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Le canon de KOUFRA
 

A Koufra [1], la colonne de Leclerc n’avait qu’un seul canon ; il tira à de nombreuses reprises sur la position italienne en changeant de place à chaque fois pour ne pas se faire repérer et faire l’objet d’une contrebatterie. Un canon de ce type est exposé au Musée de l’Artillerie à Draguignan.
Ce canon de 75mm est du modèle 1919-1928. Le tube est en acier et se charge par la culasse avec une culasse à vis et à volets Schneider. L’affût rigide est en fer. Ce matériel transportable sur bât à dos de mulet est prévu pour les opérations en montagne et en pays dépourvu de routes. Il se démonte en sept fardeaux sur bât, mais il peut aussi être tracté par 2 ou 3 mulets avec limonière. La mise en batterie est rapide : en 15mn à partir des fardeaux ou en quelques minutes s’il est tracté.
Si l’ampleur de la bataille, pour le fort, et le volume des troupes mises en œuvre, de part et d’autre, furent relativement limités par rapport à d’autres épisodes de la période 1939-1945,il n’en reste pas moins vrai que cette victoire des Forces Françaises Libres eut un retentissement exceptionnel.

  • D’abord parce que cette "première réussite" de Leclerc permit effectivement aux Français de renouer avec la victoire au combat, après les jours sombres de mai et juin 1940.
  • On a également retenu à juste titre la manoeuvre logistique qui permit de monter un coup de main dans le désert et fort loin des bases de Fort-Lamy et de Faya-Largeau.
  • On a aussi souligné l’audace de Leclerc et son culot de passer à l’attaque avec un seul canon de 75mm qui tira de 25 à 30 obus journaliers de plusieurs positions pour tromper l’ennemi et laisser croire à plusieurs pièces ! En fait le canon changeait de position afin de ne pas faire l’objet de tir de contrebatterie de la part des Italiens.
    Le choix du poste italien de Koufra, c’était aussi une main tendue en direction de l’Egypte et des Britanniques, d’où naquit une fructueuse coopération militaire des alliés, au sein du Lange Rang Desert Group notamment.
    Enfin après cette répétition générale, restait dans l’esprit de Leclerc la farouche volonté de franchir un jour, avec toutes ses forces, le Sahara lybien pour prendre une part active aux combats en Afrique du Nord dans un premier temps, pour débarquer ensuite sur le sol national afin de le libérer. C’est finalement la signification profonde de ce qui est devenu depuis le fameux "Serment de Koufra" : "Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs , nos belles couleurs, flotteront à nouveau sur la cathédrale de Strasbourg".

[1] Groupe d’oasis du Sahara lybien au sud de la Cyrénaïque, proche de la frontière égyptienne, sur la bordure occidentale du grand erg libyque, dont ne centre principal est El-Giof. Le fort du Koufra fut pris par Leclerc en mars 1941.


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