Extrait d’un dépliant réalisé par le Musée de l’Artillerie
La poudre, mélange de salpêtre, de soufre, et de charbon de bois, fut, dit-on, inventée par les Chinois, qui l’utilisèrent à l’origine pour en faire des feux d’artifices. Les européens, eux en firent de la poudre à canon. Les premiers « canons » apparaissent ainsi sous forme de vases ou de bouteilles de métal qui servaient à lancer des flèches incendiaires par-dessus les murs d’enceinte des villes ou des châteaux assiégés. Les premiers tubes datent du début du 14ème siècle, et sont souvent portatifs.
De 1350 à 1450, les canons sont en fer forgé, ils tirent des boulets de pierre et leur portée est de quelques centaines de mètres. Ils éclatent souvent après 10 à 12 coups.
A partir de 1450, les canons sont en bronze. Deux innovations vont améliorer l’utilisation de ces canons : l’affût avec roues et les tourillons, La pièce ressemble à ce qui sera pendant plusieurs siècles la silhouette habituelle du canon. En 1453, la bataille de Castillon met un terme à la guerre de Cent Ans grâce à l’utilisation, pour la première fois dans l’histoire militaire, de bombardes et couleuvrines.
Au XVIème siècle l’Artillerie progresse : classification des divers types de canons d’après leur calibre, généralisation de l’usage des boulets de fer, mise de tous les canons sur affûts à roues et organisation de l’artillerie en corps de troupes. Cette artillerie souffre toujours de défauts importants : manque de précision, dangers réels de manipulation, lenteur de mise en position, difficultés de transports, mais elle a sur l’assaillant un effet stimulant et sur le défenseur un effet paralysant.
En 1540, on invente « l’échelle des calibres », règle de métal où sont portés les diamètres intérieurs des canons (calibres) et le poids correspondant des boulets de fer, de plomb et de pierre. A chaque poids de boulet correspond un calibre et une quantité déterminée de poudre. La vitesse des projectiles triple et les portées atteignent parfois le millier de mètres. La longévité d’un tube est multiplié par dix, il tire une centaine de coups avant d’éclater mais les munitions ne sont toujours pas interchangeables.
A la fin du 17ème siècle, Sébastien le Preste de Vauban réalise un système cohérent et logique de places fortes et d’ouvrages fortifiés. Un pas considérable est fait en France, vers l’uniformisation des matériels par le lieutenant-général de Vallière gui ramène les canons à cinq calibres et établit un rapport fixe entre l’épaisseur et la poids des pièces d’une part, les charges et les boulets d’autre part.
En 1747, l’artillerie à cheval, capable de suivre et de soutenir la cavalerie apparaît ; elle ouvre la voie à la création de matériels en fonction des différents services demandés.
En 1762, Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval, divise l’artillerie royale en quatre catégories : artillerie de campagne, de siège, de place, de côte. Il réduit la longueur et le poids des pièces, il améliore la précision du tir par l’adoption d’une ligne de mire et d’une vis de pointage ; la cadence de tir est triplée ; les affûts et les caissons sont construits selon des modèles types.
Le canon « Gribeauval » constitue un saut technologique majeur dans l’histoire de l’Artillerie.
En 1794, l’artillerie à cheval, ou « artillerie légère » acquiert son indépendance ; elle est très appréciée des généraux pour sa mobilité, sa rapidité à ouvrir le feu. L’importance de l’artillerie augmente sans cesse, la solidité et la fougue des artilleurs sont un des atouts de Napoléon. La supériorité de l’artillerie de l’Empereur n’est pas dans la qualité particulière de ses tubes, mais dans l’emploi qu’il en fait ; il a su constituer aux endroits décisifs ses fameuses « grandes batteries » qui ont créé la brèche à Friedland, à Wagram, à Borodino.
La révolution industrielle permet en 1878, la mise au point de la poudre lente, l’invention d’un mécanisme pour freiner le recul et l’apparition de la douille en laiton, ouvrent la voie aux canons à tir rapide, tel le 75 mm modèle 1897. Les canons à âme lisse ou rayée, qui se chargent par la bouche, disparaissent définitivement des matériels d’artillerie.
A la fin de la Première Guerre mondiale l’emploi du canon s’est répandu partout ; le legs le plus important de la guerre est celui du char d’assaut : avec cet engin, l’arme blindée éclipse définitivement la cavalerie sur le champ de bataille.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, on préfère le bombardier et le char dont les liaisons radio sont plus sûres que celles de l’artillerie. A la fin de la guerre, les améliorations apportées par les Américains aux appareils radio, permettent à une unité d’actionner l’ensemble de ses tubes presque aussi rapidement que les tourelles d’un cuirassé.
Jusqu’en 1945, le canon a effectivement rempli, sur le plan politique et militaire, le rôle d’« ultima ratio regum » (dernier argument des rois : devise que Louis XIV fit graver sur ses canons).
En ce début du XXIème l’Artillerie est une arme qui permet de conquérir la paix ou d’imposer les principes universels des Droits de l’Homme.