L’organisation de l’Artillerie > Tome B- Approches détaillées > 6- Organisation du XIXè siécle > E- L’artillerie pour la Revanche (1871-1914) > E3- Les réalisations de 1880 à 1890 >
1- Diminution du rôle du Comité de l’artillerie
 

L’action du Comité de l’artillerie va changer.

En 1886, le général Boulanger, ministre de la guerre, institue des Comités consultatifs pour l’ensemble des armes et services et réorganise le Comité de l’artillerie pour qu’il soit semblable aux autres. [1]

Le Comité n’étudiera plus les questions techniques qu’au second degré, le premier degré étant la Section technique de l’artillerie (S.T.A.). Celle-ci, qui remplace le dépôt central, dépend directement de la Direction de l’artillerie [2]. Le colonel directeur de la section technique est, de droit, le secrétaire du Comité, ce qui arrange bien les choses.

Cependant, en 1888 le général Mathieu, qui était un excellent directeur de l’artillerie, fait signer par le ministre (Freycinet) le décret du 31 juillet : la Section technique de l’artillerie sera, comme l’était le dépôt central, placée sous les ordres du président du comité, lequel prendra le nom de Comité technique.

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En dépit d’un avis défavorable émis en 1878, le ministre créa en 1883 une Commission d’étude des armes à répétition qui d’ailleurs fut remplacée, en 1884, par une commission restreinte présidée par le général Tramond, issu de l’infanterie et futur membre du Comité de l’artillerie...

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Général Gras

On y trouvait le général Gras, le colonel d’infanterie Lebel, directeur de l’École normale de tir d’infanterie, le capitaine d’artillerie Desaleux de la commission d’expériences de Versailles et M. Vieille.

Deux modèles de fusils à répétition de calibre 1lmm, à magasin dans le fût (comme celui du Kropatschek), sont mis à l’essai. Mais on apprend que l’armée suisse dispose d’un fusil à répétition de 7,5mm tirant en poudre noire au Vo de 600 m/s. La commission Tramond décide alors que le calibre du fusil français sera de 8mm et, en janvier 1886, le ministre prescrit que le nouveau fusil lui soit présenté le 1er mai.

Les tâches sont rapidement réparties :

  • le général Gras propose d’utiliser le mécanisme à répétition du fusil avec magasin dans le fût, dont le calibre sera réduit à 8mm ;
  • le capitaine Desaleux établira le tracé de l’étui.

Le général Gras, inspecteur des manufactures d’armes, fait fabriquer à Châtellerault le fusil qui est adopté en avril 1887 comme fusil modèle 1886, mieux connu sous le nom de fusil Lebel [3]. Pour ce fusil, le général Gras veut obtenir, des diverses manufactures, des pièces assez identiques pour être parfaitement interchangeables. [4].

Cette recherche de l’interchangeabilité conduit à l’organisation du travail qui est à la base des fabrications modernes. Les artilleurs français en sont les promoteurs. Avec ces procédés, le Service de l’artillerie réussit le tour de force de sortir 900 000 fusils dans une année de 300 jours ouvrables, soit 3 000 fusils par journée de 10 heures de travail.

A la même époque, la cavalerie recevra la carabine modèle 1890 à chargeur et l’artillerie le mousqueton modèle 1892 à chargeur, muni d’une baïonnette, construits sur les mêmes bases.

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Pour les besoins des nouveaux fusils et bouches à feu, de nouvelles poudres font leur apparition.

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[1] Ses membres, y compris le président, seront renouvelables par moitié tous les ans.

[2] devenue 3e Direction du ministère en 1878

[3] malgré les protestations de la commission et du colonel Lebel lui-même. Ce dernier était seulement le père de la balle (poids 15gr - Vo 630 m/s) que le général Tramond fera, par la suite, recouvrir de maillechort pour éviter l’emplombage des rayures. Enfin, le capitaine Desaleux, appliquant les résultats obtenus sur les obus à culot tronconique et ogive allongée, réalisera la balle D (12,8gr - Vo 700 m/s) qui réduira notablement flèche et dispersion.

[4] Il y parvient grâce au comparateur automatique du chef d’escadron Hartmann de l’Atelier de précision, appareil permettant d’apprécier les différences de longueur de l’ordre du micron.


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