La Bosnie-Herzégovine : une stabilité ... instable
La Bosnie-Herzégovine est un pays de 51129km2 et de 4200000
habitants (les Bosniens) qui, indépendamment de sa beauté, se caractérise par la richesse de son histoire. Mais cette histoire est également celle de l’instabilité de cette région d’Europe.
De tous temps, la Bosnie a été une frontière, plus ou moins
naturelle, entre empires (romain, byzantin puis ottoman), religions (catholique, orthodoxe, bogomile, juive, islamique), ethnies et langues.
La guerre qui a meurtri le pays de 1992 à 1995 en est le dernier épisode, et non des moindres : 200000 morts, 2 millions de déplacés et le siège Sarajevo, le plus long de l’histoire de l’Europe (1300 jours).
Aujourd’hui trois communautés cohabitent et président, selon un schéma compliqué (présidence tripartite), aux destinées du pays :
- les Bosno-Musulmans (Bosniaques) 48,3%
- les Bosno-Serbes 34 %
- les Bosno-Croates 15,4 %
Les 2,3 % restants se composent de Juifs, de Turcs et de
Tziganes.
Pas facile donc d’initier et de mener à terme des réformes indispensables à une « européanisation » du pays, souhaitable par tous.
La guerre en Bosnie avait généré l’envoi d’une force d’interposition (IFOR) suite à la signature des accords de Dayton suivie d’une force de stabilisation (SFOR).
Parallèlement, l’Union européenne mettait en place des structures afin d’aider le pays à se reprendre en main et à se gérer de manière autonome.[ c’est le cas de la mission d’observation de la communauté européenne, ECMM (european community monitoring mission) transformé en EUMM (european union monitoring mission) à la transformation de la Communauté Européenne en l’Union Européenne.]
Cette implication de l’Union européenne a pris une dimension nouvelle, militaire cette fois-ci, avec le remplacement de la SFOR, sous commandement de l’OTAN, par l’EUFOR.
Elle comprend aujourd’hui 6000 hommes, dont 520 Français,
qui se répartissent en trois « task forces ». La TFSE, dont le QG est à Mostar, est commandée depuis le 1er septembre par le général Daniel DAEHN qui, en France, commande la brigade du Génie à Strasbourg.
La mission la plus noble et, en tout état de cause, la plus visible et la plus utile à la population, est celle des LOT (liaison and observation teams).
Les LOT françaises ont une particularité
intéressante : elles sont armées en très grande majorité par des artilleurs et le nom de leur task force est... Salamandre !
Mission
Le concept de LOT a été introduit par la SFOR en 2004 et a été repris par l’EUFOR. Il existe une cinquantaine de LOT en Bosnie-Herzégovine. Quatre sont françaises et armées
depuis septembre 2006 par le 8e RA.
Chaque LOT se compose de 8 militaires (1/3/4) qui vivent
immergés au sein de la population, dans des maisons
implantées au milieu des villes et villages. Résider au sein de la population est reconnu comme étant le meilleur
moyen de gagner la confiance des autochtones.
Leur vocation est d’être accessible et à l’écoute de tous et leur mission d’être un moyen d’échange d’information
entre la force et les citoyens ou les autorités civiles afin de prendre le pouls du pays.
Chaque maison possède donc un espace réservé à l’accueil
du public. Patrouilles et réunions quotidiennes avec les
autorités locales complètent à merveille ce dispositif de
recueil ouvert de l’information.
Cette présence constante et cette attention de tous les instants portée à la population, viennent en appui des efforts des autorités afin d’offrir à leurs concitoyens un environnement sécurisé, ainsi que de procurer à l’EUFOR une
connaissance en temps réelle de la situation sur le terrain et des besoins de chacun.
Si, dans un proche avenir, la situation permet d’envisager
une réduction de la force, les LOT seront probablement les
derniers « pions » à être retirés de l’échiquier, tant leur présence est bénéfique à la fois à la force dans l’accomplissement de sa mission et à la population qu’elle rassure par sa présence.