Ce résumé historique a été élaboré à partir d’informations collectées dans l’ouvrage "Formations Géographiques Militaires : Pages d’histoire 1696-1966" rédigé par Marcel Mathieu, en 1997 et publié par l’Amicale des Géographes Militaires de Joigny. Pour simplifier, le rédacteur de cet article s’est attaché à ne lister que les étapes importantes, en dehors de toutes considérations scientifiques et techniques dont ce document regorge, et c’est bien normal car il s’adresse aux personnels civils et militaires des Formations Géographiques Militaires.
A l’origine la filiation des Unités Géographiques militaires est située à la création du premier établissement militaire,le Dépôt de la Guerre, par Louvois en 1688, au moment de l’essor nouveau de la cartographie (qui existe depuis l’Antiquité et qui connaît des soubresauts dans l’histoire avec les périodes où l’aventure amène les hommes à découvrir le monde, voire le conquérir, et où la science et la technique apportent de nouveaux procédés relevés, de calcul et de production), puis en 1696 de la formation des "Ingénieurs des camps et armées" par Vauban qui devient vite le Corps des Ingénieurs Géographes militaires. Ces deux institutions finissent par fusionner en 1761 à l’initiative de Choiseul, sous l’appellation unique de Dépôt de la Guerre.
C’est sous ce nom que la géographie va traverser la Révolution et le Premier Empire, avec une production qui devient de plus en plus importante en raison des campagnes napoléoniennes profondes en Europe centrale et de plus en plus précise avec les nouveaux procédés utilisés et la diversification des échelles. Il faut citer à ce moment l’apparition de la fameuse carte d’état-major au 1/80000ème (pour la petite histoire, Napoléon la souhaitait au 1/100000ème).
Avec le Second Empire, le Dépôt de la Guerre ne satisfaisant qu’incomplètement le besoin des Armées, c’est sous l’impulsion du Capitaine Perrier qu’est créée une subdivision, le Service Géographique de l’Armée, par décret du 25 octobre 1881, au moment où la plupart des ingénieurs géographes sont remplacés par des officiers d’état-major. Ce Service cohabite au sein du Dépôt de la Guerre avec le Service Historique (histoire militaire, bibliothèque, archives,....) ainsi qu’un bureau de comptabilité et vente de cartes.
Sous la IIIème République, par décret de l’Assemblée du 24 mai 1887, le Dépôt de la Guerre disparaît ; il est remplacé par le Service Géographique de l’Armée. Il est articulé en sections ou services de géodésie, des levés de précision, de la topographie, de la construction des plans en relief et le dépôt des instruments de précision. Initialement sous les ordres immédiats du ministre, il fait partie de l’État-Major des Armées puis repasse sous l’autorité directe du ministère de la Guerre au moment où il devient autonome dans la production avec un véritable outil industriel. C’est dans cette organisation que va se préparer la Première Guerre mondiale, avec tout un stock prêt à être distribué à la mobilisation.
À l’éclatement de la guerre des besoins nouveaux vont apparaître. Pour satisfaire la demande on démultiplie les lieux de production et on positionne au plus près du front deux "trains imprimerie". Pour l’artillerie, au moment de la guerre de position, on va réaliser des "canevas de points" aux cordonnées précises et des cartes du terrain et du dispositif ennemi. C’est l’époque où sont créées de nouvelles unités :
A tous ces organismes nouveaux et anciens s’ajoute maintenant le Service cinématographique.
La production dans toutes les échelles est énorme et après la guerre, toutes les conditions sont réunies pour sortir la fameuse carte au 1/50000ème type 1922, chef d’œuvre qui dresse la France au plus haut niveau de la cartographie moderne.
L’activité du Service Géographique des Armées (SGA) va se poursuivre dans la période d’entre deux guerres et va aussi profiter au possessions françaises d’Afrique du Nord et du Levant. Des services géographiques coloniaux, en AOF, à Madagascar et en Indochine œuvrent aussi sous l’autorité des chefs territoriaux.
A la défaite de 1940, par un décret-loi de Vichy en date du 27 juin 1940, le SGA est dissous et remplacé par l’Institut Géographique National (IGN) qui va reprendre les moyens et poursuivre sous l’occupation le levé au 1/20000 de la carte de France. Cet institut passe au Ministère des Travaux Publics. Les Services géographiques coloniaux, toujours sous commandement local, passent sous son contrôle technique. Les services géographiques d’outre-mer sont sous double tutelles du Ministère des Travaux Publics et du Ministère de la France d’Outre-Mer. Parallèlement à la création de l’organisme civil, qu’est l’IGN, sont mis en place deux organismes aux armées :
Cette situation trouve sa fin par le décret du 13 mai 1946 qui transforme le Centre d’Organisation en Groupe Géographique Autonome (GGA).
Mais pendant ce temps là les choses évoluent en Afrique.
A suivre...