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2- Les ballons captifs de 1870 à 1940.
 

Pendant le siège de Paris en 1870, le ballon, devenu "libre" pour un temps, est le seul moyen de communication avec l’extérieur. Des ballons participent aux campagnes coloniales, en particulier en 1884 au Tonkin, à Madagascar en 1895, en Chine en 1900 et au Maroc en 1907. En dépit de cela, l’état du parc d’aérostation est catastrophique lors de l’entrée en guerre en 1914.

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Ballon sphérique type Fleurus

Le commandant Albert Caquot apporte alors de vrais changements. Le "captif" a changé de forme. De sphérique il est devenu cigare allongé, avec tantôt une forme d’éléphant de mer, tantôt celle d’une "saucisse" molle. Les ballons français équipés d’un empennage à l’arrière, résistent à des vents de 16 m/s et sont copiés par les Allemands. La marine française adopte aussi le ballon captif pour la lutte anti-sous-marine et le repérage des champs de mines.

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Saucisse Caquot

Dans cette guerre ou deux armées s’enterrent face à face, le besoin de renseignement devient vital. Les parcs de ballons captifs augmentent ; les compagnies d’aérostiers se multiplient, gagnent en mobilité grâce à un système de treuil permettant de monter ou de descendre rapidement le ballon.

La demande d’observateurs va croissant ; une école d’aérostiers est créée à Saint-Pol, près d’Arras. Des officiers, des sous-officiers, voire des soldats volontaires sont formés au renseignement, à l’observation et au réglage des tirs d’artillerie.
Des objectifs situés dans le profondeur du dispositif allemand peuvent ainsi être pris à partie par l’artillerie lourde à longue portée. Durant l’ascension l’immobilité du ballon le rend très vulnérable. Les 800 m3 d’hydrogène le transforment en bombe potentielle. De nombreuses vies d’observateurs sont sauvées par l’invention du lieutenant Juchmes : par le parachute de nacelle, fixé à l’extérieur de la nacelle d’osier et relié à l’observateur par un harnais.

L’observateur aux yeux rougis travaille sans relâche, ignorant la fatigue, le tangage de la nacelle, les balles ennemies, victime de la foudre ou des rafales de vent aussi violentes qu’imprévisibles. Ainsi le 5 mai 1916, vingt quatre ballons disparaissent dans une terrible tempête qui causent la mort de quatorze observateurs.

D’un point de vue technique, ces hommes se trouvaient à la "pointe du progrès" du moment, mais pour mettre en oeuvre cette technologie ils ont dû, avant tout, puiser leurs ressources dans leur résistance physique et dans leurs forces morales qui faisaient d’eux des soldats avant d’être des techniciens.

Après 1918, les ballons servent à repérer les mines marines dérivantes. Pour déminer les côtes dans l’entre-deux guerres les compagnies d’aérostiers sont peu développées et en 1940, la rapidité de la campagne de France sonne le glas des aérostiers.


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