Extraits de l’ouvrage du chef d’escadron Charles Letrait sur l’Artillerie et ses insignes.
L’Artillerie de Montagne apparut assez tard, quelques essais avaient été tentés sous le règne de Louis XIV, mais sans lendemain. Pendant la Révolution, l’Armée d’Italie avait utilisé en montagne des pièces légères prises aux Piémontais. Un projet d’artillerie de montagne fut mis sur pied en l’An XI, mais il ne fut même pas expérimenté. Ce n’est qu’en 1823, à l’Armée de la Catalogne que furent essayés des obusiers de 12, les bons résultats obtenus entrainèrent l’adoption de cette arme en 1828. La pièce pesait 103 kilos et son transport nécessitait deux mulets, un pour le tube, l’autre pour l’affût, les batteries à pied étaient chargées de la mise en œuvre de ces canons qui furent largement utilisés durant la conquête de l’Algérie. En dehors de ce théâtre d’opérations, seule une batterie de montagne (la 1ère/8e R.A.) fut utilisée en Crimée.
Ce ne sera que par la loi du 24 décembre 1888 que l’artillerie de montagne prit son essor, cette loi créait douze groupes alpins comprenant chacun un "bataillon alpin de chasseurs à pied" et une batterie de montagne détachée de l’un des régiments d’artillerie de Corps d’Armée, le 2e R.A.C. fournit six batteries pour le XIVe C.A., le 19e R.A.C. fournit également six batteries pour le XVe C.A..
1888 - LES TROUPES DE MONTAGNE ET LEURS MANOEUVRES
Mise en batterie sur un sommet.
(Dessin de M.P. KAUFFMANN)
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Les Chasseurs et l’Artillerie arrêtant une colonee ennemie dans sa marche en avant. (Dessin de M.P. KAUFFMANN.)
Souce Gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
Le personnel des "batteries alpines" (c’était leur désignation officielle) portait le béret bleu foncé avec grenade en drap écarlate et les bandes molletières bleu foncé, en 1903 une distinction particulière fut créée : une soutache de soie verte de 5mm placée en pointe au-dessus du parement, cette distinction sera supprimée en 1910 lors de la création des régiments spécialisés.
Le matériel utilisé fut d’abord le canon de 80mm type de Bange dont le transport demandait trois mulets. A partir de 1908 ce matériel fut remplacé par le canon de 65mm modèle 1906 avec quatre mulets pour le transport.
C’est en 1910 que sera créée la subdivision d’arme de l’Artillerie de Montagne avec le constitution des 1er et 2ème R.A.M.. Ces régiments avaient l’uniforme de l’artillerie avec le béret alpin et une patte de col particulière en drap écarlate à grenade accompagnée du numéro, les deux découpés en drap bleu foncé.. En 1915 avec l’uniforme bleu clair, l’Artillerie de Montagne prit comme marque distinctive les soutaches blanches qu’elle porte encore de nos jours.
Après la guerre les régiments de montagne reçurent des canons plus modernes, les 75 et 105 de montagne fabriqués par Schneider et qui seront en service en 1939, à cette date existait trois régiments : les 2e, 93e, 94e R.A.M. et un groupe au 56e R.A.D..
Il ne faut pas oublier que les matériels de montagne étaient en service aussi bien dans l’Artillerie d’Afrique que dans l’Artillerie Coloniale, mais ces unités n’avaient pas le caractère typiquement alpin qui était celui de l’Artillerie de Montagne métropolitaine. Dès 1873, les batteries stationnées en Afrique du Nord étaient pour une bonne moitié des batteries de montagne, il en était de même aux colonies, la raison essentielle était qu’en brousse ou sur les pistes le portage des canons par mulets était plus aisé que la traction.
Actuellement, l’Artillerie de Montagne n’est plus représentée que par le 93e R.A.M. qui ne possède plus de mulets mais des véhicules spéciaux adaptés à la guerre en montagne. Les canons en service il y a quelques années étaient tout simplement le 105 HM2 dont les aptitudes au tir vertical sont très appréciables en montagne, ces canons sont maintenant remplacés par des mortiers de 120 rayé F1 et des canons de 155 TRF1 également en service dans l’Artillerie parachutiste (ndlr : et au 11e RAMa).
Ajout de la rédaction du site Basart.
Plus récemment, le 93è RAM met en oeuvre le nouveau canon Caesar.
Voir aussi cet article de Guy Sylvain, bien illustré, dans son site dédié aux Chasseurs Alpins : cliquer ici.
Voir encore ce site "Mémoire des Alpins 1888-1945" :