L’organisation de l’Artillerie > Tome B- Approches détaillées > 6- Organisation du XIXè siécle > E- L’artillerie pour la Revanche (1871-1914) > E3- Les réalisations de 1880 à 1890 >
3- Le problème du recul devient plus important, il faut le réduire
 

Le problème du recul

Le recul important de la pièce, exigeant de ramener le canon en position puis de le pointer à nouveau, imposait un délai notable entre deux coups, diminuant considérablement la cadence de tir. Le Service de l’artillerie cherchait les moyens de diminuer ce recul.

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Les freins de recul

En 1878, le capitaine Lemoine avait proposé, pour les pièces de campagne, un « frein à patins et à cordes » [1] : au recul, les roues étaient bloquées et glissaient au lieu de rouler, limitant ainsi le recul. Après de longs essais, ce dispositif fut le « frein à patins modèle 1888 ».

L’utilisation de coins de recul inclinés, sur lesquels les roues montent en reculant, limite, elle aussi, le recul et amorce ensuite le retour de la pièce à sa position initiale.

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Le système élastique

Cependant, en vue de réduire au maximum le dépointage, les chercheurs se tournent vers l’introduction, entre le tube et l’affût, d’un système élastique dont le ressort amortit le choc au départ du coup et qui freine le retour du tube en batterie pour éviter le choc en retour.

Déjà, en 1872, le capitaine de Reffye avait donné une première solution avec un « frein hydraulique » à orifices variables : un piston solidaire du tube se déplaçait dans un cylindre plein de liquide et relié à un point fixe ; le cylindre portait des fraisures dont les dimensions, allant en se rétrécissant, freinaient progressivement le recul.

Le capitaine Locard, de la fonderie de Bourges, tente de remplacer les fraisures du cylindre par des soupapes portées par le piston et s’ouvrant plus ou moins suivant l’effort supporté. Mais ce frein n’est pas au point, et le service de l’artillerie lui préfère, en 1884, un frein à fraisures présenté par Saint-Chamond pour le 120 et le 155 de Bange.

Locard adapte ensuite son frein à des matériels de gros calibre dont le tube recule dans un manchon lié à l’affût et relié au tube par un frein Locard. L’affût, en reculant, monte sur une glissière inclinée du châssis. Il est lui-même relié à la plate-forme par un frein Locard. Par la pesanteur, il revient en batterie, aidé, s’il en est besoin, par des ressorts.

Une première application à l’artillerie de campagne est tentée par le chef d’escadron de Pistoye en 1888 sur son canon à hausse indépendante ; mais le système n’est pas au point. Locard fait ensuite un frein hydropneumatique dont le piston a une tige creuse et, en reculant dans le cylindre de frein, refoule le liquide dans cette tige creuse. Le liquide, en poussant un piston libre, comprime de l’air déjà sous pression avant le recul ; le recul terminé, l’air comprimé repousse le piston libre qui refoule le liquide et le piston à la position initiale.

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Schéma de principe du frein hydropneumatique.

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Le recul du tube sur l’affût immobilisé est contrarié par :

  • un freinage (décroissant) dû au passage du liquide de A en B par C,
  • la résistance (croissante) du gaz à la compression.

L’effort ainsi demandé à l’affût doit, à chaque instant, être inférieur à celui qui le déplacerait ou le briserait.

Le retour du tube à sa position de repos sous l’action (décroissante) du gaz comprimé est soumis au freinage (décroissant) dû au passage du liquide de B en A par C en partie fermé.

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Il faudra attendre la fin du siècle pour concrétiser le véritable canon à tir rapide, le canon de 75mm modèle 1897.

[1] Certains prétendent que le principe du frein à corde est l’ancêtre du système ABS : le freinage sans blocage.


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