Les FTA françaises dans la Reconquête
Plan
1) Les combats fratricides au Levant.
3) Libération de la Corse (septembre-octobre 1943).
4) Libération de l’Ile d’Elbe (juin 1944).
5) Les FTA du Corps Expéditionnaire Français en Italie.
6) Les FTA françaises dans le débarquement de Normandie.
7) Les FTA françaises dans le débarquement de Provence.
8) Les FTA de la 1ère Armée Française.
9) État des FTA au 8 mai 1945.
1) Les combats fratricides au Levant
Le 8 juin 1941, un corps expéditionnaire multinational sous commandement britannique attaque les forces armées françaises du Levant. Ces troupes qui sont restées fidèles au Gouvernement de Vichy sont commandées par le général Dentz.
Parmi celles-ci, se trouvent le Groupe autonome colonial de DCA du LEVANT et le 421° Groupement de DCA à 2 Groupes ; jusqu’au 13/7/1941, son I° Groupe est engagé dans la région de Rayak, le II° Groupe défend Damas puis Balbeck.
Aux côtés des Alliés leur font notamment face des unités des Forces Françaises Libres, commandées par le général Legentilhomme.
Après une série de durs affrontements (y compris entre Français) marqués de part et d’autre par des succès et des revers, l’avance alliée se poursuit et Damas tombe sans combat le 21 juin.
Des négociations ont lieu ; elles se terminent par la convention de Saint Jean d’Acre, signée le 14 juillet 1941. Conformément à ses modalités, les soldats vichystes ont la possibilité de se rallier aux forces alliées, les fonctionnaires et militaires français refusant de les rejoindre étant renvoyés en France.
Il en résulte pour les FTA les mesures suivantes :
Le Groupement 421 est dissous.
Le Groupe colonial est rapatrié en France en juillet. Il est ensuite transféré au Maroc en août, réorganisé le 1/10/1941 pour devenir le III/RACL, puis, à Casablanca, le Groupe colonial de DCA du Maroc le 1/7/1942. Il devient le 16/2/1943, le 25° Groupe autonome colonial de FTA qui donne naissance au 41° Groupe colonial de FTA, le 16/8/1944.
Le 1/6/1942 voit la formation de la 7° batterie coloniale de DCA dans les Forces Françaises Libres(territoire Sud-Syrie).
2) La Campagne de Tunisie
Le 8 novembre 1942, les Alliés débarquent de vive force en Afrique du Nord (Maroc et Algérie). Peu après, les 60.000 hommes de l’Armée d’Afrique, commandés par le général Juin, se rallient aux Alliés et viennent ainsi renforcer leurs 30.000 soldats.
Les forces françaises ralliées sont essentiellement des troupes d’infanterie, sans appui de chars et avec de l’artillerie vieillotte, dont l’armement et les équipements ne sont autres initialement que ceux qui proviennent du "camouflage".
Des unités françaises participent en Tunisie à la résistance contre les offensives allemandes de janvier et février 1943 puis au retour offensif des Alliés jusqu’au rejet total de Tunisie des forces de l’Axe, qui est achevé le 8 mai 1943.
Les FTA qui prennent part à cette campagne, entre le 5/2 et le 13/5/1943, sont des éléments des formations suivantes :
III° Groupe du Groupement de DCA-DAT 410 à 3 batteries de 75 mm modèle 32, qui part de Meknès en décembre 1942, et qui est mis en Algérie à la disposition du Groupement Welwert (19°CA),
IV° Groupe du Groupement de DCA-DAT 411, maintenu à la défense de Bône,
V° Groupe du Groupement de DCA-DAT 411, à 3 batteries,
I° Groupe du Groupement de DCA-DAT 412, à 4 batteries (75 sur remorque modèle 34 et canons de 25 CA).
22° Groupe Antillais de DCA, à partir de mars 1943 (après la campagne de Lybie de la 1ère DFL).
3) Libération de la Corse (septembre-octobre 1943)
Devenu commandant en chef des forces françaises, le général Giraud monte l’opération "Vésuve" qui vise à faire libérer la Corse par les seules forces nationales.
Sous les ordres du général Henri Martin sont placés la 4ème DMM (division marocaine de montagne), le 1er Bataillon de Choc et le 2ème Groupe de tabors marocains.
L’opération commence, le 13 septembre 1943, par le débarquement des commandos de Choc autour d’Ajaccio. Le 15ème GAFTA (canons de 90mm, en réserve générale) et le 33ème GAFTA (unité organique de la 4ème DMM [1] équipée de 40 Bofors) participent aux opérations de Corse.
4) Libération de l’Ile d’Elbe (juin 1944)
La 9ème DIC (division d’infanterie coloniale, alors essentiellement à base de tirailleurs sénégalais) prend une part essentielle aux combats livrés sur l’ile d’Elbe, notamment avec le 26ème GCFTA (équipé de 40 Bofors), son unité organique de DCA.
Egalement présent, le 15ème GAFTA et ses canons de 90 fournissent un apui feu sol-sol très apprécié, notamment en tirant sur le littoral continental italien.
5) Les FTA du Corps Expéditionnaire Français (CEF) en Italie
Le temps nécessaire à l’entraînement de ses unités avec les matériels américains retarde l’envoi en Italie du Corps Expéditionnaire Français, placé sous l’autorité du général Juin et intégré à la V° armée américaine du général Clark.
La première division à être prête (la 2ème DIM) débarque fin novembre 1943 à Naples puis une deuxième vague (3ème DIA et Tabors) y arrive, fin décembre.
Quatre divisions françaises sont engagées en Italie, fin février 1944 (trois Divisions issues de l’ancienne Armée d’Afrique et une formée de troupes FFL). Elles convainquent définitivement les Alliés de leur valeur en cassant le verrou du Mont-Cassin (mai 1944), opération conçue par le général Juin et qui ouvre la route de Rome.
Le CEF possède les FTA suivantes :
Artillerie antiaérienne légère (40 Bofors) des Divisions :
4ème DMM : 33ème GAFTA,
2ème DIM : 41ème Groupe colonial de FTA,
3ème DIA : 37ème GAFTA,
1ère DIM/1ère DFL : 21ème Groupe Antillais de DCA.
Artillerie antiaérienne de réserve générale :
40ème Groupe colonial de FTA,
32ème GAFTA,
34ème GAFTA,
17ème GAFTA (Groupe lourd, engagé après la bataille du Garigliano),
23ème GAFTA (engagé après la bataille du Garigliano),
49ème Groupe de guet (formé le 1/4/1943, passé à l’Armée de l’Air le 1/3/1944).
6) Les FTA françaises dans le débarquement de Normandie
Le 20 janvier 1944, les Américains précisent que deux corps d’armée français, totalisant cinq divisions d’infanterie - dont celles du CEF d’Italie - et deux divisions blindées, participeront à l’opération envisagée dans le Sud de la France et qu’une division blindée française participera à celle qui sera menée dans le Nord. ce sera la 2ème Division blindée, commandée par le général Leclerc.
Formée et entraînée en mai 1943 en Afrique du Nord, au lendemain de la marche héroïque du Régiment du Tchad depuis Fort Lamy jusqu’à Tripoli et de sa participation aux victoires de la 5ème Armée britannique du général Montgomery, passée de 3.000 à 12.000 hommes, la 2°DB part en avril-mai 1944 s’entraîner en Angleterre puis elle débarque en Normandie, à Utah Beach, le 1er aout. Elle dispose du 22ème GCFTA, le Groupe Colonial de FTA équipé de canons de 40 mm montés sur GMC.
7) Les FTA françaises dans le débarquement de Provence
En juillet 1944, le CEF d’Italie est dissous et ses troupes passent sous le commandement du général de Lattre de Tassigny pour former le plus gros de l’Armée "B" dont les forces participent au débarquement de Provence, en août 1944.
Les douze Groupes de FTA [2] dont celle-ci dispose sont les suivants :
Provenant du CEF et qui ont libéré l’Italie :
À la 9ème division d’infanterie coloniale, qui a libéré l’Ile d’Elbe : le 26ème GCFTA.
Dans les deux divisions blindées nouvellement créées :
8) Les FTA de la 1ère Armée Française
Le 28 août, la Provence est libérée.
Deux semaines après, l’Armée française (Armée "B"), poursuivant l’ennemi en retraite par les vallées du Rhône et de la Saône et par la route des Alpes, s’empare du plateau de Langres, atteint les contreforts des Vosges et arrive au contact des défenses couvrant les places de Montbéliard et de Belfort, réalisant une avance de 750 kilomètres, malgré la résistance acharnée des arrière-gardes ennemies, remportant un succès stratégique décisif le 12 septembre et faisant sa jonction avec les forces alliées du Nord, à Châtillon-sur-Seine.
Aux unités de DCA citées ci-dessus sont venus s’adjoindre, formés en AFN et placés en réserve générale d’armée :
Du fait de la supériorité aérienne alliée, peu d’unités de FTA auront à effectuer des tirs antiaériens. Celles qui possèdent des canons de 90 mm les utiliseront en mode sol-sol ; les canons de 40 seront parfois mis en batterie en tir direct [3] ; les Groupes légers prêteront souvent leurs véhicules au transport d’autres troupes et de matériels.
9) État des FTA au 8 mai 1945
Fin 1944 et en 1945, intervient la formation de nouvelles Divisions qui sont alimentées en partie par des FFI et des FTP, ce qui donne naissance aux nombreux Groupes de FTA cités ci-dessous et dont l’existence sera très brève :
Unités aux armées
En mai 1945, on dénombre trente-cinq Groupes de FTA dont l’état de disponibilité opérationnelle est variable, selon leur grande unité d’appartenance, comme l’indique le tableau ci-après. Une vingtaine d’entre eux ont pris part aux combats de libération du territoire national et d’envahissement de l’Allemagne.
Unités endivisionnées, canons de 40 mm
Divisions d’infanterie :
1ère DMI : 21°GCFTA (ex-Antillais)
2ème DIM : 41°GCFTA
3ème DIA : 37°GAFTA
4ème DMM : 33°GAFTA
9ème DIC : 26°GCFTA
Divisions blindées :
1ère DB : 38°GCFTA
2ème DB : 22°GCFTA
5ème DB : 31°GCFTA
1ère DI : 101°GAFTA
10ème DI : 110°GAFTA
14ème DI : 114°GAFTA
36ème DI : 136°GAFTA
27ème DA : 127°GAFTA
Divisions d’infanterie :
19ème DI : 119°GFTA
23ème DI : 123°GFTA
25ème DI : 125°GFTA
Division blindée :
3ème DB : 103°GFTA
Divisions coloniales d’Extrême-Orient :
1ère DCEO : ? 2ème DCEO : ?
Formations du Niveau Armée ou en réserve générale :
Groupes d’AA lourde : 11° à 17° GAFTA dont le 13°GCFTA.
Groupes de 40 mm : 23°, 31°, 32°, 34°, 35° et 36°GAFTA, 40°GCFTA.
Groupes d’AA lourde : 161°, 162°, 163°, 164°, 171°, 172°, 173°GAFTA.
Groupes d’AA légère : 61°, 62°, 63°, 64°GAFTA.
Il convient de leur ajouter les unités d’instruction et de souveraineté restés en AFN :
le Groupement d’instruction du 410 (Marrakech),
des éléments restant du 411° Groupement(Algérie),
des éléments restant du 412°, à Tunis.
Les premières mesures de réorganisation
Le 401° RAA (RAA : régiment d’artillerie antiaérienne) est recréé le 1/3/1945 à partir des unités de FTA chargées de la défense antiaérienne de Paris :
Le I/405°, Groupe portant l’appellation de 1er Groupe du 405°RAA qui a été créé le 1/9/1944 à Marseille puis envoyé à Paris où il devient le I/401°RAA le 1/3/1945.
Le 191° Groupe de DCA, formé le 1/9/1943 à partir du Groupement 411 [4],
I/413°RAA [5].
Le 401° RAA est stationné au fort de Romainville, à Provins et à Nogent-sur-Seine. Il sera réorganisé à deux Groupes, le 15/3/1946.
Le 407° RAA est recréé le 1/3/1945 afin de regrouper toutes les unités AA de petit calibre de la Défense de Paris, avec :
Le 1er Groupe du Groupement de FTA 410, formé à Marrakech le 1/8/1944, qui a été envoyé en France et a participé à la Défense de Paris [6],
Le II/405°, Groupe portant l’appellation de 2ème Groupe du 405 qui a été formé le 1/10/1944 à Lyon,
Le II/413°RAA.
Le 407°RAA sera dissous le 15/3/1945, le II/407°RAA devenant alors le IV/401°RAA.
Le 401° et le 407°RAA sont équipés de matériels allemands (88 Flack) et anglais (radars GL2 ET GL3).
Le Centre d’instruction des FTA (CIFTA) est créé à Nîmes le 1/12/1944. Le 5/3/1945, il fusionne avec le COFTA 30 qui est transféré en France tandis qu’un Centre d’instruction d’Artillerie Antiaérienne du Territoire (CIAAT) est installé à Obernai.
Le 16/11/1945, ces entités disparaitront avec la création à Nîmes du Cours Pratique de Tir Anti-Aérien (CPTAA), avec une annexe à Hyères.
[1] Le 36ème Groupe de FTA (40 Bofors) qui a été formé le 1/5/1943 avec des éléments (algériens) du Groupement 411 était devenu organique à la 4°DMM le 23/5/1943 ; il est repassé en réserve générale le 1/9/1943 et a été remplacé à la 4ème DMM à cette même date par le 33ème GAFTA, à base marocaine.
[2] 12 et peut-être davantage, avec le 36° GCFTA qui a été versé en RG le 1/9/1943 et dissous en 1946 (pas de JMO). Le 13°GFTA pourrait avoir été dissous en février 1944.
[3] A titre d’exemple : le 19 avril 1945, en Allemagne la Batterie A du 41°GCFTA (2°DIM) dans laquelle servent 47 Asiatiques, repousse à Effringen une violente attaque terrestre ennemie. Peu après, le 27 avril, à Kichingen, le brigadier Vo Ba Tung disparaît lors d’un combat. Au cours de ses campagnes, l’unité a reçu quatre citations collectives à l’ordre de la division.
[4] Le 1/10/1943, en Algérie, le Groupement de DCA-DAT 411 avait été transformé en Centre d’organisation des FTA n° 30, suite à la création du 191°GDCA.
[5] Le 413°RAA a d’abord été reformé à un Groupe le 1/5/1944 (à partir des batteries n° 172 à 174 du 411°) qui a participé à la DAT de la Corse. Son second groupe (petit calibre) a été formé le 1/10/1944. Le 413° a été transféré à Paris le 25/1/1945 (sauf sa 1° batterie qui est devenue autonome).
[6] Le 1/9/1943, le 2ème Groupe du Groupement 410 avait formé sur place le 190° Groupe de DCA qui a été dissous en octobre 1944.