Né le 22 janvier 1894 à Briançon, René, Émile, Victor TRAMIER s’engage le 12 avril 1912 pour 3 ans, au titre du 48ème Régiment d’Artillerie de Campagne.
C’est avec son Régiment qu’il prend part à la guerre contre l’Allemagne, qui est déclarée le 4 août 1914.
Il était alors Maréchal des Logis.
Engagé sur tous les fronts, il y fait preuve des plus belles qualités "de courage et d’énergie", qualités qui lui valurent sa nomination au grade de sous-lieutenant le 3 février 1917, ainsi que trois citations, en 1915, 1916, 1918.
Voici le texte de la dernière de ces citations, datées du 15 juillet 1918 :
"Excellent officier, modèle de bravoure et de calme. Dans la nuit du 14 au 15 juillet 1918, sa batterie étant violemment bombardée, a su, par son attitude et son courage, maintenir tout son personnel aux postes de combat, assurant ainsi la continuité parfaite du tir."
Nommé Lieutenant le 3 février 1919, il est affecté à cette date eu 32ème R.A., puis, détaché comme instructeur à l’Ecole d’Application de l’Artillerie, du 1er octobre 1923 au 2 octobre 1926, date à laquelle il est muté au 19ème R.A.D.
Nommé Capitaine le 25 septembre 1927, il est promu Chef d’Escadron le 24 mars 1936 et affecté au 93ème R.A.
Le 2 septembre 1939 (à la veille de la déclaration de guerre), il prend le commandement du 5ème Groupe du 293ème R.A.M.
Le 9 octobre 1939, il est mis à la disposition du Général, commandant l’Inspection Générale de l’Artillerie, pour assurer les cours d’artillerie au camp de Mailly.
Le 14 février 1940, il rejoint le 101ème R.A.L. Affecté dans un premier temps au 1er Groupe, il prend le commandement du Régiment le 14 mars 140.
Le texte de la citation à l’ordre de l’Armée en date du 9 juin 1941, signée par le Général HUNTZIGER, Commandant en Chef des Forces Terrestres, Secrétaire d’État à la Guerre, rend témoignage du comportement exemplaire du Chef d’Escadron René TRAMIER, à la tête de son Régiment jusqu’au 25 juin 1940, date de la signature de l’armistice :
"Officier supérieur, courageux et énergique. A obtenu de son régiment un rendement remarquable dans la région des boucles de l’Escaut en mai 1940, puis sur la Somme et sur le Nonette en juin. D’est dépensé en particulier sans compter, au cours de la bataille de la Somme, contribuant largement, grâce à l’esprit de sacrifice de son 2ème Groupe, à arrêter pendant 48 heures la progression de l’ennemi, lui détruisant de nombreux engins blindés. Pris sous le feu de l’aviation de bombardement et encerclé par des chars ennemis, dans son poste de commandement de Fresnay-les-Roye, pendant toute la journée du 5 juin, a continué à diriger par radio, avec maîtrise, l’action de ses groupes, ne se repliant que sur ordre, au cours de la nuit du 5 au 6 juin. Engagé à nouveau à plusieurs reprises, pendant la retraite, dans des circonstances périlleuses, a parfaitement rempli les missions qui lui étaient confiées. A réussi à ramener au complet le matériel de ses deux groupes."
Il était titulaire de la Croix de Guerre depuis le 29 juin 1940.
Le 10 juin 1940, il est affecté à l’Etat-Major du département de la Corrèze, à Brive.
Le 15 novembre 1940, l’Armée d’Armistice est créée, "forte en métropole de 350.000 hommes dont 12.640 artilleurs servant presque uniquement le canon de 75, modèle 1897" (source Henri AMOUROUX, dans son ouvrage La grande histoire des Français sous l’Occupation).
Promu au grade de lieutenant-colonel le 2 avril 1941, René TRAMIER est affecté au 24ème R.A. à Tarbes.
Rayé des contrôles du Régiment le 2 juin 1941, il bénéficie d’une permission renouvelable du 1er décembre 1942 au 28 février 1943.
Placé en congé d’armistice à la date du 1er mars 1943, il est promu au grade de Colonel le 28 septembre 1943.
Rappelé à l’activité le 1er octobre 1943, il est nommé commandant de la Subdivision Militaire d’Annecy.
C’est dans ce poste qu’il a été arrêté, ainsi que son Chef d’État-Major, le Commandant Pierre ROLANDEY, le 28 janvier 1944, lors de leur prise de service, dans les locaux de la Subdivision Militaire, rue de l’Intendance.
Tous deux sont relâchés, sous la condition d’avoir à se présenter au siège de la Gestapo annécienne le 7 février 1944. C’est à cette date qu’ils furent mis en état d’arrestation.
Dès lors, leur destin était définitivement scellé.
Ce fut en effet, pour eux, le fort Montluc à Lyon, la prison de Fresnes, les camps de Buchenwald, Dora et Ellrich (le bagne des bagnes), où mourut le Colonel TRAMIER le 7 janvier 1945.
Quant au commandant ROLANDEY, il fait partie d’un convoi qui, devant l’avance des armées Alliés, évacue les malades du camp d’Ellrich, à destination du camp de Nordhausen.
On apprendra, lors du procès de Nüremberg, que les "SS" avaient achevé, avant d’arriver au camp de Mordhausen, les déportés du convoi les plus faibles.
On pense que c’est ainsi qu’est mort Pierre ROLANDEY [1], dysentérique, parvenu au bout de ses forces, le 5 mars 1945.
Tel fut le destin du Colonel d’Artillerie, René TRAMIER, engagé pour 3 ans, en 1912, à l’âge de 18 ans au 48ème R.A.C., héros des derniers conflits mondiaux, qui ont ensanglanté le XXème siècle. Colonel en 1943, il meurt en déportation le 7 janvier 1945, à l’âge de 51 ans.
Titulaire des Croix de Guerre 14/18 et 39/45, il avait été fait Chevalier de la Légion d’Honneur, le 29 décembre 1932 et promu au grade d’Officier, le 15 mai 1944.
Le 27 janvier 2005,lieu de mémoire, une plaque a été apposée sur le bâtiment de la Subdivision Militaire d’Annecy, ainsi libellée :
"A la mémoire du Colonel René TRAMIER(1) Commandant la Subdivision Militaire d’Annecy et du Chef de Bataillon Pierre ROLANDEY(2), son Chef d’Etat-Major.
Arrêtés par le Gestapo, le 07 février 1944
Morts en Déportation.
(1) (1894-1945)
(2) (1903- 1945)
Reprise d’une partie de la lettre d’envoi de Monsieur G.GRIVEL-DELILLAZ, auteur de cet article.
...mon destin a croisé celui du Colonel TRAMIER à la fin de l’année 1943.
Il commandait à cette date, la Subdivision Militaire d’Annecy, dont le bâtiment, rue de l’Intendance, jouxtait la caserne du 27ème B.C.A. (alors Quartier de Galbert), occupé par la Wehrmacht.
Moi-même, en congé d’armistice, après diverses péripéties, sous couvert d’un emploi de planton, j’attendais, avec son accord, le moment opportun pour rejoindre le maquis des Glières, en cours de structuration.
Ce projet devait être irrémédiablement compromis le 28 janvier 1944. En effet, ce jour-là, au petit matin, le bâtiment de la Subdivision Militaire était investi inopinément par la Wehrmacht voisine, ptétexte pris que des grenades avaient été lancées depuis le deuxième étage du bâtiment de l’Intendance, sur la caserne.
Comme j’occupais un local, au deuxième étage, je fus arrêté sous l’inculpation d’attentat contre les troupes d’occupation.
.....
J’ai appris beaucoup plus tard, que c’est grâce à ses interventions auprès de la Commission d’Armistice, entre le 28 janvier et le 07 février, que j’ai eu la vie sauve. Bien qu’innocent, je fus malgré tout, déporté.
C’est à sa mémoire que j’ai souhaité rendre hommage en retraçant sa carrière militaire d’artilleur, grâce au Service Historique de l’Armée de Terre.
[1] Notes de l’auteur : J’ai su par la suite, par son fils, que le Commandant ROLANDEY était membre d’un réseau de renseignements de l’A.S. (le réseau Bruno-Kléber) et qu’il avait été victime d’une dénonciation, ce qui avait motivé l’intervention des troupes allemandes, le 28 janvier 1944.
Je suppose que le Colonel TRAMIER, qui était son supérieur hiérarchique, n’était pas sans connaître les activités de son subordonné, activités auxquelles sans doute lui-même était mêlé, comme d’ailleurs l’ensemble du personnel de la Subdvision, ce qui, aux yeux des allemands, était amplement justifié pour motiver également son arrestation.