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Classification des matériels d’artillerie sol-sol
 

Généralement pour l’artillerie classique, dite artillerie sol-sol, seul le terme canon est utilisé pour désigner l’ensemble des matériels tirant des obus. En fait et au cours du temps, ces matériels prennent des noms différents en fonction soit de la longueur de l’âme ou de leur partie rayée par rapport à leur calibre (classification la plus courante), soit de leur calibre, soit encore de leur type de châssis.

C’est bien de cette artillerie là que traite cet article, puisque c’est sur elle que porte le plus souvent l’interrogation du lecteur. Mais on oublie pas pour autant que l’artillerie sert aussi des roquettes et des missiles, ainsi que des
drones qui ont eux aussi leur classification propre.

Ceci étant la perception d’un militaire, il est intéressant de connaître celle d’un ancien ingénieur en chef de l’armement qui figurent dans les notes en bas de page ajoutées à ce texte. Ces remarques sont de l’ingénieur en chef PERRIN.




Classification selon la longueur de l’âme.

La longueur de l’âme [1] est la distance entre la tranche avant de la culasse et la tranche de bouche.
Exprimée en multiple du calibre (diamètre du projectile), elle permet de distinguer :

  • les canons, dont la longueur de l’âme est supérieure à 25 calibres,
  • les obusiers [2], dont la longueur de l’âme est comprise entre 12 et 25 calibres,
  • les mortiers, dont la longueur de l’âme est inférieure à 12 calibres.
    Lorsqu’il s’agit de matériels rayés, on prend parfois comme critère la longueur de la partie rayée, la correspondance est sensiblement la suivante :
  • canons : parte rayée supérieure à 20 calibres,
  • obusiers : partie rayée entre 10 et 20 calibres,
  • mortiers : partie rayée inférieure à 10 calibres.


    Classification selon le calibre.

    Cette classification est susceptible d’évoluer en fonction des doctrines de combat.
    Actuellement, on appelle :
  • canons ou obusiers lourds : calibre égal ou supérieur 155mm,
  • canons ou obusiers moyens : calibre entre 105 et 155mm,
  • canons ou obusiers légers : calibre inférieur ou égal à 105mm.



    Classification selon le châssis.

    Le type de châssis conditionne les conditions d’emploi des matériels.

    On distingue :
  • Les matériels tractés, dont les affûts comportent des dispositifs à roues. Ils sont tractés en général par des camions et évoluent peu en dehors des chemins. Les matériels tractés comportent le plus souvent deux flèches qu’il faut écarter pour mettre le matériel en position de tir. La mise en batterie de ces matériels nécessite toujours plusieurs minutes. [3]Ils ne permettent, ni le transport et la protection du personnel, ni le transport des munitions ;
  • Les matériels automoteurs, dont le corps d’affût comporte une sellette montée sur un châssis automoteur chenillé. Dans ce type de matériels, la pièce et les servants sont protégés par un blindage léger. On distingue deux sortes de matériels automoteurs blindés :
    • les matériels à casemate, qui ont un champ de tir en direction limité rendant quelquefois nécessaire une réorientation du châssis par pointage aux chenilles (pointage moteur) ;
    • les matériels à tourelle qui sont tous azimuts.
  • Les matériels automouvants, ce sont des matériels qui peuvent se déplacer sur châssis chenillé, par exemple, mais qui ne permettent, ni le transport et la protection du personnel, ni le transport des munitions.
  • Les matériels de montagne, ils sont divisibles en fardeaux dont chacun pourrait être transporté, le cas échéant, à dos de mulet.
  • Les matériels parachutables et aérotransportables, les matériels susceptibles d’être largués en un ou plusieurs fardeaux sont dits parachutables. Ceux qui, sans pouvoir être largués, peuvent être transportés par aéronefs sont dits aérotransportables.

[1] Plutôt que de longueur de l’âme il vaut mieux parler de la longueur de tube. En effet l’âme correspond à la partie du tube en avant de la chambre. La longueur du tube est alors définie par la distance entre la tranche arrière du tube (qui n’est pas la tranche avant de la culasse) et la tranche avant du tube ou tranche de bouche. Cette longueur est effectivement exprimée en nombre de calibres et cela devient alors la dénomination d’un « standard ». Un standard est ce qui permet l’utilisation de munitions de différentes origines dans différents canons. Les standards les plus utilisés sont ceux de l’OTAN et prennent alors le nom de STANAG (STANdardizationAGreement). Les standards actuellement utilisés en 155 mm sont le 155 / 39 calibres et le 155 / 52 calibres. Le calibre ne suffit donc pas pour définir un standard et la longueur du tube non plus. Il y a beaucoup d’autres paramètres (géométriques, pression maximum, mise de feu, ...) dont le plus important pour la performance est le volume de la chambre.

[2] Le terme obusier n’est plus utilisé, notamment parce qu’il n’existe pas de canon d’artillerie en service ayant une longueur de tube correspondante, mais le terme anglais correspondant (howitzer) reste utilisé, sans limitation sur la longueur de tube. « Field Howitzer » correspond à un matériel tracté et « Self PropelledHowitzer » à un automoteur.

[3] Concernant les matériels tractés, on peut ajouter qu’ils sont le plus souvent équipés de moyens propres de mobilité (moteur auxiliaire sur les flèches), soit pour accéder à des positions de tir non accessibles par le camion tracteur, soit pour passer dans des lacets ou dans des virages très serrés, en dételant momentanément le canon du tracteur.


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