Histoire de l’Artillerie, subdivisions et composantes. > 1- Histoire de l’Artillerie > B- Histoire de la Défense Sol-Air pendant un siècle >
Chapitre 6 - La remontée en puissance (1942-1943)
 

Chapitre 6 - La remontée en puissance (1942-1943)

Plan

1) L’artillerie antiaérienne des Forces Françaises Libres.

2) Les nouvelles FTA d’Afrique du Nord.

3) À l’école du modèle américain.

4) La mise sur pied des nouvelles FTA françaises.


Le renouveau des forces armées françaises et leur participation à la libération du territoire national et à l’anéantissement de l’Allemagne hitlérienne ne se fait pas sans que renaissent des unités de défense contre avion qui appartiennent aux FTA (forces terrestres antiaériennes). À l’exception de celles qui resteront en AFN, elles vont être attachées à la protection et à l’appui des forces terrestres françaises également recréées avec lesquelles elles feront campagne.

1) L’artillerie antiaérienne des Forces Françaises Libres (FFL)

Au fur et à mesure du ralliement d’unités et de Français isolés sont constitués trois Groupements d’artillerie de campagne (un à la 1ère Brigade française libre, un à la 2ème Brigade et un à la Colonne Leclerc), plus deux unités de FTA, l’une formée par des fusiliers marins, l’autre par des artilleurs coloniaux.

Le 30 décembre 1941, le 1er Bataillon de fusiliers marins est transformé en unité de DCA, affecté à la 1ère Brigade Française Libre au sein de laquelle il participe en 1942 et 1943 aux combats de Bir Hakeim, El Alamein et à la Campagne de Tunisie.

Le 1/6/1942 voit la formation de la 7ème Batterie coloniale de DCA dans les FFL (territoire Sud-Syrie).

Les unités FFL de DCA d’Afrique du Nord constituent, en juin 1943, le 1er Régiment de marche de DCA légère, qui est dissous en janvier 1944 ; c’est alors le 21ème Groupe Antillais de DCA, ex-Bataillon de marche Antillais, qui lui succède au sein de la 1ère Division française libre.

Haut de page

2) Les nouvelles FTA d’Afrique du Nord (AFN)

Ce n’est qu’à partir du débarquement allié au Maroc et en Algérie (fin 1942) que la reconstruction de l’armée de terre française peut vraiment commencer.

Le 14 janvier 1943, s’ouvre à Anfa (près de Casablanca) une conférence réunissant Winston Churchill et Franklin D. Roosevelt, au cours de laquelle la stratégie alliée pour l’année 1943 est définie. La partie militaire du Mémorandum (qui traite du réarmement des forces françaises) et les commentaires marginaux de Roosevelt constituent ce que l’on appellera plus tard le Plan d’Anfa, lequel prévoit initialement la création d’une dizaine de Divisions françaises.

Dans un premier temps, cinq Divisions d’infanterie plus des appuis placés en Réserve générale sont progressivement constitués en AFN, à partir des unités de l’Armée d’Afrique qui ont déjà participé à la campagne de Tunisie, des troupes coloniales venues d’Afrique Occidentale et des Forces de la France Libre qui arrivent du Moyen Orient ou de l’Afrique Centrale, après deux ans de guerre.

Certains viennent même d’Indochine. A titre d’exemple, le 41ème Groupe Colonial des Forces Terrestres Antiaériennes, à base de canonniers malgaches, est mis sur pied à Casablanca le 1er juillet 1943 ; il est renforcé par deux sous-officiers et soixante-huit asiatiques provenant des 5ème et 11ème Compagnies du 1er Bataillon de Pionniers Indochinois qui ont été détachées au Maroc.

Les Grandes unités interarmes ainsi formées sont :

-   La 2ème DIM : division d’infanterie marocaine, créée le 1er mai 1943, engagée en Italie fin novembre 1943,

-   La 3ème DIA : division d’infanterie algérienne, créée le 1er mai 1943 par transformation de la division de marche de Constantine, engagée en Italie en décembre 194),

-   La 4ème DMM : division marocaine de montagne, créée le 1er juin 1943 à partir de la 3ème division marocaine motorisée, engagée en Italie en février 1944,

-   La 1ère DMI : division motorisée d’infanterie créée le 1er février 1943, la 1ère DFL (division française libre) prenant le 24 août 1943 cette appellation de 1ère DMI et étant engagée en Italie en avril 1944,

-   La 9ème DIC : initialement division coloniale motorisée, mise sur pied en mars 1943, transformée le 16 avril en 1ère DIC (division d’infanterie coloniale), elle prend l’appellation de 9ème DIC le 16 juillet 194),

-   Plus trois GTM (Groupes de Tabors marocains).

La formation des nouvelles unités antiaériennes françaises s’effectue dans ce cadre, sous pilotage du JRC (Joint Rearmement Commitee) américano-anglo-français.

Haut de page

3) À l’école du modèle américain

Alors qu’au cours de la première guerre mondiale c’est la DCA française qui avait servi d’exemple et de référence à la jeune DCA américaine, c’est l’inverse qui se produit à partir de 1943.

Depuis le milieu des années 20 [1], puis en observant les opérations allemandes, les Américains ont étudié et défini les bases de trois systèmes d’artillerie : antichar, de campagne et antiaérien.

La défense antiaérienne américaine s’appuie sur deux canons tractés (le canon de 90mm et le canon de 40mm Bofors) qui sont dotés d’appareils de préparation de tir ; elle donne la priorité aux divisions de manœuvre qui possède chacune un bataillon antiaérien à quatre batteries de huit canons de 40, tandis que les canons de 90 appartiennent aux échelons supérieurs.

La mobilité des batteries qui sont motorisées est totale, leurs moyens de transmissions reposent sur des postes radio portables ou montés sur véhicules.

Dans le concept US, les unités antiaériennes sont adaptées aux différents niveaux tactiques :

-   Armée : une brigade antiaérienne ou deux Groupes, soient trois bataillons de canons de 90, trois bataillons de canons de 40, deux bataillons de projecteurs et un bataillon de ballons de protection,
-   Corps d’armée : un Groupe à un bataillon de canons de 90 et deux bataillons de canons de 40,
-   Division : un bataillon de canons de 40 Bofors.

Le système de coordination US dans la 3ème dimension est placé sous la responsabilité de l’Armée de l’air.

Les Groupes antiaériens français devront donc se raccorder à des centres de renseignement de l’AAAIS (Anti Aircraft Artillery Information System) dotés de radars SCR-268 et alimentés en information par l’Armée de l’air.

Les formations antiaériennes françaises sont instruites conformément à la doctrine et à l’emploi de l’artillerie antiaérienne (AA) américaine

Les règlements ad hoc (Field Manual) ont été élaborés. Ce sont donc les structures du "Separate automatic weapons battalion" (AA 40 mm) et celle du "Antiaircraft battalion 90" qui sont retenues pour les unités françaises qui reçoivent des matériels US (les Groupes de 90 français seront dépourvus de radar SCR-584, jusqu’en 1945, faute d’approvisionnement).

La mission prioritaire de l’AA est d’assurer la protection des installations vitales des forces le long des lignes de communication, de ravitaillement et sur les axes d’attaque, contre l’observation aérienne, les bombardements, les attaques à basse altitude et en piqué, selon les priorités établies.

La mission secondaire de l’AA est de compléter l’action de l’artillerie sur des objectifs terrestres ou navals.

Haut de page

4) La mise sur pied des nouvelles FTA françaises

Les Groupes de FTA formés en AFN sont donc progressivement organisées à l’américaine et dotées d’armements fournis par les États-Unis et le Royaume Uni. Leurs personnels proviennent des anciens Groupements de DAT mais sont aussi des réservistes, des évadés de France et des volontaires venus des colonies.

Fin 1942, les premiers matériels de quatre batteries AA sont livrés par les Alliés aux Français ; ce sont ensuite quatre Groupes lourds, en juin 1943, puis suivent d’autres équipements.

Tandis que des officiers français sont envoyés se former aux États-Unis, des centres d’instruction technique sont montés dans les Divisions françaises nouvellement créées.

De mars à août 1943, au Maroc, le Groupement de DCA-DAT 410 met sur pied diverses unités de FTA et devient, le 1/8/1944, le Groupement de FTA 410 à Marrakech, à deux Groupes.

Le 1/10/1943, notamment à des fins d’instruction du personnel, le Centre d’organisation des FTA n° 30 (COFTA 30) est créé à Alger.

Les FTA françaises renaissantes sont réparties entre :
-   l’artillerie métropolitaine et l’artillerie d’Afrique,
-   l’artillerie coloniale.

Tous les Groupes de FTA créés forment Corps, c’est pourquoi ils sont le plus souvent identifiés comme étant des "Groupes autonomes" (GAFTA). Ils comprennent une batterie de commandement et des services (BCS, appelée batterie E) et quatre batteries de tir (désignées par les lettres A, B, C, D).

Les GAFTA sont numérotés comme suit :

-   Les Groupes n° 11 à 17 (dont le 13ème Groupe autonome colonial de FTA, créé en août 1944) sont des formations d’AA lourde, équipées du canon de 90 mm US, placées en réserve générale (RG) au niveau "Armée", dans lequel certains effectueront le débarquement de Provence puis les campagnes de France et d’Allemagne.
-   Des Groupes d’AA légère sont créés (un par Division, plusieurs en réserve générale) ; ils reçoivent des canons de 40mm Bofors et des mitrailleuses de 12,7 montées sur camion GMC. Ils sont numérotés de 21 à 41, quelle que soit leur appartenance (artillerie métropolitaine, artillerie d’Afrique, quatre d’artillerie coloniale).

Ces FTA françaises, venues d’AFN, vont être parties actives de la Reconquête en participant à la campagne d’Italie et aux campagnes de France et d’Allemagne.


Retour au Plan général
Haut de page
Chapitre suivant

[1] La défense des deux façades maritimes des USA a alors recueilli des financements importants dont le Coast Artillery Corps (auquel appartenait l’artillerie antiaériene américaine) a bénéficié.


____________

Base documentaire des Artilleurs