Cet article est extrait du bulletin historique n°38 de l’association des amis du musée de l’artillerie à Draguignan (AMAD). Il a été rédigé par le général de division (2s) Michel ROBERT.
Introduction.
La puissance des feux de l’artillerie trouve son origine dans l’efficacité unitaire de ses munitions, conjuguée à la densité des tirs dépendante du nombre de ses lanceurs, à leurs caractéristiques et aux possibilités de manœuvre des trajectoires.
La performance des munitions et des lanceurs sont allés de pair avec les avancées des découvertes scientifiques, les progrès des techniques et les technologies auxquels il était fait appel pour leur réalisation. A la fin du second conflit mondial, l’apparition du fait nucléaire va permettre la conception de matériels d’une puissance jamais égalée jusqu’alors.
DE 1960 à 1996, trois systèmes d’armes sont en service dans notre Arme (ndlr : l’Artillerie :
On peut s’étonner d’une période d’emploi aussi restreinte de ce type de moyens ; la raison principale est sans doute la diversité des prises de position, voire les contradictions et oppositions qui entourèrent leur emploi. "Super" artillerie, pour les uns, simple contribution à la stratégie de dissuasion nucléaire pour les autres, les armes nucléaires, d’abord tactiques, puis devenues pré stratégiques, ne pouvaient avoir qu’un avenir lié directement au contexte politique international.
Cette polémique sur l’emploi de ces forces ne sera évoquée que de façon très succincte dans les lignes qui suivent. Celles-ci se proposent uniquement de présenter les unités et les matériels mis en service en leur sein, afin que la composante nucléaire de l’artillerie, bien qu’éphémère, ne soit pas ignorée des artilleurs d’aujourd’hui.
Caractères communs
Très différents les uns des autres, dans leurs caractéristiques, leur nature et leur mission, ces trois systèmes n’en comportent pas moins des points communs qui les ont totalement différenciés des autres unités de l’artillerie. Parmi eux on peut noter que :
D’une façon générale, la rigueur et la minutie prédominent à tous les niveaux de ces unités. Un programme détaillé des opérations ("check-list" - liste des opérations) ne laisse aucune place à l’improvisation, des tests périodiques très sévères vérifiant l’aptitude opérationnelle des personnels et du matériels.
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En guise de conclusion.
Par nature, un outil de dissuasion nucléaire est sujet à un processus d’ajustement au paysage politique et stratégique. Ainsi, notre sortie de l’OTAN entraîna la fin de la mission opérationnelles des unités Honest John présentes dans les forces françaises d’Allemagne. Les réticences de nos alliés allemands à l’emploi d’un système d’arme jugé dangereux pour sa population vit la fin des régiments Pluton, en même temps qu’elles incitèrent à la création de l’Hadès. L’implosion de l’Union Soviétique, en faisant disparaître la menace du Pacte de Varsovie, conduisit alors au démantèlement de la Force Hadès.
La disparition de ces unités fut aussi celle d’une composante de notre arme qui, pendant trente six ans, tint un rôle éminent dans notre politique de défense. Les moyens dont elles étaient équipées relevaient dans leur majorité de technologies à la pointe du progrès. Ils furent servis par des personnels particulièrement motivés dont le comportement , imprégné d’une véritable culture nucléaire favorisait deux qualités essentielles de l’Artilleur, la rigueur et la minutie. A ces différents titres, le souvenir de ces unités méritait d’être évoqué.