Le 17 octobre, le colonel Daroque a mis la dernière main à son plan d’emploi : sa pensée va à ses batteries, en particulier au 2è Groupe fort éprouvé le jour même. Il veut rendre aux positions. Vainement ses adjoints s’efforcent de le retenir et de lui fait remettre au lendemain, à un moment plus calme, la visite qu’il a décidée. Sans leur répondre, il prend son bâton et part suivi de l’abbé Turpaut, aumônier du Régiment. Près de la ferme le Priez un obus les fauche. Le colonel, atteint à la tête, git inanimé ; l’abbé Turpaut, la poitrine trouée, trouve la force de se traîner près de lui, pour lui donner les secours suprêmes.
Transporté à l’ambulance de Bray, cet héroïque aumônier, après quelques jours d’atroces souffrance, mourait heureux d’avoir offert sa vie à ses chers artilleurs.
Marie Marcel Gérard Biraud, commandant du 33e d’artillerie, tombé au champ d’honneur à Craonne le 2 août 1917.
Il avait 47 ans .
Ce polytechnicien, formé à l’École d’application de l’Artillerie et du Génie, était un expert en balistique.
Son ultime citation le distingue :
« Officier supérieur d’une activité inlassable, d’une compétence technique et d’une bravoure sans égales, se rendant constamment, et malgré les bombardements les plus vifs, dans les tranchées pour juger par lui-même de la situation et préparer le tir de son artillerie. Tombé glorieusement le 02.08.1917, frappé d’une balle au front, au moment où, à 50 mètres de l’ennemi, il parcourait notre première ligne pour vérifier la position exacte sur le terrain et régler ses tirs en conséquence. »
La rue du lieutenant-colonel Biraud borde les casernes du RICM à Poitiers. La municipalité l’a dénommée ainsi en mémoire de Marie Marcel Gérard Biraud,
Le 6 septembre 1914, au débouché Sud des marais de Saint-Gond, avec 2 groupes du 20e RAC (de LESQUEN du PLESSIS CASSO et BOURDIAUX) il brisera l’assaut de la Garde prussienne. Il y sera grièvement blessé puis reprendra du service.
Il s’illustrera sur le Grand-Couronné de Nancy, avec les batteries LADRANGE et BOUDET (Auguste), en neutralisant plusieurs batteries allemandes et des masses d’assaillants.
Les 7 canons capturés seront exposés place Stanislas. à Ypres le 25 novembre 1914.
Il sera promu chef d’escadron commandant le 1er groupe du 20e RAC.
DISCOURS DU CAPITAINE BOUDET
« En l’absence du lieutenant-colonel Biraud, à la place du commandant Villers, retenu à son poste, je suis appelé à adresser à mon camarade et ami, Jean de Molaing, le suprê- me adieu de ses camarades du régiment. Certes, ceux au nom de qui je vais parler auraient été mieux qualifiés que moi pour retracer la carrière de cet officier vaillant et généreux, au cœur intrépide et fier, mais je puis apporter le témoignage d’un ami de vingt ans, d’un camarade de promotion, d’un frère d’armes, et affirmer ici, devant son cercueil, que sa magnifique mort est le digne couronnement de toute sa vie.
Chrétien convaincu, il était homme de devoir et de sacrifice. Une distinction raffinée des sentiments et des manières, s’unissait en lui à une haute culture intellectuelle. Il avait les brillantes qualités de l’esprit et du cœur comme aussi les plus profondes. C’est par une extrême élévation de sentiments et le plus beau désintéressement qu’il se distinguait surtout.
La mort prouve une fois de plus qu’elle ne frappe pas au hasard. Pour le salut de la France, Dieu veut que les meilleurs tombent, et c’est pourquoi Molaing est allé rejoindre dans la gloire : Ladrange, Beaufort, Albert, notre colonel Daroqne, nos aumôniers l’abbé Juspault, » l’abbé Bonnemayre, tous héros dont nous sommes si fiers. (extrait d’une notice référencée sur Gallica.bnf)
Le capitaine LADRANGE est très souvent cité sur le JMO du 33e RAC. Lors des obsèques du capitaine Jean LESNE de MOLAING en juillet 1917, c’est son nom qui sera évoqué ... Une des plus belles figures d’officiers du 33e.
Relevé des citations :
N’a cessé, depuis le commencement de la campagne, de se distinguer par son courage comme par ses connaissances professionnelles ; menant hardiment sa batterie à petite distance de l’ennemi, chaque fois qu’il a eu intérêt de le faire, à Remereville et à Braconnes, sachant également trouver les positions les plus avantageuses et infliger à l’ennemi des pertes nombreuses, par la précision de son tir.
D’une bravoure et d’un dévouement à toute épreuve, s’est employé, jusqu’à l’extrême limite des forces humaines, à diriger, des postes les plus avancés, le tir de sa batterie, pendant les combats ininterrompus, du 26 Avril au 6 Mai.
Commandant de batterie de grande valeur qui n’a cessé, depuis le début de la campagne, par l’intelligence de ses reconnaissances, la hardiesse de ses mises en batterie, la précision de son tir, d’infliger des pertes sérieuses ç l’ennemi. S’est particulièrement distingué du 26 Avril au 6 Mai, dans des circonstances critiques.
Le 22 Septembre, voyant de son poste de commandement, sa batterie prise sous le feu d’obus de gros calibre dit : « Ma batterie est bombardée, mon devoir est d’y aller. » A été mortellement frappé au moment où il arrivait à ses pièces.
Cité 9 fois (de la bataille des frontières aux offensives de la victoire), blessés 2 fois, chevalier de la légion d’honneur, il prononcera en juillet 1917 l’éloge funèbre de son camarade et ami Jean LESNE de MOLAING.
A fait preuve, depuis son arrivée sur le front, de dévouement et de bravoure. Le 23 mai 1915, a maintenu le calme par son exemple, dans sa batterie violemment canonnée. Criblé de blessures par l’éclatement d’un obus, a prescrit de continuer le tir qu’il faisait exécuter.
L’hommage lui a été rendu en même temps que son frère Alexandre :
Citation pour son frère, Alexandre, sous-lieutenant au 5e d’artillerie à pied, tué à son poste.
Jeune officier, engagé pour la durée de la guerre, plein d’entrain, de dévouement et de calme. Arrivé depuis peu dans une position continuellement battue par le feu ennemi, savait, dans les moments critiques, par ses actes et ses paroles, entretenir la confiance de son personnel. A été tué à son poste le 25 juin 1916.