Extraits du Bulletin Historique de l’Artillerie N° 14 de décembre 1994 (réimpression en octobre 1997), consacré à l’Artillerie Parachutiste.
L’appellation "artillerie parachutiste" désigne une subdivision de l’arme qui fait partie des forces d’intervention. C’est une artillerie dont les personnels et les matériels sont entrainés à être largués avec des parachutes à partir d’avions en vol.
Avant 1964, le mot parachutiste n’est guère employé comme adjectif, aussi cette artillerie spécialisée est-elle qualifiée d’aéroportée ou de parachutée !
Actuellement les trois termes sont synonymes, il s’emploient indifféremment pour désigner cette même composante de l’Arme qu’il ne faut pas confondre avec l’artillerie aérotransportée. Cette dernière n’a qu’une particularité : celle d’être équipée avec des matériels pouvant être acheminés par des avions sur des pistes d’atterrissage proches de la zone d’engagement.
Les artilleurs, affectés dans l’Artillerie aéroportée, reçoivent une formation pour sauter en parachute et combattre dès leur arrivée au sol ; il sont dotés d’armements légers et puissants et ils subissent un entrainement intensif notamment sur le plan physique. Ces aptitudes spécifiques stimulent les personnels et créent un solide esprit de corps au sein des unités.
Le combat au sol des unités parachutistes interarmes consiste principalement à mener des actions sur les arrières de l’ennemi, par surprise et avec la supériorité tactique. Le débordement vertical, à l’intérieur du dispositif adverse, est généralement déclenché pour faciliter une grande offensive terrestre, laquelle est menée avec des forces principales blindées et mécanisées. Au cours de ce type d’action, les unités aéroportées se trouvent isolés en territoire ennemi dès leur engagement, ce qui justifie pleinement la présence d’appui feux qui leur soient propres. Elles reçoivent la mission de conquérir des objectifs pour établir une tête de pont, puis de les conserver et de les défendre jusque la jonction des forces terrestres principales.
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Au cours de la deuxième guerre mondiale les anglo-américains parachutent des bataillons d’artillerie dans toutes les grandes offensives : débarquement de Normandie (juin 1944), débarquement de Provence (août 1944), Arnhem (septembre 1944), franchissement du Rhin (mars 1945). L’opération aéroportée qui précède chacune de ces offensives montre que les largages n’ont pas toujours lieu sur les terrains prévus, en raison d’une part de la défense antiaérienne ennemie et d’autre part de la difficulté, pour les aviateurs, de survoler la zone de saut sans reconnaissance préalable. A peine larguées et arrivées au sol, les unités sont confrontées au difficile problème du regroupement. Il s’agit pour elles de se reconstituer au plus vite et de foncer vers les objectifs. L’artillerie a ses moyens éparpillés, une batterie retrouve ses pièces distantes les unes des autres de plusieurs kilomètres.
Pour éviter une trop grande dispersion et ne pas perdre de temps au remontage des matériels largués en plusieurs fardeaux, les alliés acheminent les deux tiers de jeeps, obusiers et servants des pièces dans des planeurs "HORSA" et "HAMILCAR". En touchant le sol, les premiers planeurs se posent dans les champs. Souvent ils se heurtent aux asperges de Rommel (pieux en bois enfoncés dans le sol), perdent leurs ailes et finissent par s’arrêter avec une cargaison intacte. Mais les suivants, pour éviter de se fracasser contre les carcasses des appareils posés, sont dans l’obligation de se "crasher" dans les bosquets, les vignes et sur les chemins.
Le planeur ne sert pratiquement qu’une fois, c’est un emballage coûteux qui ne sera jamais utilisé dans l’armée française.
Arrivés au sol, les artilleurs s’empressent de déconditionner les colis, de mettre leurs pièces en état de route, de récupérer les munitions et d’atteindre les positions de tir. C’est une phase extrêmement difficile surtout lorsque l’ennemi occupe la zone de saut. Ce fut le cas dans plusieurs opérations de la 2ème guerre mondiale, notamment dans la traversée aéroportée du Rhin par le 17ème D.A.P. américaine. Avant de pouvoir récupérer leurs matériels, les quatre groupes d’artillerie parachutée eurent à nettoyer les résistances ennemies sans aucun concours de l’infanterie. Il s’avéra que beaucoup de pertes auraient pu être évitées si, en plus du travail d’artilleur, les personnels avaient été entrainés au combat de fantassin, ensuite la conquête de zone nécessite l’intervention individuelle de plusieurs pièces d’artillerie, pour prendre à partie des nids de résistance ou des blindés contre-attaquant.
Une fois les batteries reconstituées, l’artillerie est alors en mesure de fournir les appuis feux que la mission exige. Il faut en outre lui assurer sa logistique par des parachutages fréquents ou des poser d’aéronefs, car sans ravitaillement l’artillerie est inutile et la bataille engagée vouée à l’échec.