L’Ecole d’artillerie a plus de deux siècles !
Châlons-sur-Marne : 1791-1802
Metz : 1802-1870
Fontainebleau : 1870-1940
et Poitiers : 1923-1940
Nîmes : 1940-1942
Mediouna : 1942-1943
Cherchell : 1943-1945
Idar-Oberstein : 1945-19xx
Mourmelon : 1953-1954
Châlons-sur-Marne : 1954-1976
et Nîmes : 1952-1983
Draguignan : depuis 1976
Initialement l’artilleur est un artisan spécialisé,
formé par le système de l’apprentissage. Les anciens
forment les jeunes « sur le tas ». Le début de
l’organisation de l’artillerie royale sous le règne de
Louis XIV transfère ce principe au sein de chaque
régiment ou compagnie autonome.
Vers 1732, un des axes de la réforme Vallière fut
d’encadrer la formation des artilleurs. A cet effet,
une école fut créée au sein de chacun des huit régiments
de l’artillerie. Elles avaient pour mission
d’instruire les officiers aussi bien que les hommes
de troupe « sur tout ce qui peut regarder le service
de l’artillerie » et chacune était composée de
deux parties : théorie pour les officiers et pratique
pour les officiers et hommes de troupe en particulier
sur le service des pièces. Cette organisation
fut étendue ensuite au neuvième régiment créé
et perdura jusqu’à la Révolution française. C’est
de cette époque que datent la plupart des « petits
modèles » de l’artillerie (maquettes à l’échelle
1/6ème) destinés à l’instruction théorique des personnels,
juste avant de les passer sur les pièces
réelles.
En 1791, un décret fixé par l’Assemblée nationale
établit l’Ecole des élèves officiers d’artillerie à
Châlons-sur-Marne pour y instruire des sous-lieutenants
recrutés sur examen ou issus de l’Ecole
polytechnique, qui formait alors les officiers artilleurset sapeurs. Afin d’assurer une meilleure
cohérence des formations des officiers, il fut décidé
en 1802 de regrouper ces deux écoles à Metz.
Lors de la déclaration de guerre avec la Prusse en
juillet 1870, et devant la proximité des combats
qui allaient amener la capitulation de Metz, il fut
décidé de préserver cette Ecole et de la transférer
dans l’urgence à Fontainebleau. La première promotion
de l’Ecole d’application de l’Artillerie et du
Génie débutera sa formation en décembre 1871.
Constatant les différences fondamentales de formation
entre artillerie et génie, un décret pris en
1912 décide de la séparation de ces deux écoles.
Le Génie rejoindra Versailles en 1913, laissant
l’Ecole d’Artillerie à Fontainebleau avec une nouvelle
mission, la formation des sous-officiers. Avec
le déclenchement des hostilités en 1914, l’EA fut
évacuée en totalité à la mobilisation mais put reprendre
les cours l’année suivante. Une partie des
cours sera assurée pendant un an à Saumur, au
profit des américains qui entraient en guerre avec
un gros besoin de chefs de section d’artillerie.
En 1923, fut créée l’Ecole militaire de l’artillerie
de Poitiers chargée de préparer les sous - officiers
ayant reçu le concours d’officier (EOA), ellemême
rattachée à l’école d’application. L’invasion
de la France en juin 1940 rejeta brutalement dans
le sud du pays les écoles des trois armées, et dont
l’EAA à Nîmes pour y débuter les formations dès
novembre de la même année. En novembre 1942,
les allemands, au mépris des conditions de l’armistice,
saccagent l’école, la faisant ainsi disparaître
dans l’abîme de la défaite.
Le regroupement de nombreux officiers, sous-officiers
et hommes de troupe dès 1942 en Afrique
du Nord ainsi que la perspective de l’engagement
des premières unités en Tunisie aux côtés des
alliés avec un matériel moderne firent bien vite
apparaître la nécessité de former de nouveaux
cadres. Il fallait « monter d’urgence une école
de cadres à Cherchell (Algérie) et former dans les
plus courts délais les jeunes chefs de section dont
nous avions besoin » (mission donnée au général
Giraud, commandant en chef). Faute de place sur
ce site abritant le 1er Régiment de tirailleurs algériens,
la première promotion d’aspirants d’artillerie
fut formée à Médiouna (Casablanca - Maroc)
en attendant la fin des travaux à Cherchell. L’école
de Cherchell ouvrira ses portes en avril 1943 avecle titre d’Ecole des élèves aspirants avant de devenir
en décembre 1944 l’Ecole Militaire Inter Armes.
Près de 5000 cadres seront formés entre 1943 et
1945.
Après la victoire, le 2 août 1945, l’Ecole d’application
d’artillerie ouvrira ses portes en zone d’occupation
à Idar-Oberstein, petite ville aux bourgs désertés
et située à proximité immédiate d’un vaste
champ de tir aménagé à l’époque au profit des unités
allemandes. Les écoles d’artillerie comprenaient
alors :
Après de nombreuses tergiversations débutées en
1949, l’EAA sera transférée à Châlons-sur-Marne
en 1954 après une année d’installation provisoire
au camp de Mourmelon. Les formations dispensées
traitent de la technique et de l’emploi des
systèmes en vigueur (canons, missiles, roquettes,
nucléaire). Du fait de l’arrivée de matériels sol-air
de plus en plus complexes (HAWK en particulier),
est créée, à Nîmes, en 1952 l’Ecole de Spécialisation
Antiaérienne. En 1962, le Centre d’Etudes
Tactiques et d’Expérimentations de l’Artillerie (CETEA)
successeur du cours pratique d’observation
aérienne rejoint le giron de l’EAA. Devant l’occupation
croissante interarmes, interarmées et interalliés
du camp de Mourmelon, il fut décidé de transférer
l’EAA dans le sud de la France à Draguignan, à
proximité d’un grand camp à construire (Canjuers)
et dans la perspective de regrouper à terme les
deux écoles d’artillerie. La composante sol-sol de
Chalons s’installera dans ses nouvelles infrastructures
en 1976 et sera rejointe par l’Ecole sol air en
1983. L’organisation alors retenue va permettre à
l’EAA de se tourner résolument vers la formation
des officiers, sous-officiers et servants des matériels
modernes de l’Artillerie.
Pour en savoir plus sur les écoles d’artillerie, lisez :Des Canons et des hommes, par le col (R) Patrick Mercier, Lavauzelle, 2011, 432 pages (Disponible à la boutique du Musée de l’artillerie).