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064- Historique du 64ème Régiment d’Artillerie d’Afrique
 

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HISTORIQUE DU 64ème RAA par Pierre Legrand, Vice-Président de l’Amicale

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L’étendard du 64 porte les inscriptions :

MAROC 1908-1934
GEMBLOUX 1940
DJEBEL MANSOUR 1943
GARIGLIANO 1944
STRASBOURG 1944
FORET NOIRE 1945
INDOCHINE 1949-1954

Peu de régiments d’artillerie peuvent se prévaloir d’une telle activité opérationnelle depuis la fin de la Première Guerre Mondiale et, sans nul doute, il est le seul de l’artillerie métropolitaine à pouvoir le faire, sans compter que celle-ci se poursuivra jusqu’à la fin de la Guerre d’Algérie en 1962.

Le Régiment, ses différents Groupes et ses Batteries, ont été décorés de la Croix de Guerre 1939-1945 avec 14 citations, de la Croix de Guerre des T.O.E. avec 6 citations, de la Croix de Guerre Belge avec 1 citation et de la Presidential Unit Citation (U.S.A.).

Le Régiment a ainsi acquis le droit au port de la fourragère de la Croix de Guerre 1939-1945 et le Groupe de Marche en Indochine celui de la Croix de Guerre des T.O.E.

Aucun régiment d’artillerie, depuis les temps lointains de l’Ancien Régime et de l’Empire, n’a réussi à récolter, en si peu d’années, une pareille moisson de gloire, car la formation du 64 ne remonte qu’à 1924. Il a en effet été créé à partir des 4ème et 9ème Groupes d’Artillerie d’Afrique, en même temps que le 63, qu’il absorbera et reconstituera à plusieurs reprises. Il en ira à peu près de même avec le 69, si bien que peu d’artilleurs du Maroc n’ont, à un moment ou à un autre, porté l’écusson du 64.

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Jusqu’en 1934, il prend part à toutes les opérations de pacification du Maroc : le Rif, la Tache de Taza, le Tadla, le Djebel Sagho, l’Anti-Atlas et le Draa.

64ème Régiment d’Artillerie d’Afrique depuis 1927, il est affecté, en 1939, à la 1ère division Marocaine, près de Thionville. Il participe à la bataille de la Dyle, à Gembloux et à Ernage, à celle du Nord dans la forêt de Mormal puis à celles de l’Escaut et de la Scarpe.

C’est au cours de la Bataille de Gembloux que sera tué le Chef d’Escadron Clair, qui donnera son nom au Quartier de Meknès. Une partie du Régiment, repliée à Lille, s’y défendra avec l’énergie du désespoir, tandis qu’une autre réussira à embarquer à Dunkerque pour l’Angleterre.

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Après l’armistice, le 64 est reconstitué au Maroc, avec du matériel camouflé, et s’attelle à la préparation de la revanche.

Dès le débarquement allié de novembre 1942, une partie du Régiment part en Tunisie avec la Division de Marche du Maroc. Début 1943, au Djebel Mansour, ayant reçu l’ordre de se sacrifier pour sauver l’Infanterie, les artilleurs du 64 tireront leurs derniers obus à quelques dizaines de mètres sur les chars ennemis avant de faire sauter leurs pièces. Reformés, ils participent encore à tous les combats jusqu’à la victoire finale au Djebel Zaghouan.

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Sitôt finie la Campagne de Tunisie, une autre aventure commence. Les I°, II° et III° Groupes sont équipés de matériel américain et envoyés en Italie dans les premiers jours de 1944 où ils constituent l’artillerie de réserve générale du Corps Expéditionnaire Français du Général Juin. Ils seront partout, à Mona Casale et Costa San Pietro, à Acquafondata, au Belvédère et dans les Abruzzes. Ils prennent une part prépondérante dans l’effondrement du front ennemi, le 11 mai 1944, au Garigliano. Puis c’est l’exploitation vers Rome où le 64 défilera sur la Place de Venise et vers Florence par Sienne et San Gemignano.

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Mais le 64 n’ira pas jusqu’à Florence, le Corps Expéditionnaire Français est relevé et les trois Groupes rejoignent en France la 1ère Armée du Général de Lattre.

Après les durs combats de l’hiver 1944-1945 dans la plaine d’Alsace, le Rhin est passé le 16 avril 1945 et le 64 participe à la prise de Freudenstadt, puis, en appui de la 4ème D.M.M., à l’affaire de Bar Dürrheim où une masse S.S. s’attaque durement au flanc droit de l’Armée Française.

Et c’est le Danube, le Lac de Constance et le Vorarlberg où s’achève l’épopée.

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Le IV° Groupe aura connu une fortune différente, mais non moins glorieuse. Devenu XI / 64ème R.A., il est affecté à la 2ème D.B. du Général Leclerc, avec laquelle il passe en Angleterre et débarque en France dans le Cotentin, début août 1944.

Il participe à la Bataille de Normandie, à Alençon, dans la forêt d’Ecouves, à Argentan, avant la ruée sur Paris, où il entre le 25 août.

Puis c’est Vittel, Nomexy, la percée des Vosges, la prise de Strasbourg, deux mois sur le Front de l’Atlantique, à Royan, avant de revenir passer le Rhin à Rastatt et le Danube à Villingen et d’atteindre Berchtesgaden, où un officier du Groupe entre le premier dans la maison d’Hitler et au ‘’Nid d’Aigle’’.

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En 1946, le 64 qui a regagné ses vieilles garnisons du Maroc, est réorganisé à quatre Groupes, à Meknès, Kasba Tadla, Fès et Marrakech.

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Mais le Régiment n’est pas complètement mûr pour les délices du temps de paix. La Guerre d’Indochine a commencé et, le 1er mai 1949, un Groupe de Marche, le GM 64, est constitué. Il participera pendant cinq ans, de 1949 à 1954, au Tonkin (Nord Vietnam) à toutes les opérations d’envergure, de Haïphong à Nam Dinh et à Phu Lang Thuong, sur le Day et la Rivière Noire, pour l’évacuation de Hoa Binh, à Chan Mong où il sera très éprouvé, puis à Na San et au Laos, avant de revenir à Nam Dinh, Phu Ly, Vinh Yen, Son Tay, dans cette incessante noria des fameux groupes mobiles du Nord Vietnam.

Il sera transformé en II / 69ème R.A. pour être rapatrié sur le Maroc.

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En 1955, l’Afrique du Nord se soulève à son tour contre la domination française et les quatre Groupes du 64 se retrouvent dans le Rif, un peu plus de trente ans après la révolte d’Abd el Krim. Aknoul, Boured, Bou Zineb, le Col du Nador, Taounate, Rhafsaï, les mêmes noms reviennent dans les Journaux des Marches et Opérations du Régiment, à qui l’on retire ses Marocains.

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En 1957-1958, la page du Maroc est définitivement tournée, le 64 part, un Groupe après l’autre, reprendre les combats en Algérie.

Parti en juillet 1957, le 1er s’installe d’abord à Inkermann et passe ensuite en Kabylie, dans les Aurès et sur le barrage de la frontière tunisienne, avant de fournir une batterie au 2ème Groupe en août 1962 et d’être dissous en septembre.

Le 4ème suit en mai 1958, fonctionnant le plus souvent en batteries isolées entre Constantine, Bougie, Sétif et Tébessa. Rapatrié début 1963, il devient le I / 25ème R.A.

Le 3ème passe la frontière en juillet 1958 et s’installe en Kabylie (PC à La Réunion). Rapatrié fin 1961, il devient le 74ème R.A.

Le 2ème aurait dû être dissous au Maroc, mais ses effectifs ont pu être regonflés et il arrive à son tour en Algérie en octobre 1958. Il sert dans les régions de Miliana et d’Orléansville, dans l’Ouarsenis, puis dans la région de Sétif. Renforcé par une batterie du 1er Groupe, il devient le 64ème Groupe d’Artillerie en 1962. Il est ensuite rapatrié et dissous à Sissonne un an après.

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Il n’y aura plus d’unité d’artillerie portant ce glorieux numéro jusqu’à la création, en 1978, auprès de l’Artillerie du 2ème Corps d’Armée en Allemagne, du 64ème Escadron d’Artillerie de Corps d’Armée (64ème E.A.C.A.).

En 1984, le 64ème E.A.C.A. est dissous et donne naissance à la 64ème Batterie d’Artillerie de Corps d’Armée qui est rattachée au 53ème R.A. jusqu’en 1989 puis au 5ème R.C.S. Elle sera dissoute à son tour en 1991 dans le cadre du rapatriement des Forces Françaises d’Allemagne.

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Ce n’est pas sans quelque mélancolie que les Anciens de ce beau Régiment l’ont ainsi vu disparaître, mais il continue à vivre dans leurs mémoires.

Passé dans le ciel de l’Artillerie ainsi qu’un météore, le 64ème Régiment d’Artillerie d’Afrique y a laissé une trace brillante qui n’est pas près de s’effacer.

L’Amicale des Anciens du 64è RAA, particulièrement dynamique, a son propre site qu’il vous faut absolument visiter : cliquer ici.

Vous y trouverez un historique bien illustré.




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