Engagé volontaire au 4ème régiment d’artillerie en 1931, Raymond PAGNON est maréchal-des-logis à la mobilisation de 1939 et affecté à la 17ème Batterie, 6ème Groupe du 204ème Régiment d’artillerie de la
14ème Division d’infanterie commandée par le général de LATTRE de TASSIGNY. La guerre commence par une longue inaction générale mais aussi par des actions ponctuelles sur les avant-postes. Le 10 mai 1940, les Allemands passent à l’offensive et en quelques semaines la France est battue et contrainte à signer un armistice.
Mais des combats glorieux ont marqué cette période. Ainsi en mai, la 14ème combat en Lorraine puis sur le front de l’Aisne. Après un dur engagement dans le secteur de Rethel, le 6ème Groupe d’artillerie, manquant de munitions, encerclé, reçoit l’ordre de détruire son matériel et ses emblèmes avant d’être capturé le 21 juin 1940, dans la région de Charmes.
La 14 ème DI a combattu avec courage, fantassins et artilleurs partagent l’honneur d’une citation à l’ordre de l’armée :
“Division d’élite à laquelle on peut tout demander. Sous les ordres de son chef, le général de Lattre de Tassigny, après s’être dépensé sans compter au Nord de l’Aisne,...............a résisté à une attaque puissante, maintenant intégralement ses positions et faisant plus de 500 prisonniers bien qu’elle ait eu déjà connaissance du repli ordonné par le commandement”.
Mais à Charmes, une partie du fanion de la 17ème Batterie n’est pas consumée. Ne voulant rien laisser aux Allemands qui arrivent, le Maréchal-des-logis Raymond PAGNON récupère ce petit morceau de fanion qui pour lui symbolise cette unité, son unité qui a bien combattu. Il réussit à le cacher et à le conserver malgré la souffrance et les privations de la capture jusqu’à sa libération en mai 1945, après avoir passé 5 ans d’internement dans 3 stalags et 3 camps disciplinaires installés en Allemagne, en Pologne (
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sur ce camp de sinistre réputation), en Autriche et en Ukraine et tenté 6 évasions.
Cette parcelle de fanion, déposée plus tard au musée de l’Artillerie [
1], témoigne aujourd’hui non seulement des combats passés de cette unité et de ses artilleurs mais aussi de la fidélité à la France, de l’honneur et du courage d’un sous-officier d’artillerie porté par la volonté de « ne pas subir » malgré les privations et la souffrance.