Ce texte est du Lieutenant-colonel Gilles Aubagnac, conservateur du Misée de l’artillerie, alors qu’il était aussi "officier tradition" à l’École d’application de l’artillerie
Les notes de bas de page sont ajoutées par le rédacteur.
L’artilleur est un homme de disponibilité, d’ouverture d’esprit et de cœur, de discipline et d’initiative, qui sait maîtriser la force dont il dispose. Ceci a engendré une prédisposition à comprendre, travailler, côtoyer des personnes issues de milieux différents, en respectant leur spécificité.
L’artilleur qui sert souvent des équipements de haute technologie, est rigoureux et précis.
Depuis l’adoption au début du XVIIIe siècle du principe divisionnaire, l’artilleur est aussi marqué par un style de commandement qui favorise le principe de subsidiarité : celui qui commande est celui qui est en situation de le faire.
L’artilleur fonctionne dans un système qui privilégie l’efficacité collective dans une interdépendance forte des équipes opérationnelles.
Les officiers d’artillerie, animés à la fois par un esprit de finesse et un esprit de géométrie, ont permis à l’artillerie de s’adapter aux évolutions techniques et à l’art de la guerre par un système de formation qui a maintes fois montré de fortes capacités de prises en compte des divers enjeux, aussi bien techniques et tactiques qu’humains, pour le succès des armes de la France.
L’artillerie est une chaîne dont la force dépend de celle du plus petit maillon.
Gribeauval écrivait déjà en 1765 "Tout se tient dans un système d’artillerie, calibre, longueur du tube, système de pointage, affût, munitions, voitures de réapprovisionnement et une lacune dans l’une des parties compromet le fonctionnement de l’ensemble."
Mais il a omis de mentionner la place de l’homme artilleur, à une époque il est vrai, où l’héroïsme individuel passait bien après l’efficacité collective, ce dont on peut aussi utilement s’inspirer [1]....
[1] C’est du moins ce que firent les industriels de la jeune Amérique qui reconnaissent s’être inspiré de la construction des canons de Gribeauval et de leur service par les équipes de pièce, pour créer les chaines de montage des usines Ford.