Chapitre 13 - 1970-1989 : La Défense Sol-Air à courte et très courte portées
Plan
1) La lutte antiaérienne des troupes toutes armes (LATTA)
2) Les régiments sol-air à courte portée,
21) Évolutions et rattachements des formations,
22) La vie des unités.
3) Les formations d’AA légère de réserve
4) Les débuts du SATCP,
41) Le Stinger au Tchad,
42) Le lancement du programme Mistral,
43) Le renoncement au projet Santal.
1) La Lutte antiaérienne des troupes toutes armes (LATTA)
Depuis la création de la DCA et en raison de son insuffisance quantitative, la défense fournie par l’Artillerie spécialisée contre les aéronefs n’a jamais été en mesure d’assurer à elle seule la protection antiaérienne de tous les combattants. Les troupes "toutes armes" (TTA) ont toujours du assurer leur autodéfense antiaérienne.
À cette fin, depuis la Seconde Guerre mondiale, la mise en place sur des camions de mitrailleuses de 12,7mm (sur affût solo) s’est généralisée dans l’Armée de terre. Pour leur part, les engins blindés ont été équipés d’armes antiaériennes, allant de la mitrailleuse de 7,5 mm au canon de 20 mm.
Un projet original est étudié dans les premières années de 1970, proposé par la société Thomson-CSF : le Javelot. C’est un système d’arme multi-tubes tirant des roquettes autopropulsées et encartouchées, à dispersion organisée. Quoique les tirs d’essais aient démontré la faisabilité d’un tel système et qu’une version à 64 tubes fixes ait été élaborée, le programme ne connait pas de suite opérationnelle.
Même si la LATTA - qui est en quelque sorte institutionnalisée - donne lieu à des stages de formation TTA et à des écoles à feu particulières dans lesquels l’ASA joue un grand rôle, l’efficacité probable de ses procédés et équipements est plus morale que réelle. L’attente est donc forte d’un équipement facile à mettre en œuvre et qui puisse combler cette lacune.
C’est alors que deux projets antiaériens destinés à armer les troupes toutes armes vont se télescoper.
Le premier d’entre eux a pour nom "VADAR" et répond à un besoin exprimé par l’Armée de terre : il s’agit du montage sur un VAB d’une tourelle blindée bitube de 20 mm, dont la cadence de tir est de 740 coups/mn par arme et la portée pratique de 1.300 mètres.
Ce système d’arme est muni dans certaines versions d’un radar appelé Rodéo ; la poursuite des objectifs s’effectue par l’intermédiaire d’une lunette de visée.
Son industrialisation est lancée en septembre 1978 en vue d’aboutir, deux ans plus tard, à la fabrication de la présérie, 600 matériels de série devant être ensuite livrés, pour un prix unitaire de l’ordre de 3 millions de francs (MF) 1977.
Le second projet répond aux conclusions d’un groupe technico-opérationnel Terre-Air formé en 1977 et portant sur la comparaison des systèmes canons et missiles. Son diagnotic est net : avantage au missile à autodirecteur infrarouge.
Cette préconisation condamne ipso facto le programme VADAR, déjà mis en balance par ses coûts jugés trop élevés de développement et d’industrialisation - au moins 220 MF - et surtout par sa trop courte portée face à la menace des hélicoptères.
Fin 1979, l’expression d’un objectif d’état-major interarmées résulte de la préférence pour un missile destiné à la LATTA. L’examen de diverses propositions industrielles va ensuite conduire au choix d’un engin autoguidé par infrarouge passif qui est proposé par Matra (ce sera le missile Mistral). On verra plus loin qu’il en adviendra.
Par ailleurs, la dotation des troupes TTA en mitrailleuses et en supports antiaériens est accrue et s’effectue en priorité au profit des divisions de la Force d’Action Rapide. Commencée en 1982, la mise en place de canons de 20 mm sur affûts 53T1 et 53T2 se poursuit jusqu’en 1986.
2) Les régiments sol-air à courte portée
21) Évolutions et rattachements des formations
A l’été 1970, le 454°GAAL change de stationnement et s’installe à Verdun, au quartier Niel. Devenu 54°RA le 1/11/1970, il déménage en 1975 pour occuper - toujours à Verdun - le quartier Miribel.
Comme ses homologues SACP, il est articulé en :
une batterie de commandement et des services,
une batterie de tir à dix bitubes de 30 mm, regroupés en trois sections de trois pièces, chacun d’entre eux étant accompagné d’une camionnette Marmon (en France) ou Unimog (aux FFA),
deux batteries de tir à huit canons de 40 Bofors tractés par Berliet GBC8 KT et regroupés en deux sections de quatre pièces.
Chaque batterie de tir possède six Half-track M16 (dont deux par section de tir).
Les cinq régiments endivisionnés (51°, 53°, 54°, 57° et 58°RA) vont attendre la fin des années soixante-dix pour commencer à recevoir les premiers véhicules de tir Roland I - version dite « temps clair » - dont l’arrivée va leur provoquer un changement d’articulation. Ils perdent sans regret leurs canons de 40 et passent à deux batteries de tir équipées en Roland et une en Bitubes.
Les nouvelles batteries Roland possèdent deux sections de tir organiques de quatre pièces qui sont composées chacune d’un Roland et d’un véhicule d’accompagnement du type VAB T20/13. Ce dernier est chargé de l’autodéfense de la pièce et du transport de l’équipage de rechange.
La réorganisation de l’Armée de terre qui est décidée en 1977 se concrétise, en 1978, par un changement de rattachement des régiments SACP (Sol-Air à Courte Portée, on emploie désormais cette appellation) qui passent à l’échelon du Corps d’armée (CA)et qui sont affectés comme suit :
ACA1 (Artillerie du 1er CA, PC à Mercy-lès-Metz) :54°, 57°et 58°RA,
ACA2 (en Allemagne,PC à Offenburg) : 51° et 53°RA.
Des changements de garnison préludent aux transformations en régiment Roland et des travaux d’infrastructure très importants sont entrepris pour accueillir des matériels aussi complexes et leur environnement d’instruction/entrainement et soutien (simulateurs, munitions, zone technique protégée, etc.).
En 1984, le 54°RA de Verdun est dissous et recréé dans la foulée à Hyères, par changement d’appellation du 405°RA.
En 1985, le 51°RA est déplacé à Wittlich, le 53°RA part s’installer à Neuf-Brisach. La création du 3ème Corps d’armée provoque le rattachement des 54° et 58°RA à l’ACA3 (PC à Lille).
À partir du milieu des années 80, la mise en place échelonnée des Roland II "tous temps" conduit progressivement au retrait total du service des Bitubes de 30 et à la structuration suivante :
Deux régiments à une Batterie Roland I et deux batteries Roland II : 51° et 54°RA,
Trois régiments à deux Batteries Roland I et deux batteries Roland II : 53°, 57° et 58°RA,
Une batterie mixte Roland I / Roland II au 401°RA (essentiellement au profit de l’instruction dispensée à l’EAASA).
Au terme de l’équipement de l’Armée de terre en Roland (au total 80 Roland I et 96 Roland II, de série) [1], les deux dernières batteries qui seront livrées sont affectées au 54°RA ; elles sont dotées chacune de huit Roland II installés en cabine montée sur une semi-remorque à roues, appelés CAROL.
22) La vie des unités
Les unités d’ASA légère ne disposent pas de moyens de simulation de tir performants. Leur entraînement repose sur la manœuvre en terrain libre et donne beaucoup d’initiative aux cadres, jusqu’au niveau chef de section.
La défense d’itinéraire, la défense en rideau face à une direction dangereuse et la défense de point sensible sont leurs principales missions.
Pour les bitubes de 30, l’accompagnement des unités de premier échelon des divisions blindées est également une mission normale, la batterie étant alors adaptée à une Grande unité (Brigade), y compris pour l’entrainement effectué en séjour en camp.
Une grande attention est portée à l’identification visuelle des aéronefs puisque les systèmes d’arme ne sont pas équipés d’IFF. Les cours de guet, souvent très astucieux, tiennent une place importante dans la formation des équipes de pièce. Les batteries FAS s’en font une spécialité.
Pour le tir, l’effort est porté sur la qualité du pointage ; on utilise pour cela des cibles de circonstance en se postant à proximité de champs de tir air-sol ou d’aérodromes, voire en pointant sur des véhicules civils circulant à grande vitesse.
Les écoles-à-feu antiaériennes se déroulent deux fois par an, à Biscarrosse pour les évaluations nationales ou dans d’autres champs de tirs moins bien équipés comme ceux de Veules-les-Roses, Baumolder (en FRA) ou des camps de Champagne.
Ces tirs d’entrainement s’effectuent sur des manches à air tractées par un avion lent de l’ALAT ou, à Biscarrosse, sur des cibles Soulé plus rapides car tractées par un Vautour de l’Armée de l’air ; celles-ci sont équipées de détecteurs de passage d’obus qui permettent d’apprécier le résultat des tirs. Le "coup du roi" consiste à abattre la cible, sans qu’il lui reste le moindre de fil de traction.
Un saut qualitatif important se produit avec l’arrivée dans les unités des véhicules de tir Roland, accompagnée de moyens de simulation très modernes (simulateurs, cabines Dornier) : ils permettent un entraînement efficace et réaliste des équipes de tir.
Sur le modèle du HAWK, un système rigoureux d’évaluation de l’aptitude au tir des pièces, sections et batteries, est mis en place, afin de mesurer le niveau atteint et susciter l’émulation entre les unités.
Par ailleurs, dans la mesure où il faut six mois pour former sur simulateur un soldat appelé comme pointeur Roland, la vie des régiments s’organise autour de cette activité prioritaire dont le résultat est mesuré lors des écoles-à-feu. Celles-ci sont effectuées sur des cibles CT20, bien représentatives de la vitesse et de l’agilité de la menace aérienne. Pour cela, les régiments SACP se rendent une fois par an sur les champs de tir permanents des Centres d’essais des Landes (Biscarrosse) ou de la Méditerranée (Ile du Levant).
Par ailleurs, des champs de tir antiaériens de circonstance (Veules-les-Roses, Suippes) sont toujours mis à profit pour faire tirer les servants de canons d’autodéfense et de mitrailleuses antiaériennes.
Pour s’entraîner à la manœuvre, les régiments SACP effectuent des séjours dans les grands camps nationaux et pratiquent couramment des exercices en terrain libre, du niveau régimentaire ou batterie, malgré les contraintes de circulation et les risques de détériorations des voies de communication dues aux passages d’engins blindés. Le système de remboursement rapide des dommages causés permet malgré tout de bien faire accepter ces exercices par les populations civiles locales
3) Les formations antiaériennes de réserve
Ce régiment d’artillerie est recréé en tant qu’unité de mobilisation, en avril 1973, au Centre Mobilisateur n°104 à Colmar, quartier Bruat.
Il est le régiment d’artillerie sol-air de la Zone de Franchissement du Rhin (ZFR, rattachée à la 6ème DB). Son personnel est constitué de réservistes provenant des deux départements alsaciens (Bas-Rhin et Haut-Rhin).
Le 57°RA de Colmar puis de Bitche est chargé d’en assurer l’instruction. Le 53°RA de Müllheim est son Corps binôme : c’est lui qui sélectionne parmi ses appelés alsaciens ceux qui, après leur libération, pourront être affectés au 59.
Le 59°RA est composé d’une BCS (à deux Half-track M16) et de quatre Batteries de tir équipées chacune de huit canons de 40 Bofors et de six Half-track.
La mission générale du 59°RA est la protection d’itinéraires dans la plaine d’Alsace. Plus particulièrement, sa mission consiste à la défense de ponts situés au nord de Strasbourg : pont rail-route de Beinheim, pont de Gambsheim.
Au début des 80, le nombre de ses équipes de liaison est porté à cinq afin de pouvoir assurer une présence auprès des cinq bases aériennes du secteur (Strasbourg-Entzheim, Colmar-Meyenheim, Drachenbronn et les bases canadiennes de Lahr et Solingen).
À la même époque, le CM 104 est transféré du Quartier Bruat au Quartier Rapp. Au départ de la 6ème DB, la ZFR devient Division du Rhin-62ème DMT.
A la fin des années 80, outre les séances d’instruction qui sont effectuées au CM 104 ou au 57°RA, les activités annuelles du Régiment sont les suivantes :
Exercice OTAN Central Enterprise avec le PCR et les PC de batteries,
Exercice divisionnaire de franchissement du Rhin avec la convocation verticale d’une batterie, le PCR et les PC des trois autres batteries,
Deux écoles à feux au printemps et à l’automne, au CEL à Biscarrosse,
Un exercice PC-Transmissions.
En 1994, le Régiment est déplacé à Douai, auprès du 58°RA, l’idée maîtresse de ce mouvement étant de l’équiper en Roland "temps clair" afin d’essayer de sauvegarder ces matériels. Cette tentative n’est pas été couronnée de succès et le régiment est dissous peu après.
Certains documents font état de l’existence dans la même période d’autres formations antiaériennes de réserve générale, chacune à quatre batteries de canons de 40 mm, à provenir de la mobilisation :
504°GAAL à Tour-sur-Avre,
505°GAAL à Provins,
506°GAAL à Hyères.
4) Les débuts des unités SATCP (sol-air à très courte portée)
41) Le STINGER au Tchad
Une quinzaine de postes de tir Stinger et une trentaine de missiles sont acquis en "crash-program" par la France auprès des États-Unis, à l’occasion de l’opération Manta au Tchad (1983-84).
Ils sont répartis en trois sections de quatre pièces, affectées au 35°RAP, au 11°RAMa et au 68°RA et qui sont envoyées au Tchad, sans aucun équipement individuel ou collectif de guet, d’identification ou de coordination.
Ce n’est qu’à partir du début de l’année 1988 que sont mis en place dans chaque section - à titre purement provisoire - un radar "Œil Noir" (celui du bitube de 30, récupéré) dans un montage de circonstance sur VLRA et des transpondeurs IFF.
En 1986, au sein de l’opération Épervier, ces sections Stinger sont de nouveau engagées au Tchad, sur les sites opérationnels de Moussoro, Faya-Largeau et Abéché.
A Faya-Largeau, mise en place à l’été 1987 en zone opérationnelle de "guerre", une section Stinger est la seule unité française à assurer la défense de la piste aérienne locale. La responsabilité du déclenchement du tir incombe à chaque chef de pièce.
En l’absence de radar et d’IFF, le guet s’effectue à vue, du lever au coucher du soliel, et la situation de cette section est particulièrement difficile et elle reste assez inefficace, d’autant plus que les autorités indigènes se sont réservé les positions de tir les plus favorables pour y placer leurs lance-missiles SA-7 récupérés sur les Libyens. Les consignes de tir sont simples : tir libre sur avion à réaction, tir restreint sur avion à hélice.
C’est vers 16 heures, le 10/9/1987, qu’un Tupolev-22 libyen (escorté selon certains témoignages par des chasseurs MIG) effectue en se présentant initialement dans le soleil un bombardement de type "aller-retour" et largue, à moyenne altitude, une dizaine de bombes de 500 kg sur Faya.
Mal vu ou vu trop tard lors de son premier passage, l’appareil donne seulement lieu à une première alerte ; il fait l’objet lors de sa seconde présentation d’une nouvelle alerte et de deux tirs de missiles SATCP qui sont effectués sans succès (l’objectif étant hors de leur portée pratique), l’un lancé par la pièce Stinger française qui est en batterie au Camp des Goumiers, l’autre par un poste de tir SA-7 tchadien posé sur une sorte de promontoire situé à l’ouest de la ville.
42) Le lancement du programme MISTRAL
Comme indiqué plus haut, le développement de ce SATCP destiné à l’autodéfense des forces terrestres françaises a été décidé en 1979. Après mise en concurrence des industriels français, sa réalisation est confiée à la Société Matra qui proposait son système d’arme portable Mistral ; ses premières livraisons commencent en 1989.
Du type "tire et oublie", le Mistral "Man-pads" a pour caractéristiques principales d’être portable à dos d’homme en deux fardeaux (poste de tir et missile) et d’être d’une très grande simplicité de mise en œuvre.
Très véloce, le missile Mistral présente l’énorme avantage sur ses concurrents de posséder une charge militaire de 3 kg (1kg pour le Stinger) et une fusée de proximité (d’où l’augmentation de la masse du missile qui justifie la décomposition de l’arme en deux fardeaux : projectile et poste de tir).
De plus, par rapport aux SATCP épaulables, le tireur Mistral est assis sur le siège fixé au trépied ; il est ainsi prêt à tirer, se fatigue moins et réagit plus rapidement et efficacement que celui qui doit se saisir de son arme, l’épauler puis pointer.
La prise en considération des excellentes performances du missile Mistral (portée maximum : 5.000m, plafond : 3.000m) et le développement d’une réflexion sur les risques de combat fratricide entre ce SATCP et les aéronefs amis, conduisent à renoncer à doter les unités toutes armes de l’Armée de terre de cet équipement.
Il est alors décidé de ne le confier qu’à des opérateurs spécialisés sol-air et d’inclure chaque Mistral dans un dispositif d’ASA composé de six pièces et d’un équipement de veille radar et de conduite de tir centralisées. C’en est donc fini de la satisfaction des besoins de LATTA par un missile.
Pour leur part, l’Armée de l’Air et la Marine Nationale se déclarèrent également intéressées par l’acquisition du Mistral, dans d’autres configurations du poste de tir.
43) Le renoncement au projet SANTAL
Au milieu des années 80, il parait intéressant et envisageable d’équiper l’Armée de terre avec deux types de matériels utilisant le missile Mistral :
Le Mistral (Man-pads), avec 400 postes de tir,
Une centaine de "Santal", un système d’arme défini initialement comme étant un "ensemble de six missiles prêts au tir à partir d’une tourelle dotée de moyens de détection et montée sur un véhicule légèrement blindé à roues, qui pourrait entrer en service dans les années 90".
Dans cette perspective très optimiste, Mistral et Santal équiperaient les régiments d’ASA des Corps d’armée et les régiments d’artillerie (RA) sol-sol des Divisions ; des batteries ou sections en seraient créées en 1988.
À titre intérimaire, des canons Bofors de 40 mm sont sortis de leur stockage et commencent à être affectés dans les RA des Divisions blindées (5 canons) et dans ceux des Divisions d’infanterie (7 canons).
Au 15/3/1986, selon un document officiel de l’Inspection de l’Artillerie, sont déjà équipés en canons de 40 ou prévus de l’être à court terme, avec cinq canons les 61°, 34°, 2° et 60°RA et avec sept le 8°RA. D’autres mises en place doivent suivre. On trouvera en annexe 1 un tableau indiquant la répartition "prévue" de ces équipements ; elle ne connut qu’un début de concrétisation, en raison du renoncement de l’État-major de l’Armée de terre au Santal.
L’abandon du projet Santal fut décidé pour de multiples raisons. En premier lieu et contrairement à l’idée de départ qui visait à obtenir ce matériel par un montage simple et peu coûteux sur un VAB, réalisé à partir d’équipements disponibles sur étagère, son étude exploratoire le fit apparaître comme devant être un véritable système d’arme antiaérien, autonome, très intéressant en soi, mais qui demanderait un financement étatique élevé tant pour son développement et que pour son acquisition.
Aux difficultés budgétaires prévisibles vinrent s’ajouter des problèmes d’ordre technique qui influaient directement sur le choix du véhicule porteur : masse importante de la tourelle équipée, encombrement des divers composants, volumes à réserver aux deux postes d’opérateurs, au groupe auxiliaire de puissance (indispensable), aux coffres à missiles de rechange, etc. Ces différentes contraintes exclurent totalement d’utiliser le châssis du Sagaie et encore moins celui du VAB.
Enfin, des divergences d’appréciation opérationnelle apparurent, dues à la difficulté du positionnement du Santal dans l’Armée de terre française : la défense de l’avant du corps blindé-mécanisé y était déjà confiée au Roland (blindé et chenillé, en cours de mise en place) et celle de la Force d’Action Rapide ou des arrières des Forces pouvait être obtenues par des solutions moins ambitieuses donc moins coûteuses.
Aussi le projet Santal fut-il sans suite.
[1] La cible initiale, qui était de 100 Roland II, a été amputée de quatre véhicules de tir pour dégager le financement du RITA du Hawk
![]() |
Cibles Mistral et Santal |