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Chapitre11 - La transition des FTA vers l’ASA (1960-1970)
 

Chapitre 11- La transition des FTA vers l’ASA (1960-1970)

Plan

1) L’amorce d’une nouvelle ère,
-  11) Les prémices d’une révolution technico-opérationnelle, exceptionnelle,
-  12) Une dynamique de résurrection,
-  13) Les démarches françaises en matière d’armement,

2) Les débuts de la « missilisation » de l’ASA,
-  21) L’épisode NIKE,
-  22) Les premières années du HAWK en France,
-  23) Le SABA-Roland.

3) Les autres entités sol-air,
-  31) Les Groupes d’ASA divisionnaires,
-  32) Les centres de formation des cadres de l’artillerie sol-air,
-  33) Les Forces Terrestres Antiaériennes de Défense Aérienne.

4) La situation en 1970.


1) L’amorce d’une nouvelle ère

11) Les prémices d’une révolution technico-opérationnelle exceptionnelle

Lorsque se termine la Seconde Guerre mondiale, la place qu’y ont tenue l’aviation en général et les fusées allemandes (V1, V2) en particulier a marqué les esprits : le canon n’apparait plus comme étant capable de satisfaire les besoins de précision et d’allonge de la lutte antiaérienne menée depuis le sol contre les aéronefs les plus modernes et contre les engins.

De plus, un nouvel appareil au potentiel de développement important est apparu : c’est l’hélicoptère, dont la maturité technique progresse. Son premier vol commercial a lieu le 16/2/1946, aux États-Unis ; il permet d’envisager des applications militaires prometteuses et des évolutions tactiques importantes que la défense antiaérienne devra aussi prendre en compte.

Aux États-Unis, l’effort de guerre a permis de développer de nouvelles technologies (dont l’électronique) et la prise en considération des ambitions soviétiques conduit ce pays à mettre en place une défense antiaérienne des principales villes américaines. La constitution en Europe de l’Ouest comme en Amérique du Nord de "barrières" anti-avions est à l’ordre du jour.

Pour répondre à ces impératifs, de nouveaux systèmes d’arme (concept novateur) antiaériens sont inventés et produits par des firmes américaines ; ils vont procurer à la défense antiaérienne des capacités de détection et d’atteinte jusqu’alors inenvisageables, grâce aux progrès qui sont obtenus dans les domaines suivants :

-  surveillance électromagnétique du ciel (radars de tous types),
-  identification des aéronefs (IFF),
-  automatisation des systèmes,
-  préparation des tirs,
-  nouveaux projectiles (missiles),
-  conduite des interceptions,
-  coordination dans la 3ème dimension.

L’efficacité des défenses antiaériennes bénéficie de l’allonge de leurs tirs, de l’agilité de nouvelles munitions, spécifiques, de la précision du guidage de ces projectiles (téléguidage ou autoguidage), de l’efficacité de leurs charges militaires. En contrepartie, la durée et la complexité des opérations de tests et de mise en batterie pénalisent la mobilité des nouveaux équipements.

Les coûts globaux d’acquisition (recherche et développement, industrialisation, production en série, maintien en condition) sont particulièrement élevés, ce qui constitue un obstacle relativement important à une très large diffusion des nouveaux systèmes d’arme.

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12) Une dynamique de résurrection

À partir de 1962, avec la fin du conflit algérien, l’Armée française peut s’orienter totalement "face à l’Est" en Europe et mieux se préparer à y tenir ses engagements vis à vis de l’OTAN.

De façon continuelle, sous l’impulsion d’officiers prescripteurs visionnaires - restés méconnus - et de chefs décideurs éclairés, la défense antiaérienne des forces terrestres françaises sera engagée dans un processus volontariste d’accroissement énorme de ses aptitudes, d’amélioration colossale de ses équipements, de changement fondamental des savoir-faire de ses hommes et de transformation profonde de ses formations. Il faudra trente ans pour le mener totalement à bien.

Cette remontée en puissance très progressive de l’artillerie antiaérienne de l’Armée de terre se traduira par l’entrée en service de systèmes d’arme particulièrement novateurs pour leur époque, selon trois axes majeurs :

-  Remplacement du canon par le missile,

-  Mise sous blindage et sur chenilles des porteurs destinés au combat de l’avant,

-  Capacités tout-temps de surveillance et de tir .

Ce seront le Nike puis le Hawk, le blindé AMX 13 bitube de 30, le Roland I temps-clair sur châssis d’AMX 30, le Roland II tous-temps sur le même châssis blindé et chenillé suivi en fin d’équipement par les Cabines Roland II Carol, et l’acquisition de quelques armes à très courte portée Stinger en prélude à l’arrivée en grand nombre du SATCP Mistral.

Parallèlement, sous sa nouvelle dénomination moderniste d’Artillerie Sol-Air (ASA), l’artillerie antiaérienne de l’Armée de terre va voir l’arrivée de nouvelles générations de cadres et de militaires du rang qui n’ont pas combattu en Afrique du Nord et qui ont désormais (aux restrictions de potentiels et de crédits près, car il y en eut de sévères) toute latitude pour se consacrer entièrement à leur métier spécifique.

Au cours des années 60, l’ASA retrouve donc sa vocation naturelle, avec la participation enthousiaste de nouveaux artilleurs sol-air, motivés par la mise en service d’équipements ultramodernes. Quoique très progressive, cette "renaissance" s’y traduit par une augmentation considérable des aptitudes opérationnelles et par un changement fondamental des savoir-faire. Pourtant, des matériels largement dépassés (tels que les canons de 40 mm) tarderont à y être remplacés.

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13) Les démarches françaises en matière d’armement

Pour sa part, dès l’année 1946, la France a commencé à rebâtir son industrie aéronautique. Dans le domaine antiaérien, les efforts nationaux vont d’abord se traduire par le développement des engins cibles CT10 et CT20, puis, fruit de la synergie des travaux sur les radars et sur les calculateurs, par le choix de développer - en national - un système d’arme antiaérien à base de missile : le SE-4400 « PARCA ».

  • a) Le PARCA

Le PARCA (projectile autopropulsé radioguidé contre avion) est l’un des projets sol-air français qui furent développés à partir de 1948. Les autres programmes lancés en 1956 furent l’ACAM (missile d’une portée de 12 km, guidé par alignement), interrompu en 1959 et l’ACAR (missile à courte portée guidé par autodirecteur) qui s’arrêta en 1957.

Conduit par la DEFA (Direction des études et fabrications d’armement) dans la perspective d’une réalisation opérationnelle, le programme PARCA connut d’abord une certaine réussite.

De très nombreux tirs (358) de développement et de qualification furent effectués tant à Hammaguir que sur des sites d’essais hexagonaux (Biscarrosse, Suippes, Le Larzac, Quiberon, La Renardière et Le Cardonnet).

Pour diverses raisons (coûts très élevés, complexité du système, aptitude à la manœuvre réduite, fiabilité insuffisante, prochaine mise en service du Nike, perspective d’arrivée du Hawk, etc.) et après avoir connu une application intermédiaire appelée "Parca de transition", le programme Parca fut purement et simplement abandonné en août 1958.

Il s’était agi, pour l’essentiel de réaliser une fusée à deux étages, à combustible solide (quatre propulseurs à poudre pour le démarrage, un propulseur de croisière). Le projectile pesait environ une tonne avant lancement, il était long de 7,5 m et emportait une charge militaire de 80 kg (40 kg de tolite et 800 éclats). Sa vitesse atteignait Mach 1,8 ; il supportait un facteur de charge de 20 g. Il était conçu pour intercepter des cibles volant à 300 m/s jusqu’à 14.000 mètres de distance et 12.000 mètres d’altitude.

Sa dernière campagne de tir eut lieu à Biscarrosse, en 1961.

Malgré l’échec relatif du développement du PARCA, les plus hauts décideurs politiques et militaires français engagèrent la défense antiaérienne nationale dans un processus (devenu indispensable) de rétablissement de ses capacités, qui se concrétisa par l’entrée en service de systèmes d’arme particulièrement novateurs pour leur époque : le Nike puis le Hawk, le blindé AMX 13 bitube de 30.

  • b) L’entrée en service de nouvelles armes de 30 mm

Le Bitube de 30 sur AMX 13 (AMX B30)

L’étude de l’Unité légère de DCA qui avait été effectuée, en 1953, avait permis d’approfondir la composition d’un système d’arme de 30mm et d’aider à spécifier les caractéristiques d’un futur bitube que l’on décide de réaliser et de monter sur un châssis blindé et chenillé de la famille AMX 13.

Ce bitube de 30 mm antiaérien sur char est conçu pour fonctionner techniquement de façon totalement autonome, alors que le bitube de l’Unité légère de DCA étudié par ailleurs pouvait être utilisé soit de façon autonome, soit intégré dans une conduite de tir de canons.

La tourelle de l’AMX B30 est étudiée et réalisée par la SAMM (Société pour les Applications des Machines Motrices) sous la désignation S-401A. Elle est équipée de deux canons de 30 mm HS 831, fabriqués en France par la Manufacture d’Armes de Tulle (MAT).

La décision de doter ce système d’arme sur véhicule blindé et chenillé d’un radar et d’un calculateur (ce qui constitue une novation absolue) n’intervient qu’à la fin de 1959, alors que son développement est déjà très avancé ; elle occasionne des retards. Les premiers matériels livrés sortent donc sans radar en juillet 1963, sous la désignation de Bitube de 30mm antiaérien automoteur type A.

Les premiers radars "Œil Noir" (fournis par la société Électronique Marcel Dassault) sont livrés en août 1964 ; les essais du système d’arme complet se déroulent jusqu’en 1966.

Les premiers blindés opérationnels avec radar sont présentés en recette à la fin de cette même année. La production des radars et leur montage sur les tourelles, y compris celles qui avaient été livrées sans radar, se poursuivra jusqu’en mars 1969.

Au total, ce sont 70 AMX-13 bitubes de 30, produits par l’AMX-APX, qui seront livrés à l’Armée de terre et qui y seront répartis à raison d’une batterie par régiment d’ASA divisionnaire.

On constata rapidement que la tourelle SAMM était un peu trop lourde pour le châssis AMX-13, ce qui pénalisait fortement sa mobilité tactique. De plus, la nécessité de faire tourner le moteur du char dès que l’on voulait activer la tourelle conduisait à une consommation très élevée en carburant et en potentiel moteur ; un palliatif mineur consista à lui adjoindre un groupe électrogène tracté par camionnette qui fournissait uniquement l’énergie électrique nécessaire à la seule veille radar, lorsque l’on était en situation statique.

Dès 1965, le GIAT (Groupement industriel des Armements Terrestres) étudie une version du Bitube montée sur châssis AMX 30 et c’est cette configuration qui sera systématiquement proposée à l’exportation. Ce matériel ne fut pas adopté par l’armée française.

En 1975, l’Arabie Saoudite conclut un contrat pour une version améliorée appelée AMX 30 SA et qui conduisit en fait, à la conception d’un matériel sensiblement différent. La tourelle adoptée consistait en une amélioration par la SAMM de sa tourelle 410A, qui fut alors désignée par l’appellation TG 230A. Elle reçut le radar "Œil Vert" de Thomson, plus performant que "l’Œil Noir".

Le monotube de 30 mm

L’armée française acquiert également quelques monotubes Hispano-Suiza montés sur affût tracté. Le canon est le même que celui du bitube de 30 et il est doté d’un viseur calculateur P 36 de Galileo.

Ce matériel va équiper la batterie FAS de Saint-Dizier et les forces françaises de Djibouti.

Quoique très progressive, cette "renaissance" s’y traduit par une augmentation considérable des aptitudes opérationnelles et par un changement fondamental des savoir-faire. Pourtant, des matériels largement dépassés (tels que les canons de 40 mm) tarderont à y être remplacés.


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2) Les débuts de la « missilisation » de l’ASA

En mars 1966, la décision de sortie de la France de l’Organisation militaire intégrée de l’OTAN va marquer un nouveau tournant pour ses forces armées.

L’ASA doit désormais remplir de nouvelles missions, avec de nouveaux modes opératoires, imposés par le repli des forces françaises dans un cadre d’emploi strictement national.

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21) L’épisode NIKE

Selon certains, c’est dans l’attente de la livraison des unités Hawk qui vont être coproduites en Europe que la France aurait obtenu la mise à disposition par les USA de quatre unités de tir Nike, un tout nouveau système d’arme antiaérien américain à longue portée. Cette assertion est peu vraisemblable, puisque les premiers stagiaires français sur le Nike arrivèrent en octobre 1957 au États-Unis. [1]

Le Nike est destiné à l’origine à la défense du continent américain et des grandes villes US. Le missile Ajax a une portée antiaérienne de 50 km pour une altitude maximum de 70.000 pieds. Sa version ultérieure appelée Herculès a une portée antiaérienne de 120 km à une altitude de 90.000 pieds ; elle est dotée de la capacité d’emport d’une tête nucléaire.

Faute - peut-être - de vouloir choisir à ce moment là, en franco-français, entre les Armées de terre et de l’air, ce sont des militaires de ces deux provenances qui sont envoyés en stage à Fort-Bliss (El Paso, Texas), pour s’y instruire sur le Nike "Ajax" d’abord, puis sur sa version "Herculès".

C’est ainsi que se crée aux États-Unis le "1er Bataillon Nike français" qui deviendra officiellement par la suite le 721°GAG (Groupe d’artillerie guidée) à quatre unités de tir : 1°, 2° et 3° Batteries servies par des artilleurs et 4°Escadron armé par des aviateurs.

Ce nouveau Corps interarmées perçoit des équipements Hawk à Tobin-Well [2], avec lesquels il réussit totalement ses premières écoles à feu au champ de tir US de Mac-Gregor.

En juin 1959, les français ainsi formés rejoignent Karlsruhe, en RFA, où ils sont hébergés par le Centre d’Instruction du 485°GAA. Les matériels Nike y sont livrés et, après avoir absorbé nombre de cadres du régiment hôte qui est dissous, le 1/2/1959, le 721°GAG fait mouvement vers les garnisons de Stetten (État-major, 1° et 2° batteries), Münsingen (3°Batterie) et Mengen (4°Escadron).

Avec trois pelotons de lancement par unité de tir, le Groupe est alors placé sous le contrôle opérationnel de l’OTAN et il est intégré aux autres formations alliées qui forment la Barrière de défense Nike face à la République Démocratique Allemande.

En juillet 1961, la décision est prise par la France de confier progressivement le Nike à son Armée de l’air et la relève des artilleurs par des personnels "en bleu" formés aux USA s’effectue progressivement.

En janvier 1962, le 721°GAG est dissous ; en août, les matériels de la dernière batterie Nike quittent l’artillerie. Les 60° et 61° Brigades d’engins Nike (de l’Armée de l’air) sont formées et déployées en RFA dans les régions de Stetten et Friedrichshafen, avec des missiles à capacité nucléaire, et placées sous le commandement du 500° Groupement d’Unités d’Engins. Toutes ces formations seront dissoutes en 1966-67.

Les ex-artilleurs du Nike contribueront à former une bonne partie de l’encadrement des futurs régiments Hawk.

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22) Les premières années du HAWK en France

Lorsqu’est prise la décision de sa fabrication sous licence en Europe, il est imposé aux pays acquéreurs du Hawk que la similitude et l’interopérabilité entre matériels d’origine US et équipements produits en Europe soient totales.

La Direction du programme européen est confiée à une structure interalliée particulière, subsidiaire de l’OTAN, spécialement constituée en 1959 ; c’est l’OPLOH (Organisation de production et logistique Otan-Hawk) qui réunit d’abord les pays suivants : Allemagne, Belgique, France, Italie, Pays-Bas puis beaucoup plus tard la Grèce (1972), le Danemark (1974) et la Norvège (1986). Exclusivement consacrée au départ aux activités de production, la charte de cet organisme est révisable, ce qui le conduira à assumer par la suite des responsabilités en matière d’amélioration du système d’arme.

La conduite du programme est confiée à un Comité de direction international (Board of directors). Son organe exécutif est une agence créée à cet effet : le Bureau de Gestion Otan-Hawk (BGOH ou NHMO), installé en France à Rueil-Malmaison.

Le soutien spécifique est assuré par la NAMSA (Agence OTAN d’entretien et d’approvisionnement des matériels) via l’ALH (Administration Logistique Hawk) dont le personnel occupe des locaux voisins de ceux du BGOH.

Du côté français, la direction du programme Hawk est confiée à un ingénieur de la Direction Technique des Engins. Il s’agit de l’ingénieur-en-chef Maxime, qui assumera cette fonction jusqu’au début des années 1980. Lui succèderont l’IGA Dubarry-Barbe, l’ICA Simonin puis l’ICA Jamin.

La montée en puissance des régiments Hawk français s’effectue de 1962 à 1964, leurs premiers cadres officiers et sous-officiers (de l’Artillerie et du Matériel) étant d’abord envoyés aux USA pour y être formés sur le système d’arme, à Fort-Bliss (Texas) et à Redstone-Arsenal (Alabama). Les premiers stages de personnels (Superviseurs), destinés au 401°RAA, débutent en mai 1961.

Alors qu’initialement le besoin français avait été estimé à 10 bataillons à quatre batteries (soient 24 pour l’Armée de l’air et 16 pour l’Armée de terre), il est réduit à douze batteries (trois bataillons), la priorité des crédits de défense allant aux forces nucléaires.

La France acquiert donc seulement les matériels constitutifs de douze batteries de tir qui sont attribuées à l’Armée de terre et qui vont être réparties comme suit :

. Dans 3 régiments recréés successivement à cet effet et qui sont :

-  En France, le 401°RAA, à Nîmes, investi notamment d’une mission de fourniture permanente de prestations d’instruction au profit de l’ESAA et qui reçoit deux batteries opérationnelles (B1 et B2) plus le matériel d’une autre batterie destiné au Centre d’instruction Hawk (CI Hawk, intégré à la B1),

-  En RFA, les 402°RAA (Kehl) et 403°RAA (Landau) à chacun quatre batteries opérationnelles et qui sont destinés à la Barrière Otan.

. Sont affectés à la DCMAT (Direction centrale du Matériel de l’Armée de terre française) les matériels de la douzième batterie, à titre de réserve nationale.

La particularité et l’originalité de ces trois Corps d’artillerie sont d’intégrer totalement en leur sein une formation de l’Arme du Matériel appelée Détachement de Soutien Direct (DSD) au "402" et au "403" et DSDR (R=renforcé) au 401.

Le matériel de direction tactique régimentaire retenu est l’OC (AN/TSQ 38) à raison d’un équipement par régiment, raccordé à l’un des deux radars régimentaires du type AN/TPS-1E.

Les informations propres au système d’arme sont acheminées par des équipements hertziens AN/TRC-3 puis QR-MH-109 qui établissent les liaisons point-à-point appropriées. Un simulateur Hawk est implanté au C.I. Hawk, à Nîmes, où seront formés les opérateurs et dépanneurs des trois régiments.

Suite au changement de la position française vis à vis de l’OTAN, le 402° et le 403°RAA sont rapatriés en 1967, le premier rejoignant Laon (Aisne), le second s’installant sur l’ancienne base aérienne américaine de Chaumont-Semoutiers (Haute-Marne). Ils sont tout d’abord placés en Réserve Générale et seront intégrés par la suite aux Eléments Organiques du 1° Corps d’armée (EOCA1) ; ils reçoivent des missions prioritaires de défense aérienne.

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23) Le SABA-Roland

En 1962, la France décide de lancer (en national) le programme SABA (sol-air basse altitude), système d’arme antiaérien blindé et chenillé, lanceur de missiles à courte portée ; elle retient initialement un projet de la société Nord-Aviation pour le poste de tir et le missile.

Il s’agit du SALENA (Sol-Air Léger Nord Aviation) qui repose sur les principes suivants : missile télécommandé, piloté par déviateurs de jets, conduite de tir optique, guidage par alignement. L’AMX est choisi pour fournir le véhicule porteur et la société CSF pour procurer le radar de veille.

Or la coopération militaro-industrielle entre la France et l’Allemagne, qui commence à se développer, va se concrétiser dans le domaine des missiles antichars (SS10, SS11) et antiaériens, avec des conséquences importantes.

À partir de 1963, les travaux interétatiques et interindustriels des deux pays se développent et font évoluer le projet SABA. Les compromis technico-industriels et les accords financiers bilatéraux aboutissent en 1965 à un système d’arme franco-allemand qui fait suite au SABA et qui prend alors le nom ROLAND.

Du côté français, la direction du programme Roland est confiée à un ingénieur de la Direction Technique des Engins : il s’agit de l’ingénieur-en-chef de l’Armement Bienvenu, qui restera en poste jusqu’au début des années 80. L’ICA Vogel lui succèdera jusqu’en 1989, suivi de l’ICA Lavalette.

Les premières évaluations technico-opérationnelles du Roland sont prévues pour 1972, dans une version initiale dite "temps clair" (Roland I).

Le lancement éventuel du développement d’une seconde version désignée Roland II "tous temps" est envisagé, au mieux, pour les années 72-73.

Après bien des modifications d’un prototype installé sur un châssis d’AMX-13, la France retient un véhicule spécifique de la famille AMX-30 comme porteur de ses propres Roland, l’Allemagne adoptant un châssis de SPZ.


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3) Les autres entités sol-air

Aux côtés des régiments Hawk continuent d’exister des formations aux équipements beaucoup moins modernes.

31) Les Groupes d’ASA divisionnaires

En 1962, selon le concept de la "Division 59", il existe quatre régiments appelés Groupes d’artillerie antiaérienne légère, affectés aux quatre Divisions des Forces de manœuvre et qui possèdent chacun trois batteries de canons Bofors du type 40L60. Ce sont les :

-  451°GAAL à Bitburg, affecté à la 1° Division,

-  453°GAAL à Müllheim, à la 3° Division,

-  458°GAAL à Douai, à la 8° Division,

-  7°GAAMa à Colmar, à la 7° Division.

L’inaptitude des batteries de canons tractés à accompagner les unités blindées dans des actions mobiles de force conduit l’Armée de terre à vouloir disposer d’une arme antiaérienne blindée et chenillée. D’où l’équipement en Bitubes de 30mm, dont le radar de veille et de télémétrie (l’Œil Noir) facilite grandement la surveillance des basses altitudes (encore totalement assurée jusqu’àlors dans les batteries de canons par le guet à vue) et la préparation du tir (le radar passant alors en mode "télémétrie").

À la mise en place des bitubes, les quatre Groupes légers sont alignés sur une structure type Division 67 qui comprend une batterie de commandement et des services (BCS), une batterie de bitubes à trois sections de trois (ou quatre) pièces, deux batteries à deux sections de quatre canons de 40 mm et une batterie d’instruction.

Il en est de même pour le 454°GAAL, formé ex-nihilo le 1/8/1968 à Montmédy (Meuse), au sein de la 4ème Division nouvellement créée, et qui est transféré à Verdun (Quartier Niel) à l’été 1970.

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32) Les centres de formation des cadres de l’artillerie sol-air

La formation de spécialité des cadres de l’artillerie antiaérienne continue d’être assurée à Nîmes par l’École de Spécialisation de l’Artillerie Antiaérienne (ESAA) qui adapte son organisation et ses cours à l’arrivée des nouveaux équipements.

Elle dispose sur place des matériels Hawk du 401°RAA qui possède également aux fins d’instruction une batterie d’ASA légère, et de prestations fournies par des troupes de manœuvre provenant à tour de rôle des régiments sol-air légers des Forces.

Pour sa part, le Centre d’instruction et Dépôt du 405°RAA devient le 405°RAA le 1/7/1966 ; outre un Groupement d’instruction des recrues, il comprend le CIER (Centre d’instruction des exploitants radar) et le CPSOA (Centre de perfectionnement des sous-officiers d’active).

À Biscarrosse, la Section de champ de tir d’artillerie antiaérienne est dissoute en 1966 et ses moyens sont intégrés au 701°GAG (Groupe d’artillerie guidée) qui rejoint cette garnison à la dissolution du Centre Interarmées d’Essais d’Engins Spéciaux de Colomb-Béchar.

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33) Les Forces Terrestres Antiaériennes de Défense Aérienne

Début 1966, la décision est prise d’accorder une protection antiaérienne particulière aux bases des Forces Aériennes Stratégiques (FAS) qui commencent à être équipées de bombardiers Mirage IV et d’avions-ravitailleurs C-135F.

Cette décision se traduit en août 1966 et dans l’Armée de terre par les mesures suivantes :

-  Mise sur pied de dix batteries antiaériennes légères à deux sections de tir, à la disposition du Commandement des FAS,

-  Mise à disposition du Commandement de la Défense Aérienne (DA) des deux batteries Hawk opérationnelles du 401°RAA, du 58°GAAL et du 7°GAAMa.

En 1967, les 402°RAA et 403°RAA qui viennent de rentrer en France sont placés dans la même position.

  • Le CFTA-DA

Dès 1962 et jusqu’en 1966, des officiers sol-air de liaison sont mis en place auprès de trois centres de commandement de la Défense aérienne (Centre d’opération de la Défense aérienne : Taverny, Centres d’opération de zone de défense aérienne : Romilly, Aix-en-Provence).

L’accroissement des moyens sol-air de défense aérienne justifie la création d’une véritable structure de commandement et de liaison : c’est pourquoi, aux ordres du général Pialoux, le CFTA-DA (commandement des Forces Terrestres Antiaériennes de la Défense Aérienne) est créé le 1/6/1968, stationné au Camp des Loges (Saint-Germain-en-Laye).

Relevant directement du CEMAT, son chef a pour mission de traiter en liaison avec le Commandant de la DA des questions relatives à l’emploi et à la mise en œuvre des unités de protection aérienne prêtées par l’Armée de terre ; il autorité sur les batteries "FAS".

  • Les batteries FAS

Les batteries dites "FAS" sont des unités d’ASA de l’Armée de terre spécialement créées et positionnées en permanence sur des bases des FAS.

Dès le temps de paix, chacune a mission d’assurer la protection particulière d’un point vulnérable de sa base d’affectation ; l’implantation de ses canons y est préparée et elle n’occupe ses positions de tir qu’en cas d’alerte.

Son contrôle tactique est exercé par la CETAC (cellule tactique) de la Base. Sa mise en œuvre est dirigée par le CFTA-DA.

Les Batteries FAS sont numérotées, localisées et équipées comme indiqué en annexe. Elles sont abord affectées administrativement au 1°RAMa et au 405°RAA mais leurs rattachements aux régiments d’artillerie sol-air évolueront par la suite, selon un critère de proximité géographique.


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4) La situation en 1970

Le 1er novembre 1970, à des fins d’unicité apparente de l’Arme de l’Artillerie, les unités d’ASA formant Corps changent d’appellation et deviennent toutes des Régiments d’artillerie.

Les régiments "400" conservent leur ancien numéro (401, 402, 403, 405). Les trois premiers mettent en oeuvre le Hawk.

Les ex-groupes d’ASA légère prennent le numéro de la série 50 qui correspond à leur Division d’affectation (51, 53, 54, 58).

La transformation du 7°GAAMa en 57°RA marque pour sa part la fin de l’appartenance de tout Corps sol-air aux Troupes de marine (il a existé au 402°RA, jusqu’en 1967, une batterie - B4 - alimentée en personnel de l’Artillerie de Marine).

Ces régiments d’ASA légère sont des régiments antiaériens "canon", dotés du Bitube de 30, de canons Bofors de 40 et de Half-track (véhicules semi-chenillés) M16.

À la même date, le 701°GAG devient le 17°RA qui est chargé de contribuer à l’organisation des écoles-à-feu antiaériennes ; il reçoit également une mission de participation aux essais "Constructeur" des matériels sol-sol et sol-air destinés à l’Armée de terre et assume celle de soutien local de la STAT (Section technique de l’Armée de terre).


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[1] Selon G. Dessornes, ce n’est pas la vrai raison. Le premier stage Nike visait l’étude du missile AJAX, dont le systéme était la pleine réalisation de ce qui était attendu du PARCA, dont on cherchait encore le propulseur. C’est à l’exemple de l’AJAX que l’on retiendra les blocs de poudre Epictètes...

[2] Selon G. Dessornes, il y a confusion entre le Hawk et le Nike... C’est le Nike qui a été perçu à Tobin-Wells (dépendance de Fort-Bliss). Le Hawk a été perçu sur la base italienne de Montichiari (près de Brescia), où s’effectuait la recette des Hawk fabriqués en Europe.

Les batteries FAS

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