En septembre 1982, dans un Liban déchiré par plus de sept années de guerre civile et menacé désormais par l’invasion de sa moitié Sud par l’armée israélienne, l’ONU met en place une force de maintien de la paix, dénommée Force multinationale de sécurité de Beyrouth (FMSB). La mission de cette force est multiple.
Elle connaitra le succès en évitant une bataille rangée dans Beyrouth entre Israéliens et Palestiniens, mais ne parviendra pas à empêcher les massacres de Sabra et Chatilah, perpétrés hors de sa zone de déploiement. Par ailleurs, elle sera gravement éprouvée le 23 octobre 1983, par deux attentats simultanés contre les contingents américains sur l’aéroport et français dans l’immeuble Drakkar où le 1er Régiment de chasseurs parachutistes perd l’équivalent d’une unité élémentaire (58 morts, plus les blessés).
La FMSB comportait des unités américaines (1600 soldats, 2 porte-avions et 1 cuirassé lourd), italiennes (1400 soldats) et britanniques (1000 soldats). Dans le cadre de l’opération Diodon, le détachement français, compte près de 2000 hommes, fantassins, cavaliers et artilleurs. Ce détachement est renforcé à partir de l’hiver 1983 par la 1re Batterie du 12ème RA de Oberhoffen (1er décembre 1982 - 10 mars 1983), puis par le 68ème RA de Phalsbourg. L’artillerie est structurée autour d’une batterie de tir à cinq canons AMF 3, pièce de 155 mm montée sur châssis automouvant de type AMX13. Ces canons sont capables de traiter des objectifs jusqu’à 20 kilomètres avec précision, notamment grâce au recours à la station SIROCCO de l’adjudant-chef Reynaert, ces pièces sont rapidement la cible d’attaques. Tirs d’armes lourdes et d’armes légères d’infanterie se succèdent presque quotidiennement. Déployé le 6 décembre, dès le lendemain, les artilleurs du capitaine Kirtz reçoivent des tirs de harcèlement par des roquettes GRAD de 122m, sur leur position de tir BRICK à Tell Zaatar, puis sur les observatoires. Celui activé par l’équipe du sous-lieutenant Urlacher, à Beit Meiri à l’ouest de Beyrouth, est particulièrement visé. Le 14 décembre dans la nuit, l’officier observateur est blessé, le canonnier Leclerc est commotionné, le maréchal des logis chef Génétel est mortellement touché par un éclat de roquette.
A partir de cette date, les pièces d’artillerie sont presque immobilisées sur leurs positions, du fait des limites du mandat de l’ONU, mais les observateurs français guident plusieurs tirs en provenance des unités américaines, navales et aéronavales.
Les combats entre libanais chiites et druzes, en février 1983, amplifient encore l’immobilisation de la batterie, dont les pièces sont réimplantées au plus près de l’Ambassade de France, située à la Résidence des Pins. Dès lors, seuls les observateurs sont engagés hors du cercle restreint de la résidence, ils fournissent des renseignements précis sur les nombreux combats autour et dans la ville de Beyrouth. Ce dispositif est démonté début 1984, lorsque la FMSB se replie, son mandat fini.
Les cent jours du 12ème RA au Liban puis les mandats ultérieurs montrent l’importance de la recherche du renseignement et des objectifs dans la proximité ou la profondeur des champs de bataille, spécialité dans laquelle l’artillerie développe depuis plus d’un siècle un véritable savoir-faire.
Pour en savoir plus sur les opérations de l’artillerie au Liban, lisez :Des Canons et des hommes, par le col (R) Patrick Mercier, Lavauzelle, 2011, 432 pages (Disponible à la boutique du Musée de l’artillerie).