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12- Evolution en organisation et doctrine de l’artillerie : début XXIè siècle
 

L’artillerie a connu des évolutions marquantes après les années 2000, même si ses missions opérationnelles générales restent aujourd’hui les mêmes, l’appui-feu au contact et dans la profondeur, et pour la défense sol-air, la surveillance de l’espace aérien et la défense des unités face à la menace aérienne. Parmi ces évolutions, il faut notamment mentionner :

Dans le domaine organique :

  • la réorganisation profonde des régiments d’artillerie sol-sol de brigades interarmes, réalignés à quatre batteries opérationnelles - deux batteries canon, une batterie sol-air et une batterie de renseignement ;
  • le maintien de trois régiments spécifiques : un régiment de lance-roquettes unitaires (LRU) et radars de contre-batterie, un régiment canon blindé à quatre batteries, un régiment de défense sol-air.

Dans le domaine technique et opérationnel :

  • la mise en place de nouveaux équipements, dont le canon Caesar de 52 calibres (portée 40 km), le radar de contre-batterie COBRA, la roquette unitaire et son lanceur, le centre de coordination de l’espace aérien MARTHA, le système SIRASA de commandement numérisé de la défense sol-air, ainsi que de nouvelles munitions (obus anti-chars BONUS, obus éclairants dans l’infra-rouge, obus explosifs et charges [1] améliorés...) ;
  • la réorganisation de la partie « avant » de l’artillerie, en détachements DLOC (détachements de liaison, d’observation et de coordination) aux capacités et qualifications accrues (expertise au profit des chefs interarmes, capacités de guidage et de coordination des feux interarmées). Chaque régiment d’artillerie comprend désormais de 3 à 5 DLOC, soit au total un DLOC par régiment de mêlée (infanterie et cavalerie).

LES PRINCIPAUX DOMAINES D’ÉVOLUTION A VENIR :
Ces domaines ou axes d’évolution sont pour la plupart déjà engagés, et concernent pour leur quasi-totalité les années courant jusqu’à l’horizon 2020. Ils sont liés à l’accroissement des capacités de l’artillerie, en termes d’allonge et de précision, ainsi qu’à l’évolution des conditions et des règles d’engagement :

  • Le premier domaine d’évolution nécessaire doit répondre au besoin de précision accru dans la localisation des objectifs, en particulier dans la profondeur, pour répondre aux capacités de précision métrique de certaines munitions (roquette unitaire) ou à la nécessité absolue d’éviter les dommages collatéraux sur les théâtres actuels ; en effet, les moyens actuels d’acquisition de l’artillerie ont été conçus pour un emploi des feux centré sur la neutralisation des unités ou objectifs ennemis, où le degré de précision se mesurait en dizaines de mètres, le rayon létal des munitions garantissant l’effet recherché.
  • Le deuxième domaine concerne le besoin de munitions « évoluées » en termes d’effets et de capacités  : obus à guidage laser ou GPS, obus éclairants infra-rouge en 155 mm, munitions planantes, à létalité réduite, etc... ; l’arme de l’artilleur n’est en effet pas le canon, mais la munition, qui doit apporter à l’unité appuyée un effet de plus en plus ciblé et varié, sur des théâtres aujourd’hui plus complexes, où la maîtrise de la force délivrée est souvent le maître-mot.
  • Les évolutions organiques et opérationnelles de l’artillerie, l’élargissement de ses capacités, entraînent un accroissement de la polyvalence des artilleurs, qui seront amenés, en particulier les officiers, à servir dans les différentes composantes et systèmes de l’artillerie.
  • En complément de ses moyens propres d’acquisition des objectifs, l’artillerie s’oriente également vers un accroissement des liaisons et synergies avec les moyens de la chaîne renseignement, en particulier les moyens drones et renseignement d’origine électro magnétique de la brigade de renseignement.
  • Enfin, la défense sol-air sera le premier acteur de l’accroissement de la capacité de l’armée de terre à coordonner l’espace aérien de ses unités engagées, à travers sa chaîne Martha.

Pour compléter votre réflexion en matière de doctrine, vers ces pages du Blog "L’ Echo du champ de bataille, de Frédéric Jordan, en date de 2012 :

  • Voir aussi sur le même Blog, les capacités offertes par le système Martha dans un combat interarmées : la déconfliction.

Voir l’article suivant sur les systèmes et matériels en dotation.

[1] Ingénieur en chef PERRIN : Concernant les améliorations techniques sur les charges, il faut citer les charges modulaires, une révolution dans l’emploi de l’artillerie (il n’est plus nécessaire de jeter les sachets de poudre propulsive non utilisés).


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