Ces données sont extraites du livre "Nouvelles approches de l’histoire de l’artillerie" co-dirigé par Monsieur Philippe Richardot, docteur et agrégé d’histoire et le Lieutenant-colonel Gilles Aubagnac, conservateur du Musée de l’artillerie,à Draguignan. Ce livre regroupe les actes de la journée d’étude organisée le 18 octobre 2003 au musée de l’Artillerie à Draguignan, avec le soutien de l’association des Amis du musée de l’Artillerie.
L’article est l’oeuvre du Capitaine Roudier, titulaire d’une maîtrise d’histoire. Il a été assisté par le Sous-lieutenant Giret ayant également une maîtrise d’histoire.
Avertissement : le texte qui suit est coupé de son contexte et peut paraître un peu succinct. Mais il s’agit d’élaborer un lexique facilement compréhensible par tous les lecteurs. Les définitions sont extraites de réglemente d’instruction sur le tir, où la simplicité est recherchée avec à l’appoint des figures simplifiées.
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Les conditions réelles d’un tir ne sont jamais toutes identiques à celles théoriques des tables de tir.
Tirer juste est possible, à condition de connaître avec suffisamment de précisions les éléments perturbateurs de la trajectoire, pour appliquer les corrections correspondantes. ...
La trajectoire est la ligne suivie par le centre de gravité du projectile (obus) entre l’origine et le point d’impact.
L’origine (O) de la trajectoire est la bouche du canon.
La flèche (f) est la hauteur du point le plus élevé de la trajectoire, comptée à partir de l’altitude de l’origine.
L’inclinaison (ω)de la trajectoire en un point P est l’angle aigu que fait en P la tangente à la trajectoire avec le plan horizontal.
L’angle d’impact (i) est l’angle aigu que fait en I la tangente à la trajectoire avec le terrain ou l’objectif.
Le point d’éclatement est le point ou éclate l’objectif. Si l’éclatement a lieu avant le point d’impact, le tir est dit fusant. Dans le cas contraire, il est dit percutant.
La durée de trajet est le temps mis par le projectile pour aller de l’origine à un point déterminé de la trajectoire.
Les tables de tir relatives à un matériel sont des recueils de renseignements donnant sous forme de tableaux, tous les éléments de la trajectoire de référence dans des conditions balistiques et aérologiques de définies.
La trajectoire balistique est la la trajectoire d’un projectile soumis à la seule force de la gravitation.
La balistique est la science qui étudie les mouvements des corps lancés dans l’espace et plus spécialement ceux des projectiles.
La trajectoire des tables est une trajectoire théorique correspondant à des conditions de tir déterminées, précisées dans les tables de tir du matériel considéré. (Ces trajectoires sont également appelées "de références" ou "normales"). Ces "conditions normales" sont les suivantes :
Le point de chute des tables est le point ou la trajectoire rencontre à nouveau le plan horizontal passant par l’origine.
La portée est la distance depuis l’origine jusqu’au point de chute des tables.
La vitesse initiale (Vo) est la vitesse du projectile en fin de phase de propulsion (à la sortie de la bouche à feu).
La distance topographique d’un objectif est sa distance depuis l’origine mesurée dans le plan de référence de la carte.
L’altitude d’un point est la distance verticale qui sépare ce point de la surface des mers supposée prolongée sous le continent.
Une carte est une représentation plane conventionnelle des détails naturels et artificiels de la surface terrestre ainsi que de son relief.
L’unité de référence de mesure d’angle est l’angle droit. Cependant, l’artilleur est amené à utiliser des sous unités d’angle comme :
Dans une circonférence, il y a donc 360° ou 400 gr ou 6400 µ.
Le millième n’a pas de sous-multiple. Il diffère très peu de l’angle sous lequel on voit un mètre à un kilomètre, d’où sa définition : ainsi, le millième est l’angle sous lequel on voit un mètre à un kilomètre. [1].
La dénivelée (DZ) d’un point A par rapport à un point B est la différence d’altitude existant entre le point A et le point B. la dénivelée s’exprime en mètre et est affectée d’un signe (+/-).
On appelle site absolu d’un point B par rapport à un point A, l’angle que fait la droite AB avec le plan horizontal passant par A. C’est le rapport de la dénivelée (en mètre) entre ces deux points à la distance horizontale (en kilomètre) qui les sépare. Le site est exprimé en millième avec un signe (+/-). Si l’altitude de B est supérieure à celle de A, le site est positif ; il est négatif dans le cas contraire.
L’évent est la durée de trajet d’un projectile au sortir de la bouche à feu jusqu’à son point d’éclatement.
Sur le terrain, la répartition de projectiles tirés dans des conditions aussi identiques que possible est appelé la dispersion. Cette dispersion agit aussi bien en portée qu’en direction. Si le tir comporte un grand nombre de coups, on constate que leur loi de répartition obéit à la loi de Gauss : elle sera caractérisée par une surface de forme rectangulaire et donc la longueur est parallèle à la direction du tir (appelé rectangle de dispersion) dans lequel les obus se répartissent.
La fourchette est le plus petit bond à commander pour avoir la quasi certitude que le sens du coup suive le sens du bond.
La rafale de pièce est l’ensemble des coups tirés sans interruption par une pièce avec les mêmes éléments.
La rafale de batterie est l’ensemble des coups tirés sur des éléments communs par les pièces d’une batterie, à raison d’un ou plusieurs coups par pièce, sans intervalle déterminé entre les pièces. Une définition analogue s’applique à la rafale de groupe.
La salve (de batterie) est l’ensemble des coups tirés sur des éléments communs par les pièces d’une batterie, dans l’ordre de numérotation des pièces, à intervalles réguliers, à raison d’un coup par pièce.
Le tableau est une figure formée sur le terrain par les éclatements d’une salve ou d’une rafale de batterie. Sa largeur est l’écart métrique entre les coups extrêmes. Sa disposition est définie par les écarts des différents éclatements entre eux. Le tableau est dit régulier lorsque les éclatements se présentent dans l’ordre des pièces et sont régulièrement espacés.
On appelle éléments d’une pièce (canon, obusier ou mortier), les données chiffrées concernant l’angle (hausse) et la direction, à inscrire (« marquer ») sur les organes de pointage.
La queue de trajectoire est la différence entre la portée et la distance topographique de l’objectif.
La distance topographique est la distance d’un objectif à l’origine mesurée dans le plan de référence de la carte.
Tirer un projectile percutant consiste à le faire éclater au contact d’un obstacle (généralement le sol).
Tirer un projectile fusant consiste à le faire éclater sur la trajectoire avant qu’il ne rencontre le sol.
L’angle au niveau (A) est l’angle que fait l’axe de la bouche à feu avec le plan horizontal.
L’angle de hausse (T) est l’angle que doit faire la bouche à feu avec le plan horizontal pour que soit obtenue la portée considérée dans les conditions normales.
On peut agir sur la trajectoire d’un projectile en modifiant
Ainsi, lorsque la vitesse initiale reste constante, on fait croître l’angle au niveau à partir de zéro, la portée augmente d’abord, passe par un maximum pour une valeur de l’angle au niveau voisin de 800 (soit 45°, angle de portée maximale), puis diminue lorsqu’on dépasse cette valeur.
De ce fait, le tir sous des angles au niveau inférieurs à l’angle de portée maximale porte le nom de tir plongeant ; sous des angles au niveau supérieurs, il porte le nom de tir vertical.
Les trajectoires dont il a été question précédemment sont les trajectoires des tables". On a défini une trajectoire pour un projectile donné, par une charge et un angle au niveau, sans tenir compte du fait, en particulier, que le tube pouvait être plus ou moins usé, de ce que le vent pouvait souffler plus ou moins fort, de telle ou telle direction. En fait, les trajectoires réelles ne sont pas identiques aux trajectoires des tables, car elles subissent les effets d’ éléments perturbateurs. La connaissance de ces derniers et de leur influence permet de déterminer, à partir des trajectoires des tables, les trajectoires réelles qui leur correspondent, dans les conditions du moment. D’où la nécessité de savoir qu’elle est la nature de ces éléments perturbateurs dont l’effet, en définitive est d’éloigner le projectile du point où l’on voudrait le voir aboutir.
Les trois groupes d’éléments perturbateurs comprennent :
Batterie d’artillerie : Unité élémentaire, ad1Ùinistrative et tactique de l’artillerie correspondant à la compagnie ou à l’escadron des autres armes et commandée par un capitaine.
Gargousse : n.f. Charge de poudre prête pour le tir d’une bouche à feu, et placée dans un sachet en textile ou en papier.
Bombe : n.f. Projectile creux, chargé en matière explosive, incendiaire, chimique ou éclairante, lancé autrefois par des canons XIVè - XVè siècles) ou des mortiers de tranchée (pendant la Première Guerre mondiale).
Boulet : n.m. Projectile sphérique, de pierre ou de métal, dont on chargeait les canons du XIVe au XIXe siècle. Les boulets, calibrés en livres, ont été remplacés par les obus lors de l’adoption des canons rayés.
Douille : n.f. Étui métallique contenant la charge de poudre d’une cartouche. Le culot de la douille est muni d’un bourrelet servant d’obturateur, et il contient l’amorce.
Fusée : n.f. Artifice provoquant l’explosion de la charge de certains projectiles. Vers 1630, on commença à utiliser une fusée à poudre comme moyen d’amorçage pour provoquer l’éclatement des bombes. La fusée-détonateur fut d’ abord une fusée-amorce comprenant un tube en laiton rempli de poudre ou de composition fusante brûlant régulièrement, sur lequel on perçait un trou, ou évent, suivant la durée de combustion désirée. Ensuite apparurent les détonateurs comprenant amorce, percuteur, ou rugueux, et ressort, qui fonctionnent soit par inertie, soit par force centrifuge, ou par refoulement.
Calibre : n.m. Diamètre intérieur de l’âme d’une bouche à feu, mesuré (entre les cloisons pour les canons rayés) soit en millimètres (France), soit en centimètres (Allemagne), soit en pouces (Grande-Bretagne). Il s’agit aussi du diamètre extérieur d’un projectile : le calibre d’un obus.
Chargement : n.m. Opération qui consiste à introduire une cartouche, ou une gargousse et un obus, dans la chambre d’une bouche à feu.
Chambre : n.f. Partie extrême arrière d’une bouche à feu.
Obus : n.m. Projectile de calibre égal ou supérieur à 20 mm et de forme généralement cylindro-ogivale, lancé par une bouche à feu. Jusqu’au XIXe siècle, le nom d’ « obus » était réservé aux projectiles creux, par opposition aux « boulets » pleins.
Event : n.m. l- Petite ouverture destinée à laisser passer la flamme d’une amorce qui doit enflammer une charge de poudre. 2- Division de la graduation d’une fusée destinée à un projectile fusant.
Dotation.
Unité de feu (U.F.) : L’unité de feu d’un type d’ arme est une unité de mesure égale au produit d’un taux de base (de consommation) fixé par l’échelon ministériel par le nombre d’armes en dotation dans une formation ou une grande unité.
L’ U.F. d’une formation ou d’une grande unité est une quantité de mesure égale à la somme des U.F. de chaque type d’arme en dotation.
L’unité de feu correspond à la consommation quotidienne moyenne d’une unité. [2]
[1] Ce ton péremptoire est choisi pour que le canonnier ne se pose pas trop de questions. L’homme averti sait qu’en fait le millième est le millième de radian soit le 1/6283e partie de la circonférence avec l’approximation de 6384= 2πx1000 ; voir à ce sujet cet article.
[2] Ndr : En réalité il s’agit de la capacité journalière moyenne de réapprovisionnement. Une unité peut dépasser la consommation d’une UF lorsque les circonstances l’exigent et que les dépôts ont été constitués à temps, avec l’anticipation des combats à mener.