; c’est toujours cette vieille course technologique entre le boulet et la cuirasse. Lançant de longues flammes accompagnées de fumée par des évents percés dans l’ogive, ils matérialisaient leur trajectoire, ce qui facilitait le réglage du tir. Ils n’agissaient que par leurs effets incendiaires et n’étaient efficaces que sur leur trajectoire.
Le corps de l’obus est celui, en acier, de l’obus à balles à charge mélangée modèle 1897/1911, à ogive vissée et goupillée.
L’intérieur du corps cylindrique permet la compression du chargement à la presse hydraulique. Il est verni à la gomme-laque.
L’ogive est percée de six évents obturés par une bague d’étain collée à l’intérieur de l’ogive. La composition traceuse est constituée d’un mélange de minium de plomb et de magnésium (ou d’aluminium pour les obus d’ancienne fabrication). Elle est surmontée d’une couche de composition d’amorçage dans laquelle est encastrée une pastille d’allumage en poudre superfine comprimée, munie de trois brins de mèche à étoupille.
Le chargement est protégé de l’humidité par une rondelle et un chapeau d’étain maintenus au joint entre ogive et corps d’obus par une rondelle de plomb et une autre en laiton.
Les obus chargés sont lotis par poids comme les obus explosifs, et portent les mêmes marques de poids. Les obus traceurs sont peints en blanc entre la ceinture et le renflement et en gris bleuté sur le renflement et l’ogive. Les obus d’ancienne fabrication, à composition de minium de plomb et d’aluminium, portent une bande annulaire rouge sur la partie cylindrique du corps.
Les obus traceurs de 75 mm et de 105 mm sont amorcés lors du chargement à l’aide d’une fusée fusante de 30/55 mm modèle 1913. Au tir, cette fusée est décoiffée, puis débouchée pour la distance à partir de laquelle la trajectoire doit être matérialisée.
Ces projectiles sont rares. Les zeppelins affectés au début de la Première Guerre mondiale à l’armée de terre étaient vulnérables à cause de l’hydrogène qui les rendait « plus légers que l’air ».
Affectés par la suite à la marine de guerre, ils servirent au bombardement de nuit, à très haute altitude ; les tirs d’artillerie devenaient alors inefficaces.
Ce projectile rarissime a été acheté pour le musée par l’association des amis du musée de l’artillerie (AMAD).