Chapitre 5 - Dans la tourmente
Plan
1) Participation des FTA aux opérations,
2) Les FTA de l’armée d’armistice,
1 annexe.
1) Participation des FTA aux opérations
A partir du 3 septembre 1939, le tir antiaérien est autorisé sur tout avion ennemi. Mais, pendant la "Drôle de guerre", l’aviation allemande ne procède qu’à des reconnaissances à haute altitude effectuées par des Dornier 17, hors de portée des quelques tirs de la DCA dont ils évitent de survoler les positions.
Le premier avion abattu par des français est un Heinkel 111 atteint par des tirs de la 11ème batterie du 403°RADCA, le 11/10/1939.
À partir du 10 mai 1940, le nombre et la puissance des attaques aériennes allemandes submergent les défenses antiaériennes que la vétusté de leurs réseaux d’alerte rend inopérantes. Du côté français, décidées en urgence pour tenter de faire face au danger aérien, les tentatives d’amalgame des moyens des Armées et de ceux de la DAT sont contrariées par la méconnaissance de la situation, par la sous-motorisation des unités et par la faiblesse de leurs moyens de transmissions.
Les différentes directives du Commandement prescrivant le concours de toutes les troupes à la lutte antiaérienne ne suffisent pas à endiguer la panique ou l’immobilisme face à la menace aérienne.
L’utilisation des canons de DCA est prescrite contre les chars ; elle devient courante, au sein de points d’appui dont la constitution est ordonnée.
On connait la suite...
Le bilan global de l’action de la DCA, pendant la campagne de France, s’établit autour de 300 avions abattus, selon la synthèse qui fut effectuée le 24/6/1940 par le Commandement supérieur des FTA. Une récapitulation des avions descendus par la DCA française, en mai/juin 1940, figure en annexe.
Sur le territoire métropolitain, aucune des formations antiaériennes et aucun des Centres d’instruction ne survit à la tourmente de 1940. En AFN, les unités de DCA sont intactes.
Parmi les actions originales auxquelles participèrent des formations de FTA on peut citer :
La 1026ème batterie antiaérienne du 404°RADCA qui embarqua à Brest le 26/4/1940 ; après être passée par Glasgow, elle fut engagée jusqu’au 7 juin 1940 dans le secteur de Narvik (Norvège) aux côtés du 2ème Groupe autonome d’artillerie coloniale, de la 342ème Compagnie autonome de chars de combat, de la 14ème Compagnie antichars. Elle fut ramenée à Brest le 15 juin.
Le 10 mai 1940, lorsque les troupes allemandes envahirent la Belgique et la Hollande, la France déclencha l’opération Dyle-Breda et son 1er Groupe d’Armées s’avança en Belgique. Au sein de la IXème Armée, Groupement Barbe, figurait la 100ème batterie du 404°RADCA avec ses canons de 25mm AA. Dans le Groupement d’Arras se trouvait le III/405°RADCA avec ses autocanons de 75 mm et sa 1016ème batterie équipée de canons de 25 mm tractés par des véhicules semi-chenillés Citroën.
La Ière Armée est éclairée par un Corps de cavalerie comportant les 2° et 3° Divisions légères mécaniques (2° et 3° DLM). Le 5ème Groupe du 402°RADCA, à trois batteries d’autocanons antiaériens de 75 mm, stationné à METZ, est initialement placé en appui de la 3° DLM.
À la suite des opérations qui seront menées en Belgique et en France, le reliquat du Groupe embarquera à Dunkerque le 3/6/1940 pour l’Angleterre puis, de retour en France, sera dissous dans la région de Muret (Haute-Garonne) le 20/8/1940.
2) Les FTA de l’Armée d’armistice
En vertu des conventions signées avec l’Allemagne (le 20 juin) et l’Italie (le 22 juin 1940), la France n’est pas autorisée à posséder d’unités antiaériennes. Ses unités des FTA sont désarmées et démobilisées ; près de 150 canons de DCA de divers modèles, autant de postes de tir centraux et 250 projecteurs sont livrés par la France à l’Allemagne.
Pourtant, après d’âpres négociations et faisant suite aux événements de Mers-El-Kébir, cette situation évolue.
Une nouvelle Défense aérienne du territoire (DAT) est autorisée par l’Allemagne et elle voit le jour le 5/8/1940 en zone non-occupée, ses personnels venant en plus des effectifs autorisés pour l’armée d’armistice.
Cette DAT métropolitaine est articulée en sept Groupements de DCA, simples organes de commandement, qui sont créés le 16/5/1941 à raison d’un groupement par division militaire (DM), sauf pour celui de Lyon qui en coiffe deux.
La DAT comprend ainsi 11 Groupes (chiffre porté à 20 en 1942). Ce sont :
Dans le Secteur nord-ouest :
12ème Groupement de DCA, créé à Lyon, qui coiffe les unités de FTA des 7ème et 14ème DM (Groupes 41/405 et 42/405 et trois compagnies de guet),
13ème Groupement de DCA, qui coiffe les unités de FTA de la 15ème DM (Groupes 36 à 38/405 et des compagnies de guet),
14ème Groupement de DCA, qui coiffe les unités de FTA de la 16ème DM (Groupes 95/404 et 96/404 et deux compagnies de guet),
Dans le Secteur sud-est :
21ème Groupement de DCA, créé à Châteauroux, qui coiffe les unités de FTA de la 9ème DM (Groupe 85/404 et une compagnie de guet),
22ème Groupement de DCA, créé à Limoges, qui coiffe les unités de FTA de la 12ème DM (Groupe 39/405 et deux compagnies de guet),
23ème Groupement de DCA, qui coiffe les unités de FTA de la 13ème DM (Groupes 89 et 90/404 et deux compagnies de guet),
24ème Groupement de DCA, qui coiffe les unités de FTA de la 17ème DM (Groupes 89, 91, 92 & 93/404 et deux compagnies de guet).
Au total, ces Groupes antiaériens possèdent environ 20.000 hommes qui arment :
. Deux batteries de 90mm,
. Trente-deux batteries de 75 mm CA (39 plus tard),
. Quinze batteries de 25 mm CA (27 plus tard),
. Sept batteries de projecteurs,
. Seize compagnies de guet.
Il y a lieu de leur rajouter quatorze batteries de 90 ou de 75 et quatre batteries de projecteurs de la Marine plus six batteries de 25 CA de l’Armée de l’air.
Un réseau de surveillance du ciel est mis en place, articulé en six zones géographiques. Autour de la Méditerranée, le dispositif déployé, prêt à agir à tout instant, assure la défense de Toulon, Marseille, Sète (et Toulouse) et celle des principaux terrains d’aviation. Une ligne de surveillance électromagnétique est mise en place, passant par Nîmes et Menton.
La création à Montpellier d’une école de DCA est décidée.
L’autorisation d’effectuer des écoles-à-feu à Palavas est accordée en décembre 1940.
Des commissions allemandes de contrôle sont omniprésentes et multi-compétentes (effectifs, matériels, instruction, ravitaillements, programme d’activités, etc.).
Toutes ces formations de DCA sont dissoutes et tous leurs personnels sont démobilisés, lors de l’invasion de la Zone Libre par les troupes allemandes et italiennes en septembre 1942. Celles-ci procèdent une nouvelle fois à des prélèvements d’équipements à leur profit et exigent des livraisons de matériels et de munitions.
Vingt-trois batteries de 75 sont autorisées par la Commission d’armistice, et elles sont placées sous contrôle italien ; elles proviennent de l’Artillerie d’Afrique.
Trois Groupements de DAT sont formés, le 1/1/1941. Ce sont :
Au Maroc, le 410ème Groupement à trois Groupes autonomes (neuf batteries),
En Algérie, le 411ème Groupement à quatre Groupes autonomes (dix-neuf batteries)
En Tunisie, le 412ème Groupement à un puis trois Groupes (sept batteries).
En novembre 1942, lorsque s’y produit l’attaque américaine, la DCA présente en AFN possède cette structure plus trois Groupes de la Marine.
Elle est alors forte de près de 10.000 hommes et comprend :
Quarante-cinq batteries de DCA de moyen calibre,
Six batteries de DCA de petit calibre,
Dix-neuf sections de DCA de petit calibre,
Six batteries de projecteurs.
Un réseau de guet y a été mis en place, qui comporte une ligne de détection électromagnétique couvrant Bizerte et Tunis.
En novembre 1940, à partir des éléments des régiments qui ont été dissous, deux régiments d’artillerie ont été reconstitués : le Régiment d’artillerie métropolitaine du Levant (RAML) à six Groupes dont deux de DCA) et le Régiment d’artillerie coloniale du Levant (RACL) à quatre groupes dont un de DCA.
En mai 1941, devant la menace d’une attaque britannique, trois batteries de 75 CA et trois batteries de 25 CA sont envoyées de métropole en Syrie.
En juin 1941, les mesures suivantes sont prises :
Le 421ème Groupement de DCA est formé à partir des deux groupes de FTA du RAML,
Le Groupe autonome colonial de DCA du LEVANT est formé à partir du Groupe de DCA du RACL.
3) La DCA de Vichy (1943)
L’invasion de la zone libre se produit le 11 novembre 1942. L’Armée d’armistice et la DCA sont démobilisées le 27.
Le 13 janvier 1943, le Gouvernement français (de Vichy) présente à l’Allemagne une demande de reconstitution d’une nouvelle armée dans laquelle figure de la DCA.
Cette demande est acceptée un mois plus tard ; elle autorise la mise sur pied d’unités françaises de DCA placées pour emploi aux ordres de la Luftwaffe : vingt-quatre batteries de quatre pièces de 75 CA, douze batteries à douze pièces de 25 CA et trois batteries de projecteurs. Des officiers de liaison allemands y seront présents à tous les niveaux.
Il est aussi prévu de constituer des unités de DCA ferroviaires (sept batteries de 25 CA montées sur 144 wagons) destinées à la protection de voies ferrées en Bretagne et en Normandie.
Un Centre d’instruction est même créé dans l’Indre, à Issoudun, avec une annexe à Neuvy-Pailloux ; les instructeurs sont allemands.
La dissolution de la DCA de Vichy est imposée par les Allemands le 23 novembre 1943 (l’opération "Torch", débarquement allié en Afrique du Nord, a commencé dans la nuit du 7 au 8 novembre).
Ainsi s’achève - sur une rupture totale - une période de 40 années au cours desquelles la défense contre avions française est née puis a acquis ses lettres de noblesse de 1915 à 1918, avant de disparaître avec les autres armées du pays dans la première phase du second conflit mondial. Cette DCA de l’Armée de terre ne retrouvera plus jamais ni son rang ni sa vocation à défendre et les forces armées et le territoire national.
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