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055- Historique du 54°RAD et du 54°RANA
 

Le "54" dans l’Entre-deux-guerres

Le 1/2/1919, a été formé à Lyon le Régiment d’Artillerie de marche des 54°RAC/254°RAC. Le 1/8/1919, ce régiment a repris l’appellation de 54° RAC (Régiment d’Artillerie de Campagne. En janvier 1924, ce régiment a pris l’appellation de 54° Régiment d’Artillerie Divisionnaire.

Le 54°RAD

Un de ses groupes de canons de 155 court, à deux batteries (13° et 16°), commandé par le chef d’escadron Michaud, s’est embarqué à Bordeaux sur le « Kentucky », le 19 mai 1925, pour Casablanca et a participé aux opérations de pacification du Maroc (dans le Rif, à Oued Leben, Hassi Medlon, Hassi Guenza) jusqu’au 11 novembre de la même année. Il a été de retour à Lyon le 17/11/1925.

Le régiment a été réorganisé en 1926, à un groupe de canons de 65 (Groupe d’artillerie de montagne), deux groupes de 75 et deux groupes de 155.

Le 54°RANA

Le 5/5/1929, après avoir été progressivement alimenté en soldats d’origine algérienne, puis marocaine, le 54°RAD a pris l’appellation de 54°RANA (Régiment d’Artillerie Nord-Africaine »).

En avril 1933, le Groupe de montagne a changé ses canons de 65 contre des canons de 75 Modèle 1928.

Après dissolution du Groupe de montagne, le régiment a été réorganisé le 14/11/1934 à quatre groupes de 75 hippomobiles et deux groupes de 155 hippomobiles, à effectifs renforcés.

Le 31/8/1939, à la mobilisation, le régiment s’est "dédoublé" et a formé :

  • le 54°RANA d’une part,
  • le 254°RANA, régiment d’artillerie lourde doté de 155 hippomobiles,
  • le XI° Groupe d’Artillerie du littoral.

Avec le 254°RANA, le 54°RANA a constitué l’artillerie de la 1° Division d’Infanterie Nord-Africaine (1°DINA ).

Participation à la Deuxième guerre mondiale

  • Première phase : avec la 1ère DINA

Au sein de la 1°DINA, grande unité placée en réserve générale à la disposition du Grand Quartier Général, après avoir procédé à la mise sur pied de son échelon A, à Lyon au quartier de la Doua, le 54°RANA se desserre par voie ferréele 28/8/1939, se rend dans les Alpes et cantonne dans la région de Humilly.

Il comprend alors trois groupes à chacun trois batteries de 75 hippomobiles et une 10° Batterie de défense antichar (BDAC) qui est toujours équipée de canons de 75.

Le 1/11/1939, la BDAC est dotée de canons antichars de 47mm.

Le 15/9/1939, le 54°RANA se porte dans la région de Verdun-Étain puis monte en Lorraine dans le secteur sud de Sierk où il effectue quelques tirs d’arrêt au profit du point d’appui d’Aspach. De décembre à mai 1940, il est ramené à l’entrainement, installé dans la région de Villers-Cotterets.

Du 13 au 15 mai 1940, il est transporté par voie ferrée autour de Valenciennes en vue d’appuyer un secteur du front à hauteur d’Avesnes-sur-Helpe. En raison des difficultés d’acheminement, le régiment se trouve alors disloqué et ses unités reçoivent presque exclusivement des missions antichars.

Le 1er Groupe du 54 (chef d’escadron Battesti) est engagé le 16 mai dans la trouée de Trélon (au nord de Fourmies), puis participe à la défense du centre de résistance de Wassigny. Il livre bataille sur le canal de Sambre à l’Oise entre Etreux et Catillon. Le 20, il est déployé autour de Maretz pour en interdire l’accès. Malgré sa résistance, une part importante du Groupe y est encerclée et capturée le 23 mai.

Le 16 mai, le 2ème Groupe du 54 (chef d’escadron de Saint-Étienne) se trouve dans la forêt de Mormal et fait retraite en direction de Dunkerque, en combattant autour de Béthune, Estaires, et la forêt de Nieppe, le 23 mai. Il arrête l’ennemi à Robecq le 24 mai. Puis, se trouvant en flèche dans le dispositif ami, il éclate en divers éléments.

  • Faisant mouvement en direction du nord, plusieurs de ses colonnes traversent le canal de Bergues et, avec le capitaine Putod, réussissent le 1er juin à embarquer pour l’Angleterre, non sans avoir détruit leurs matériels. Arrivés à Ramsgate, leurs hommes sont ramenés par la Marine nationale à Brest, le 3 juin, via Southampton. Ils sont à Bernay le 5 juin.
  • La colonne de la 4° Batterie, qui est commandée par le lieutenant Viellard, poursuit sa marche et entre dans le réduit de Dunkerque, à Hondschoote. A l’initiative et sous l’impulsion déterminée de cet officier, près de 200 hommes du régiment échappent à l’encerclement et s’embarquent tant bien que mal, à partir du 3 juin, sur un voilier abandonné(le Béatrice-Maud) à proximité de Malo-les-Bains. Ils parviennent à rejoindre l’Angleterre le 5, dans des conditions particulièrement difficiles. Le 6 juin, ils sont rapatriés sur Cherbourg. Le 8, ils retrouvent d’autres soldats du 54, dans la région du Mans.
  • Faisant mouvement en direction d’Amiens avec ses hommes et ses matériels, le capitaine Bernoux (qui en a reçu l’ordre) poursuit son repli, passe la Seine à Vernon le 23 mai puis cantonne à Pacy-sur-Eure aux côtés d’autres éléments de la 1°DINA.

Le 3ème Groupe du 54 combat autour de la forêt de Trélon puis dans celle de Mormal jusqu’au 18 mai ; il reflue ensuite en plus ou moins bon ordre en direction de Crèvecœur où il livre bataille avant d’être capturé en partie. Les éléments restant se replient tant bien que mal et se joignent à la colonne du II/54°RA qui contourne Amiens par le sud.

Le 19 à la tombée de la nuit, le chef de corps réussit à rejoindre les éléments du régiment qui retraitent vers Auneuil.

  • Deuxième phase : avec la 1ère DLINA

Le 6/6/1940, 1°DLINA (Division Légère d’Infanterie Nord-Africaine) est reformée dans la région du Mans. Le chef de corps du 54°RANA est chargé du regroupement de ses unités dans la région de Fille (Sarthe).

À partir du 8 juin 1940, le 54°RANA est progressivement reconstitué à deux Groupes de 75 hippomobiles, avec des éléments disparates provenant du 54°RANA, du 254°RANA et de la 4° Région Militaire qui ont été regroupés autour d’Auneuil. Son commandement reste confié au lieutenant-colonel Charles, le chef de corps du précédent 54°RANA.

Le régiment reçoit le 13 juin de la 4°RM l’ordre de se mettre d’urgence à disposition de la 1°DLINA et il est aussitôt renvoyé au combat pour défendre des ponts sur la Dive. Il se porte dans cette direction à marche forcée (rendue exténuante par l’utilisation de chevaux réquisitionnés) mais ne dépasse pas l’Orne, au nord-est de Condé-sur-Noireau.

Il participe à la défense des points de passage de Jort et de Falaise le 16 juin. Le 17 à 4 heures du matin, le régiment tient les ponts de Sainte-Croix à Argentan. Le dispositif de la 1°DLINA étant contourné par le sud, le régiment se replie sur ordre et dans la soirée vers la forêt d’Andaines, puis se porte à l’ouest de la Mayenne, vers Andouillé et Mayenne.

Le 1er Groupe du régiment est défait à Saint-Georges-Buttavent et Saint-Fraimbault dans la nuit du 18 au 19 juin, son 2ème Groupe ayant été capturé en grande partie dans la région d’Ecouché le 17 au soir.

Un petit détachement regroupant l’état-major du régiment (le chef de corps, 6 officiers, 5 sous-officiers et 13 hommes) échappe à l’encerclement le 19 juin et, par petites étapes, rejoint à pied le sud de la Loire et termine son repli à Le Blanc (Indre), à 450 km de là, le 7 juillet.

La dissolution officielle du 54°RANA est prononcée le 31 juillet 1940, à Draguignan.


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