L’organisation de l’Artillerie > Tome B- Approches détaillées > 6- Organisation du XIXè siécle > E- L’artillerie pour la Revanche (1871-1914) > E1- Réactions à une guerre perdue >
1- Le constat et les premières réactions
 

Le bilan d’une guerre perdue

«  L’étude attentive d’un grand revers est aussi instructive que la recherche des causes d’un important succès », a écrit le général Favé.

Dans cet esprit, le ministre charge le général Forgeot, président du Comité de l’artillerie d’étudier, d’abord pour l’artillerie de campagne et d’après les rapports d’opérations, un programme concernant le maintien ou la modification des matériels employés pendant la guerre, y compris ceux venant de l’étranger.

Les observations sur les matériels seront effectuées par des commissions d’expériences créées l’une à Bourges, l’autre à Calais. Une troisième commission sera ultérieurement installée à Tarbes auprès de l’Atelier de construction récemment créé et dirigé par le colonel de Reffye.

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En 1872, le général Forgeot souligne, dans son rapport : « Si en 1870 notre artillerie s’est montrée, pour la portée et la justesse, inférieure à celle de l’ennemi, ne doit-on pas surtout l’attribuer à ces mêmes considérations budgétaires desquelles provenait la principale cause d’infériorité : le nombre ? Si les pouvoirs publics qui se sont toujours, et avec raison, réservé l’initiative [1], inséparable de la responsabilité, avaient pu et voulu changer l’armement de l’artillerie en même temps que celui de l’infanterie et de la cavalerie, s’ils n’avaient pas reculé devant les dépenses considérables nécessaires à cette transformation, le Comité aurait pu, grâce aux moyens d’étude dont il disposait, présenter un système d’artillerie susceptible de soutenir la comparaison avec ceux des puissances ennemies. »

Les études prescrites par le ministre conduisent aux conclusions suivantes :

  • l’artillerie a été souvent mal employée par le commandement ;
  • le nombre des canons français était inférieur à la moitié de celui des canons allemands ;
  • leur portée était inférieure d’environ 500 mètres à celle du canon prussien ;
  • l’obus était équivalent ;
  • les fusées d’amorçage étaient très inférieures aux fusées allemandes.

Les premières décisions

Les premières propositions faites dans le rapport du Comité concernent les fusées : les fusées « à temps » des obus explosifs doivent être remplacées par la fusée percutante Desmarets en attendant mieux.

Les matériels lisses des places sont à remplacer par des pièces de bronze rayées se chargeant par la culasse, le bronze s’imposant pour utiliser les stocks existants.

Les essais effectués sur les matériels étrangers montrent qu’aucun ne donne satisfaction.

On expérimente ensuite plusieurs modèles de bouches à feu en acier, dont seul celui présenté par le capitaine d’artillerie de Lahitolle est jugé satisfaisant : c’est un 80mm, dont le tube en fer laminé a une frette en acier ; la culasse est à vis à filets interrompus du type de Beaulieu.

Le lieutenant-colonel de Reffye a repris ses études à Meudon. Il présente un canon de 7 (85mm) en bronze dont la culasse, du type Beaulieu, est portée par un volet à charnière dans lequel elle coulisse, ce qui facilite les mouvements d’ouverture et de fermeture. L’obturation s’effectue par une douille en fer blanc contenant la charge. Quant au canon de 4, son calibre est jugé insuffisant, et on construit un canon de 5 (75 mm), de même type que le 7.

. En 1875, le ministre décide l’adoption des matériels de Reffye de 5 et de 7 en bronze comme système provisoire. Il leur adjoint, en 1875, un canon de Lahitolle de 95 mm en bronze jugé excellent.

Pendant ce temps, la firme Schneider a mis au point un acier présentant les qualités requises, et le Service de l’artillerie estime qu’on peut, dès à présent, envisager, comme métal à canon, les aciers français.

[1] Le général Forgeot rappelle là que, comme on l’a vu, le Comité ne peut étudier que les questions qui lui sont posées par le ministre.


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