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Le Musée d’artillerie : ses origines
 

LE NOUVEAU MUSEE D’ARTILLERIE
ET SES INTALLATIONS SUCCESSIVES

(Document extrait du JOURNAL ILLUSTRE, deuxième semestre 1872)

La création du musée d’artillerie ne date réellement que du règne de Louis XIV ; c’est le duc d’Humières, qui obtint (1684) du roi, l’autorisation de faire placer dans les salles du magasin royal de la Bastille un dépôt des modèles de l’artillerie, alors en usage, pour servir à l’instruction des officiers de l’armée.

Ces travaux d’installation étaient conduits avec beaucoup d’activités, quand en 1694, le duc du Maine succéda au maréchal d’Humières, et ne s’en occupa de fort peu.

Ce n’est qu’en 1755, que le général Vallière père, premier inspecteur de l’armée, fit transporter à l’Arsenal quelques pièces anciennes, provenant des arsenaux de province. On activa la construction des modèles nouveaux, puis on dressa un inventaire indiquant tout ce que renfermait alors cette collection. Bientôt ce local affecté au nouveau musée, devenant trop restreint, les généraux Vallières et Gribeauval proposaient, dans les bâtiments de la Bastille, une ancienne salle d’armes, dont l’état de vétusté nécessitait de grandes réparations. Toutefois, les frais nécessaires ne furent pas de suite acceptés par les généraux d’artillerie.

Ce n’est qu’en 1788 que Gribeauval, devenu premier inspecteur général de l’artillerie, comprenant l’importance que pouvait acquérir le nouveau musée, s’occupe avec beaucoup d’instance pour lui faire obtenir tout le développement indispensable pour l’avenir.

Après maintes démarches, le comte de Brienne, alors ministre de la guerre, se décida à nommer le sieur Roland, déjà chef du bureau de l’inspection générale de l’artillerie, directeur des collections des modèles d’armes, machines de guerre, avec la mission de former le nouveau musée d’artillerie de Paris, comprenant, par suite, tout ce qui se rapportait au matériel de guerre, soit dans la passé, soit dans le présent ; les collections des bouches à feux anciennes ou actuellement en service, et, de plus, la série des projets proposés par les inventeurs, ce qui existe encore aujourd’hui. C’est donc Gribeauval qui est le deuxième fondateur du musée d’artillerie actuel (1872).

Dès lors, les directeurs des forges, fonderies et manufactures d’armes de province reçoivent l’ordre, de faire immédiatement construire à une échelle réduite, les modèles de toutes les machines que comprenaient leurs services respectifs.

Un atelier spécial fut créé à Paris pour exécuter le s commandes particulières.

Il arriva donc très rapidement une grande quantité de modèles de toutes sortes, d’une exécution très soignée, que Gribeauval faisait classer et réunir aux anciennes armes et armures renfermées dans le magasin royal.

Le 14 juillet 1789, l’arsenal fut ravagé et les collections dispersées ou détruites. Ce fut un véritable désastre.

De 1791 à 1794, les ateliers nationaux étaient dans l’impossibilité de subvenir aux besoins des armées. Les réquisitions, ordonnées avec une grande vigueur, firent rentrer dans les arsenaux des armes et des armures de toutes sortes de nature. Le ministre de la guerre nomma alors une commission chargée d’examiner celles de ces armes qui pourraient ou être utilisées ou réparées. De plus, cette commission s’en fut également inspecter les fabriques d’armes en province. Le sieur Regnier, attaché à son personnel comme contrôleur d’armes, eut le bon sens de faire réunir dans un local particulier toutes les armes et pièces d’armes qui ne pouvaient être utilisées, mais qui lui paraissaient présenter un certain intérêt. Le ministre de la guerre Petiet, ayant remarqué cette réunion de diverses pièces d’armes, les fit transporter dans une salle de l’ancien couvent des Feuillants.

Le 27 juillet 1795, le comité de salut public rendit un arrêté établissant le comité central de l’artillerie, (à peu près comme il est maintenant) dans les bâtiments du couvent de dominicains-jacobins de Saint-Thomas d’Aquin. Le général Petiet y fit transporter les armes réunies au couvent des Feuillants, et y joignit les modèles échappés à la destruction de la Bastille. Ce fut vraiment une réorganisation du musée d’artillerie. Les collections des anciennes demeures royales et des familles émigrées étaient en proie au gaspillage le plus complet. Heureusement quelques hommes éclairés, et à leur tête Denon et Lenoir, firent tous leurs efforts pour rechercher et sauver de la destruction ces précieuses épaves historiques.

Le 24 novembre 1798, le comité d’artillerie demanda au ministre l’autorisation de faire des recherches dans les collections dispersées ou abandonnées, et d’en faire choisir tout ce qui serait susceptible d’être envoyé au musée d’artillerie. Le château de Sedan, ancien arsenal des ducs de Bouillon, et celui de Chantilly (des Condé) envoyèrent, le second surtout, un grand nombre d’armes qui enrichit encore les galeries du musée.

En 1814, le comité d’artillerie, réinstallé au dépôt central de l’artillerie, dans une de ses premières séances, délibéra sur la réorganisation du musée. On dressa un nouvel inventaire de ce qu’il possédait alors. - La salle de la bibliothèque, ne pouvant plus suffire à renfermer les collections qui devaient s’augmenter de plus en plus, on y consacra les quatre galeries placées au-dessus du cloître, et, un peu plus tard, on fut obligé d’y ajouter les grandes salles du rez-de-chaussée.

Tel était l’emplacement du musée avant le siège de Paris, et déjà les armes et les armures, malgré l’espace nouveau accordé au local du musée, y étaient trop serrées les unes contre les autres, et une certaine partie même restait en magasins, faute de place.

C’est ce qui détermina le choix actuel des galeries de l’Hôtel des Invalides dont la disposition permet pour l’avenir de nouveau legs de collections.

Toutes les collections du musée actuel avaient été emballées, avec grand soin, avant la guerre dernière, et mises en sûreté dans trois ports de mer. C’est donc à leur retour qu’elles furent dirigées immédiatement en leur nouveau local.

L’installation actuelle du musée d’artillerie n’est pas encore terminée. Deux salles sont achevées : 1e celle des petits modèles d’artillerie et projets des inventions de toutes les nations ; 2e celle des armures, qui vient tout dernièrement de se compléter par la restitution des armes et des armures du musée des souverains, lesquelles avaient été distraites de musée le 28 mai 1852, pour être transportées au Louvre, et qu’on a certainement beaucoup plus sagement fait de réintégrer à leurs anciennes places.

Ces deux salles offrent un ensemble du plus grand intérêt. La première renferme tous les petits modèles de l’artillerie et engins de guerre, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours ; la deuxième réunit le collections les plus complètes qu’on connaisse, comme armures et comme pièces d’armes depuis le douzième siècle jusqu’à notre époque.

La cour d’Angoulême, également terminée, est décorée de toutes les bouches à feu, depuis Charles VII jusqu’à notre époque.

La cour de la Victoire, qui est accordée aujourd’hui au Musée, est destinée exclusivement à la marine, dont elle recevra les bouches à feu historiques.

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Petits modèles d’artillerie et projets des nations

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La salle des armures aux Invalides

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Le musée d’artillerie des Invalides devient musée de l’Armée en 1905.

L’École d’artillerie se trouvant alors à Fontainebleau, elle dispose d’un conservatoire pour les besoins de l’instruction. Mais tout est mis en caisse en 1914 et ne sera pas redéployé avant le regroupement des Écoles d’artillerie [1] à Draguignan.

On y réalisera progressivement, un musée du canon et des artilleurs puis un musée de l’artillerie (et non plus musée d’artillerie), pour apporter un peu d’espace aux nouvelles collections du musée de l’Armée.

Voir cet autre article qui demande à être complété...

[1] Châlons, Poitiers, puis Nîmes


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