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Le matériel d’artillerie en OPEX
 

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A la fin du XIXème siècle, l’expansion coloniale bat son plein. En Afrique, en Extrême- Orient et en Amérique du sud, des colonies sont créées. De nombreux soldats participent à ces actions, dont un bon nombre d’artilleurs chargé à la fois des tâches guerrières des conquêtes puis de l’encadrement des travaux d’aménagement des territoires. L’artillerie française, à travers sa composante de marine, a toujours été présente sur ces théâtres d’opérations extérieures avec des matériels très différents. Dans des pays où l’infrastructure routière a souvent fait défaut avant la conquête, les évolutions significatives de la technique ont eu des conséquences très importantes sur la tactique : outre-mer la recherche de pièces légères, souvent démontables, a été la clé du succès de l’artillerie.

(JPG) Le Système Valée (1827) est marqué par la simplicité dans la construction, l’uniformité des trains rouleurs avec caisson porté sur l’arrière-train, le coffre à boulets restant sur l’avant-train ce qui a accru la mobilité des pièces tractées par deux chevaux.








Le système Valée permet de gagner en mobilité et contribue aux succès de Sébastopol en Crimée (1855), puis de Solférino en Italie (1859) où il montre aussi ses limites.



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Canon de 4 La Hitte

Cette même année, le système « La Hitte » utilisant un obus oblong et inaugurant la rayure intérieure des tubes, permet la fabrication de pièces aux précision, portée et efficacité accrues tels les canons de 4, 12, 16, 24 et 30 adaptés par la suite.

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Canon de 80mm de Bange

Ces matériels, comme les canons de 80 mm de Bange, démontables en trois fardeaux, avec tube en acier trempé, culasse à vis, sont utilisés lors des campagnes du Mexique (1862-1866), au Tonkin (1860-1888), au Soudan (1890) ou à Madagascar (1894).

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Canon de 75mm modèle 1897
Prototype n°6 de 1896

Mais, c’est surtout le canon de 75 mm français modèle 1897 qui va changer les performances et caractéristiques de l’artillerie française outre-mer. Expérimenté lors de la campagne de Chine consécutive à la révolte des Boxers (1900-1901), il donne toute satisfaction grâce à sa rapidité de mise en œuvre, sa précision et son adaptation en régions difficiles. Ce même canon s’illustre encore au Maroc de 1907 à 1934, au Levant (1925), lors des campagnes de Libye tant à Koufra en 1941 qu’à Bir Hakeim en 1942. Il sera aussi l’arme de la Libération des territoires extérieurs, de la Tunisie en 1942-1943 à la campagne d’Italie en 1943-1944. Il reprendra du service en Indochine (1947-1954) ou encore en Algérie (1954-62) sur les barrages réalisés face aux frontières avec le Maroc et la Tunisie.

Au cours de ces dernières campagnes, les artilleurs utilisent aussi des matériels les plus divers : 105 HM2, 155 version HM1 ou L (Indochine, Algérie), 105 Bourges et L36 (Indochine), sans compter divers canons russes, chinois ou britanniques selon les engagements.

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105 HM2 en Indochine

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Les conflits plus récents sont de toute autre sorte et les moyens employés dans le cadre de missions d’intervention ou « projections » sont alors strictement adaptés à la conjoncture opérationnelle :

Tchad
Opération Tacaud (1978-1979) : mortiers de 120mm en appui d’actions de feu devant Abéché ;
Opération Manta (1983-1984) : missiles Stinger en protection ;

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Dispositif Épervier (1986-1989) : défense sol air du dispositif français avec une batterie de sol air moyenne portée Hawk.

Liban
Opération Diodon (1983-1984) : batterie de 155AMF3 en appui du dispositif éprouvé par les attentats du Drakkar et de l’ambassade américaine.

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Golfe
Opération Daguet (1990-1991) : trois sections de mortiers lourds de 120 mm et un régiment de canons 155 TRF1 en appui feu direct de la division Daguet.

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Ex-Yougoslavie
Opération Hermine (1995) : deux sections de mortiers lourds 120 mm et un groupe d’artillerie à 8 pièces 155 AUF1 implantés sur le mont Igman délivrent des frappes très précises qui amènent les belligérants à négocier et parvenir aux accords de paix de Dayton.

A l’étranger et outremer, les canons et missiles des artilleurs métropolitains ou de leurs camarades bigors [1] ont décidé à chaque occasion du sort de la situation tactique, voire du contexte géopolitique du moment.

[1] Les bigors : surnom des artilleurs de marine qui leur fut donné à l’époque où ils quittèrent le service des pièces des vaisseaux pour celui des batteries côtières. Alors, fixé à rocher, l’artilleur de marine devient le bigorneau puis le bigor. Certains voient dans bigor la concentration du commandement « bigues hors » qui précédait l’ouverture du feu des canons sous sabord.


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