Les FTA dans les opérations d’outremer (1954-1962)
Plan
1) L’évolution du contexte d’emploi et nouveau rôle des FTA.
2) Les engagements mineurs outremer
21) Participation à la Guerre d’Indochine,
22) Opérations au Maroc (1955-56),
23) En Tunisie,
24) Expédition de Suez.
3) Les FTA dans la guerre d’Algérie (1954-1962),
31) Avant de début des "Événements",
32) Participation aux opérations dès 1955,
33) Participation aux opérations à partir de 1956,
34) Les transferts de FTA du Maroc en Algérie en 1957-58.
35) L’artillerie antiaérienne sur les barrages frontaliers.
4) Les Centres d’Instruction et Dépôts des régiments de FTA.
5) Les FTA au terme des campagnes africaines.
Annexes 1, 2 et 3.
1) L’évolution du contexte d’emploi et nouveau rôle des FTA
La période 1954-1962 est marquée par un changement très important du rôle attribué aux Forces Terrestres Antiaériennes françaises.
D’abord, il se développe à l’Est de l’Europe une menace de plus en plus musclée face à laquelle l’OTAN presse ses membres (dont la France) d’accroître leurs efforts.
Par ailleurs, en termes budgétaires, le développement des forces nucléaires nationales stratégiques commence à peser lourdement sur les budgets de la Défense.
Enfin et surtout, les troubles qui se produisent dans l’Union Française et qui accompagnent la disparition progressive des colonies ont une très forte incidence sur les armées françaises ; leurs capacités antiaériennes ne sont que peu sollicitées puisqu’il ne s’y exerce pas quasiment pas de menaces aériennes sur ses troupes au sol.
Les interventions militaires menées hors du territoire métropolitain conduisent à un changement de rôle de la majorité des unités de FTA qui deviennent des Groupes à pied, engagés profondément jusqu’en 1962 en Afrique du Nord (AFN), dans des tâches dites alors "de maintien de l’ordre".
Dans leur grande majorité, les FTA françaises vont devoir changer complètement de mission et de nature, la fourniture par les unités antiaériennes de combattants d’infanterie prenant le pas sur les autres considérations.
Ainsi procède-t-on dans la plupart des Corps antiaériens à la création de Groupes de marche (à pied, c’est à dire sans armement sol-air), destinés en majorité à accomplir outremer des tâches dites de pacification. Et, le plus souvent, lorsque ces Groupes deviennent eux-mêmes des Corps, les reliquats des formations-mères sont transformés en Centres d’instruction et Dépôts, principalement chargés d’alimenter en personnels instruits les unités qui se trouvent en Afrique du Nord (AFN).
2) Les engagements mineurs outremer
21) Participation à la Guerre d’Indochine
Le 1/9/1949, en Algérie, est formée au 411°RAA la 5ème batterie qui est destinée à l’Indochine. Le 1/12/1949, elle y devient la 4ème batterie du Groupe de marche du 64°RAA et se déploie à Gia Lam (Hanoï).
Le 1°GAACEO (Groupe d’artillerie antiaérienne coloniale d’Extrême-Orient), recréé le 1/12/1950, se distingue du 3/3 au 8/5/1954 par l’envoi à Dien-Bien-Phu d’un détachement de marche fort d’une section aux ordres du lieutenant Paul Redon, avec 4 affûts quadruples de mitrailleuses de 12,7 mm qui sont employés en tir à terre jusqu’à l’anéantissement total du camp retranché. Le Groupe est transformé en Régiment d’artillerie antiaérienne colonial d’Extrême-Orient (RAACEO) à deux Groupes, le 1/11/1954, à Tourane et Haïphong.
22) Opérations au Maroc (1955-56)
Des émeutes populaires éclatent en 1953 à Casablanca, et une extension aux autres villes est à craindre tandis que la France installe un nouveau sultan, Mohamed Ibn Arafa. Ces troubles perdurent jusqu’au retour du précédent sultan Mohamed ben Youssef (père d’Hassan II) et jusqu’à la proclamation de l’indépendance du Maroc, le 2/3/1956.
Le maintien de l’ordre au Maroc requiert la présence d’effectifs militaires plus nombreux auxquels les FTA contribuent.
Depuis 1946,le 7°RAC y est présent, sous différentes formes. Le 1/1/1953, il y devient 7°RAAC (régiment d’artillerie antiaérienne colonial) qui est aussitôt réduit à un Groupe, le I/7°RAAC, stationné à Casablanca et Mazagan jusqu’au 27/5/1958, date à laquelle il rejoint l’Algérie.
Plusieurs Groupes de marche (GM) issus des FTA sont formés en France à partir de l’été 1955 et sont envoyés au Maroc, où ils forment corps :
Deux GM proviennent du 401°RAA ; il y a création le 1/9/1956 de la 401ème demi-brigade et des groupes I/401 et II/401. Le I/401 reste au Maroc jusqu’en 1957 ; il est ensuite envoyé en Algérie dans la région de Toggourt. Le II/401 est au Maroc jusqu’en 1958 (il est envoyé en Algérie et dissous à Zéralda le 30/4/1958). La 401ème demi-brigade est dissoute le 1/4/1959.
Un GM vient du 402°RAA, présent au Maroc de 1955 à 1957, dans la région sud de Casablanca. Il y devient le I/402°RAA, le 1/6/1956. Préparé pour l’expédition de Suez à laquelle il ne participera pas, il est ensuite envoyé en Algérie le 15/7/1957.
Un GM est formé au 404°RAA et présent au Maroc de 1955 à 1957, dans les régions de Meknès et Casablanca. Il devient le Groupe I/404°RAA, le 1/6/1956, constitué en Groupe antiaérien équipé de 40 Bofors en vue l’expédition de Suez (août à octobre 1956) puis renvoyé dans la région de Safi. Il rejoint l’Algérie le 6/4/1957.
Deux autres GM, formés le 7/9/1955, proviennent du 406°RAA. Il y a création le 1/9/1956 de la 406ème demi-brigade (à Agadir et Oujda), formée de deux Groupes : I/406 et II/406. Après avoir participé aux opérations locales (régions de Ouarzazate, Rif, Oujda, Agadir), le I/406 est envoyé en Algérie le 10/5/1958. Le II/406 participe lui aussi aux opérations locales (région de Oued Zem, Rif, Marrakech) ; en avril 1958, il est déplacé à Bizerte et y devient le Groupe de marche du 412°RAA, le 28/4/1958. La 406ème demi-brigade est dissoute le 1/2/1958.
Un GM du 12ème RAAC de Toulouse est envoyé au Maroc le 7/10/1955 ; il y devient le I/12°RAAC, engagé dans le Rif et dans la vallée de l’Ouergha jusqu’au 24/7/1957.
Le II/435°RAA est créé le 1/4/1956 en Algérie,và Beni Bahdel, par transformation du 54° Bataillon de tirailleurs algériens. Groupe à pied sans matériel, il est envoyé au Maroc (régions de Taourirt et Fès) de juillet 1956 jusqu’à son retour en Algérie en avril 1957.
Le III/435°RAA est formé le 1/4/1956 en Algérie, par transformation du 59° Bataillon de tirailleurs algériens. Groupe à pied sans matériel, il est présent au Maroc (région de Meknès) de juillet 1956 jusqu’à sa dissolution en avril 1957.
Le 454°GAA est déplacé de France au Maroc (région de Taourirt) de janvier 1956 jusqu’à son envoi en Algérie en juillet 1956.
23) En Tunisie
Les années 1953 et 1954 sont marquées par la multiplication des attaques contre le système colonial : le mouvement nationaliste encourage la création dans les différentes régions de véritables unités de combat qui mènent une guérilla de harcèlement des forces régulières. Cette situation difficile est apaisée par la reconnaissance de l’autonomie interne de la Tunisie, concédée par la France le 31/7/1954.
Des unités portant le numéro 412 participent au maintien de l’ordre en Tunisie, de 1954 jusqu’à 1960 :
Depuis 1946, le I/412°RAA formait corps en Tunisie. Il y devient 412°RAA à un Groupe le 1/4/1956, à Bizerte. Ce régiment est réduit au seul I/412, le 1/9/1957.
Le 10°RAA (issu de la transformation en régiment antiaérien du 10°RA de Vannes, le 16/2/1947) forme un Bataillon de marche qui est envoyé à Kairouan, du 17/10/1955 au 8/10/1956.
Le II/406°RAA devient le Groupe de marche du 412°RAA, le 24/4/1958.
Les deux groupes du 412°RAA précités sont dissous le 15/2/1959. Leurs reliquats entrent dans un nouveau 412°RAA qui est formé le 16/2/1959, par transformation du 62ème Régiment d’artillerie d’Afrique. Ce régiment est dissous le 15/12/1960.
24) Expédition de Suez
Le 26 juillet 1956, le colonel Nasser opère la nationalisation du canal de Suez. Le 29 octobre, les troupes d’Israël envahissent la bande de Gaza et le Sinaï puis atteignent rapidement la zone du canal.
Le 31 octobre, la France et le Royaume-Uni entament des opérations militaires contre l’Égypte afin de forcer la réouverture du canal ; malgré leur total succès opérationnel, elles cessent rapidement leur avance sous la pression internationale et doivent se retirer.
Des formations de FTA françaises ont été préparées en vue cette expédition mais n’y prennent pas part.
Ce sont (déjà cités) :
le I/402°RAA, formé au Maroc le 1/6/1956,
le I/404°RAA, formé le 1/6/1956 et reconstitué en Groupe antiaérien équipé de 40 Bofors,
le I/423°RAA, formé le 6/8/1956 et équipé de canons de 90, de radars Cotal et de PHF.
3) Les FTA dans la guerre d’Algérie (1954-1962)
Devant la montée des actes terroristes et de l’insécurité en Algérie, le besoin d’effectifs très importants pour assurer le "quadrillage" conduit les forces terrestres françaises à un nouveau tournant. L’Armée de terre se transforme globalement et très vite en une armée formée en majorité de combattants à pied et elle multiplie ses effectifs, d’abord par rappel de classes de conscrits puis par l’allongement progressif de la durée du service militaire jusqu’à 27 mois.
Entrainée par ce mouvement, la présence en Algérie des formations issues des FTA y croît d’années en années. Les Groupes formant corps vont y être organisés selon 4 types différents :
La plupart de ces formations n’effectuera que des opérations dites de quadrillage et de pacification (le mot "guerre" n’étant pas encore officiellement prononcé), certaines étant cependant affectées à partir de 1957 à la surveillance et à l’intervention sur les barrages frontaliers.
31)Avant de début des "Événements"
En 1954, l’Algérie comporte trois Divisions militaires territoriales dans lesquelles stationnent des régiments de l’Artillerie d’Afrique :
à Alger, le 66°RA,
à Oran, le 65°RA,
à Constantine, le 67°RA plus, à Batna, le Groupe mobile 2/4°RA (métropolitain).
À Alger et Oran, le Groupe antiaérien 1/411 est présent depuis 1946 ; il y devient le 411ème régiment d’artillerie antiaérienne (RAA) le 16/3/1956, engagé dans des opérations locales de maintien de l’ordre.
32) Participation aux opérations dès 1955
Plusieurs Groupes de marche sont constitués au sein des FTA :
403°RAA : le 16/9/1955, formation de deux Groupes de marche, à pied, envoyés en Algérie. Création le 1/7/1956 de la 403ème demi-brigade et des Groupes I/403 et II/403. Le I/403 opère dans les régions de La Moricière, Tlemcen et Aflou, il est dissous 30/9/1960. Le II/403 est présent dans la région Tlemcen jusqu’en 1956, puis envoyé sur le barrage Ouest.
405°RAA : formation d’un GM le 1/9/1955 qui devient le Groupe I/405, le 1/6/1956, actif dans la région ouest de Constantine jusqu’à sa dissolution le 31/10/1961.
421°RAA : un GM à pied est formé le 1/9/1955 ; il devient le Groupe I/421, le 1/6/1956. Il est présent en Algérie de 1955 (région de Beni Bahdel, Lambèze, Batna) jusqu’à sa dissolution le 1/10/1961.
452°GAA : envoyé en Algérie en juin 1955. Il y est transformé en Groupe à pied le 1/6/1956. Il opère dans les régions de Boufarik, Souk-Ahras jusqu’en 1960, puis il est rééquipé de canons de 40, intervient autour de Laverdure et Duvivier, autour de Sedrata à partir de 1961 puis de Bône jusqu’à son retour en France. Il est dissous à Sissone le 28/2/1963.
61°RAA (créé par transformation du 61°RA, régiment d’artillerie de campagne, le 16/1/1947, à un Groupe antiaérien lourd) : transformé en Groupe à pied et envoyé en Algérie à partir du 15/12/1955. Il y redevient un Groupe d’artillerie de campagne, le 1/6/1962.
23) Participation aux opérations à partir de 1956
La présence des FTA à pied s’accroît alors notablement :
I/408°RAA : Groupe formé le 1/9/1956 par transformation du 272° Bataillon d’infanterie et qui participe aux opérations de maintien de l’ordre dans les régions de Tizi-Ouzou, Grande Kabylie et Alger jusqu’au 6/6/1962. Il est envoyé au camp de Sissonne pour y être dissous le 30/6/1962.
410°RAA : un GM à pied est formé le 2/9/1955 ; envoyé en Algérie, il y donne naissance le 1/6/1956 à la 410ème demi-brigade à un état-major, une BCS et au Groupe I/410 qui opère dans les régions de Ménerville, Bouira, Ain Bessem. La 410ème demi-brigade (EM, BCS) est dissoute le 31/3/1957. Le I/410 participe aux opérations jusqu’à son retour à Douai en mars 1962 pour y être dissous et devenir le 458ème GAAL.
I/435°RAA : Groupe créé le 1/4/1956 en Algérie, par transformation du 53° Bataillon de tirailleurs algériens (lui-même ex-II/17ème RTA) comme Groupe à pied. Il participe aux opérations dans les régions de Ménerville (1956), Félix Faure (29/5/1956 au 9/40/1957) puis dans la région sud-sud ouest de Médéa jusqu’à sa dissolution, le 1/10/1959, date à partir de laquelle il forme diverses unités de support de SAS (Sections administratives spéciales).
454°GAA : ramené du Maroc et envoyé dans le secteur de Saïda de juillet 1956 à juillet 1962 ; il y devient le 454°GAAL le 1/5/1961.
457°GAA : formé le 1/3/1955 à Müllheim, par dédoublement du 454°GAA, transformé en groupe à pied sans matériel le 1/6/1956. Présent en Algérie de mai 1956 à janvier 1964, dans les régions de Rouiba, Ménerville, Chéria, Souk Ahras et Mers-el-Kébir, il devient le 457ème GAAL le 1/4/1960. Il est rapatrié et dissous à Saint-Avold le 31/5/1964.
Venant du 485°GAA de Karlsruhe, deux Batteries de marche formées le 1/5/1956 sont incorporées dès leur arrivée en Algérie au II/24°RA, le 29/6/1956.
Provenant du 486°GAA, la majorité du personnel qui y était formé est envoyé en Algérie et y participe à la constitution du I/27°RA.
34) Les transferts de FTA du Maroc en Algérie en 1957-58
L’indépendance du Maroc étant acquise, l’accentuation des troubles en Algérie conduit à y transférer des formations qui ont été précédemment évoquées. Ce sont :
À partir de 1957 :
. Le I/402°RAA, à compter du 15/7/1957, présent dans la région d’Orléanville jusqu’à sa dissolution le 1/8/1962.
. Le I/404°RAA, à partir 6/4/1957, actif dans les régions de Boufarik et Blida. Il y devient 404°GAAL le 1/10/1962 qui rentre en France pour y être dissous le 31/10/1963,
. Le II/435°RAA, présent en Algérie d’avril 1957 (régions de Bougie et Sétif) jusqu’à sa dissolution le 1/10/1959.
. Le I/12°RAAC, envoyé en Algérie du 25/7/1957 au 30/9/1962 ; il y opère successivement dans les secteurs de Relizane (Mendez) et de Mers-El-Kébir.
À partir de 1958 :
. Le I/401°RAA, engagé dans la région de Touggourt.
. Le I/406°RAA, présent en Algérie du 10/5/1958, régions d’Alger, Cavallo, Oued Zenati, jusqu’à sa dissolution le 15/6/1962.
. Le I/7°RAAC, transféré en Algérie le 27/5/1958 jusqu’au 23/7/1962, où il opère successivement dans les secteurs de Fleurus puis, à partir du 1/6/1958, de Colomb-Béchar.
En 1958, l’affectation en Algérie des Groupes à pied de FTA est détaillée en annexe 1.
35) L’artillerie antiaérienne sur les barrages frontaliers
Certaines des formations de FTA qui avaient rejoint l’Algérie apportent leur concours aux Barrages, obstacles terrestres électrifiés, surveillés, dont les abords sont battus par des feux d’artillerie, qui sont destinés à s’opposer aux pénétrations adverses à travers les frontières.
La situation tactique et la topographie des lieux conduisent, à partir de 1957, à implanter des postes « radars-canons » qui sont équipés pour surveiller le barrage et les terrains environnants et pour y effectuer des tirs sol-sol.
L’originalité de la contribution des FTA est ici d’utiliser très efficacement et à des fins terrestres des matériels dont la destination première est d’être antiaérienne : ce sont essentiellement les radars Cotal et les canons de 90 AA.
C’est le cas du II/403°RAA qui combattait déjà en Algérie (à pied) et qui est reconverti en 1957. Il couvre jusqu’en 1962 une zone allant d’El Aricha au nord à Méchéria au sud, avec son PC à El Aricha.
C’est aussi celui du I/7°RAAC (qui deviendra plus tard le I/7° RAAMa) déployé dans le département de la Saoura, son PC étant installé à Assi-El-Haouari puis à Colomb-Béchar, avec des postes étalés sur près de deux cents kilomètres.
Il faut noter également la participation d’autres formations d’artillerie à la sureté du barrage, équipées de radars du type AN/MPQ-4, AN/MPQ-10 ou SDS et de canons d’artillerie sol-sol. Ce sont :
Le 17°RA, présent en Algérie du 28/12/1957 qui est équipé le 1/1/1958 en radars-canons et qui assure la protection de la voie ferrée et du barrage depuis Méchéria jusqu’à Rouiba.
Les Groupes I/1°RAC et II/4°RAC (à confirmer).
Ce barrage et les opérations qui en découlent différent dans leur nature et leur finalité de ce qui se passe à l’Ouest. Ici on y combat directement, on y affronte des forces importantes venant de Tunisie. On y essuie souvent les tirs de l’adversaire.
Le 452°GAA, devenu Groupe du type 951 à 3 batteries de canons de 40, est présent près de Souk-Ahras et Duvivier, puis de Sédrata en août 1961.
Le 1/59°RA, envoyé en Algérie du 1/9/1956 au 12/8/1962, est transformé le 7/10/1957 en Groupe radars-canons, renforcé par une unité de détection de la Marine ; il assure sur environ 300 km, à partir du 1/7/1958, la surveillance du barrage de Lamy (nord-est de Souk-Ahras) à Négrine (120 km au sud de Tébessa), jusqu’au 27/6/1962. PC à Tébessa puis à Bir-el-Ater à parti du 1/2/1958. Rentré en France il est dissous à Sissonne en 1962.
Une des batteries du I/421°RAA vient renforcer temporairement le dispositif du 1/59°RA et s’installe du 30/6 au 1/12/57, au nord de Tebessa (Clairefontaine et Morsott), en poste radar-canon sur le barrage.
On y procède aussi à une surveillance particulière face à une menace aérienne susceptible de venir de l’Est, qui est sans doute insignifiante mais qu’on ne peut tenir pour totalement nulle. Trois chaînes de guet à vue sont mises en place, dénommées Juliette, Oscar et Papa et dont la cinquantaine de postes est armée en majeure partie par des personnels des FTA.
4) Les Centres d’Instruction et Dépôts des régiments de FTA
Chargés essentiellement d’instruire les recrues comme fantassins avant leur envoi en AFN, ces structures sont maintenues et actives dans les conditions indiquées en annexe 3.
5) Les FTA au terme des campagnes africaines
Les succès militaires notables qui sont obtenus contre la rébellion et le renforcement des barrages entraînent la dilution des bandes rebelles, ce qui conduit à l’allègement sur le territoire algérien du dispositif impliquant des unités issues des Armes d’appui.
Aussi, dès janvier 1961, les FTA en Algérie perdent-elles trois batteries tandis que seize autres changent de format, passant du type 023 au type 107.
Pendant les mois de janvier et février 1961, à l’occasion du référendum, des batteries de marche qui ont été spécialement constituées sont envoyées en Algérie, issues des 451°GAAL et 453°GAAL.
L’indépendance de l’Algérie étant prononcée, nombre de formations de FTA vont disparaître, selon les modalités et le calendrier figurant en annexe 2.
Les Corps de FTA qui restent activés rentrent en France, à l’exception du 454°GAAL qui est maintenu dans l’enclave de Mers-el-Kébir jusqu’à être ramené en métropole pour y être dissous, le 31/7/1964.
Par ailleurs, dès 1960, l’Armée de terre a commencé à se restructurer selon le modèle dit de la "Division 59", nouvelle Grande Unité qui comprend des EOD (éléments organiques divisionnaires) et trois Brigades interarmes.
Dans ce nouveau schéma d’organisation divisionnaire, on ne trouve des FTA que parmi les EOD, à raison d’un seul groupe à trois batteries de huit canons de 40 Bofors par Division.
Avec la fin du conflit algérien, on fait donc table rase des unités d’origine antiaérienne qui n’y ont pourtant pas failli. Les FTA sont réduites en 1962 au dispositif ci-dessous :
423°RAA, Groupe lourd, à Kehl,
Quatre Groupes divisionnaires : 451°GAAL (Bitburg), 453°GAAL (Müllheim), 458°GAAL (Douai) et 7°GAAMa (Colmar),
ESAA à Nîmes et 407°RAA (son corps support),
Centre d’instruction du 405°RAA (Hyères).
Leurs personnels s’interrogent sur leur avenir et leur moral est en forte baisse ; les canons de 40 sont en nombre insuffisant et en mauvais état, les Half-trac M16 proviennent de récupérations et doivent être sérieusement révisés, etc.
La DCA de l’Armée de terre n’avait jamais atteint jusqu’à ce jour un niveau aussi bas.
Pourtant son renouveau fondamental est déjà été enclenché et elle a même déjà connu - temporairement et en Allemagne, il est vrai - une puissance exceptionnelle avec l’entrée en service opérationnel du système d’arme Nike, en prélude à l’arrivée du Hawk.
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