L’organisation de l’Artillerie > Tome B- Approches détaillées > 6- Organisation du XIXè siécle > E- L’artillerie pour la Revanche (1871-1914) >
L’artillerie de campagne de 1871 à 1914
 

L’artillerie de campagne de 1871 à 1914

La situation à la fin du conflit franco-prussien de 1870-1871

En 1870, au moment de l’entrée en guerre, la situation de l’artillerie de campagne est la suivante avec 21 régiments d’artillerie, 1 régiment de pontonniers et 2 régiments du train d’artillerie :

  • 15 régiments montés (n° 1 à 15) comprenant huit batteries montées (de 4) et 4 batteries à pied (de 12) ;
  • 1 régiment monté de la Garde Impériale comprenant 6 batteries montées (de 4) ;
  • 4 régiments à cheval (n° 17 à 20) comprenant huit batteries à cheval (de 4) ;
  • 1 régiment à cheval de la Garde Impériale comprenant 6 batteries à cheval (de 4).

Cette artillerie de campagne est soutenue par :

  • 1 régiment de pontonniers (n° 16) comprenant un état-major, un peloton hors rang et 14 compagnies de pontonniers ;
  • 2 régiments du train d’artillerie comprenant 12 compagnies chacun et un escadron du train à deux compagnies pour la Garde Impériale ;
  • 10 compagnies d’ouvriers et 6 compagnies d’artificiers.

A la chute de l’Empire, le 4 septembre 1870, suite à la défaite de Sedan, le gouvernement provisoire décide de continuer les hostilités malgré les lourdes défaites précédentes. La Garde impériale, avec ses deux régiments d’artillerie, est dissoute à la chute de l’Empire.

Pendant la suite du conflit, 2 nouveaux régiments, de type monté, sont créés :

  • 21° régiment d’artillerie montée : armées de Paris. Formé le 30 octobre 1870 (dépôt à l’Ecole Militaire).
  • 22° régiment d’artillerie montée : armées de Paris. Formé le 1° novembre 1870 (dépôt à l’Ecole Militaire).

Après l’armistice, deux autres régiments sont créés avec pour noyaux les dépôts des régiments d’artillerie de la Garde. En mars 1871, l’ex régiment d’artillerie monté de la Garde prend le numéro 23. L’ex régiment d’artillerie à cheval de la Garde prend le numéro 24 le 21 aout 1871. Ils sont formés initialement avec le personnel rentré de captivité.

x

Organisation du 7 avril 1872.

Le décret du 20 avril 1872, portant sur la réorganisation de l’armée, permet la création de 7 nouveaux régiments. La loi budgétaire du 9 mai 1872 prévoit l’entretien de trente régiments d’artillerie, plus le régiment de pontonniers.

A cette occasion, la dénomination « d’artillerie à cheval » disparait ainsi que le terme « d’artillerie montée ». Les régiments à cheval sont transformés en régiments de type montés. Les unités sont alors simplement dénommées régiments d’artillerie sauf le régiment de pontonniers qui conserve sa spécificité.

Il est créé sept nouveaux régiments (16°, 25°, 26°, 27°, 28°, 29° et 30°). Le régiment de pontonniers cède son numéro (16) dans la série générale pour prendre simplement le titre de régiment d’artillerie-pontonniers.

Une circulaire ministérielle, faisant suite au décret, définit la répartition des moyens. L’ensemble des batteries est répartie uniformément entre les 30 régiments. Auparavant, elles étaient distribuées d’une manière très inégale entre les régiments préexistants.

Cette répartition ne permet d’attribuer à chacun des trente régiments que onze batteries seulement : une à pied (1°), huit montées (2° à 9°) et deux à cheval (13° et 14°). Il est prévu qu’ultérieurement le nombre des batteries montées devra être porté à onze. Ainsi, les batteries à cheval prennent dans tous les régiments les numéros 13 et 14 ; les numéros 10, 11 et 12 restant vacants jusqu’à nouvel ordre.

Il faut noter que certains régiments sont dotés de batteries de montagne, héritage du conflit de 1870-1871.

x

Organisation du 29 septembre 1873.

Le 24 juillet 1873, l’assemblée nationale vote la loi sur l’organisation générale de l’armée. Cette loi découpe la France en dix-huit régions, chacune pourvue d’un corps d’armée. Chaque corps d’armée comprend deux divisions d’infanterie, une brigade de cavalerie, une brigade d’artillerie, un bataillon du génie et un escadron du train. Elle affecte aussi un 19° corps à la garde de l’Algérie.

En ce qui concerne l’artillerie, sa structure découle de cette organisation avec dix-neuf brigades, soit trente-huit régiments, d’où la création de huit nouveaux régiments (31° à 38° inclus). Les brigades prennent les numéros des corps d’armée auxquels elles sont affectées.

Le décret du 29 septembre 1873 permet la création de ces nouveaux régiments mais il est spécifié qu’ils soient formés au moyen d’éléments prélevés sur l’ensemble de l’arme, et de telle sorte que le nombre total des batteries existantes et le cadre actuel des officiers ne soient pas dépassés.

x

Organisation du 13 mai 1875.

La loi du 13 mai 1875, dite loi des cadres, permet de redimensionner les régiments d’artillerie suite à la création des brigades et la mise sur pied de 38 régiments.

Le premier régiment de chaque brigade, dit divisionnaire, comprend treize batteries : trois à pied, huit montées et deux montées de dépôt, avec des sections de munitions. Cette unité doit à la mobilisation fournir des batteries aux divisions du corps d’armée. L’artillerie de la 1° division de chaque corps est commandée par le colonel du régiment divisionnaire, l’artillerie de la 2° division par le lieutenant-colonel du régiment d’artillerie divisionnaire.

Le second régiment, dit de corps d’armée, est doté aussi de treize batteries : trois à cheval, huit montées et deux montées de dépôt, avec des sections de munitions. Ces batteries sont à la disposition du corps d’armée.

L’artillerie est alors dotée de deux régiments de pontonniers. Le régiment existant, cantonné à Lyon, prend le numéro 1 et le nouveau, formé à Angers, prend le numéro 2. Ils sont chacun à 14 compagnies avec la répartition suivante :

  • Dix-neuf équipages de pont de corps d’armée ;
  • Quatre équipages de pont d’armée.
  • Des équipages de pont de place affectés à Besançon, Toul, Versailles et Lyon.

Lors de cette réforme, les régiments du train d’artillerie sont supprimés. Les compagnies sont conservées et d’autres sont créées pour en obtenir cinquante-sept compagnies. Elles sont réparties à raison de trois par brigade ; une au premier régiment et deux autres au deuxième régiment.

x

Organisation du 24 juillet 1883 et la création de l’artillerie de forteresse.

Après la défaite de 1870-1871, l’armement de l’artillerie des places fortes, nouvellement construites, dans le programme Séré de Rivière, est attribué à une artillerie de place. Son rôle est de s’opposer à la construction des batteries de siège, des travaux d’approche et de contrebattre les pièces ennemies.

Bien que le principe des régiments mixtes constitués de batteries d’emploi différent (montées, à cheval et à pied) soit la règle, l’important développement du système de défense amène la séparation de l’artillerie de campagne et de forteresse.

En application de la loi, les batteries à pied sont enlevées aux régiments d’artillerie qui en sont pourvus. Elles sont regroupées dans seize bataillons de forteresse, à six batteries chacun. D’après les tableaux annexés à la loi, le premier régiment, divisionnaire, de chaque brigade doit alors comprendre douze batteries montées ; le deuxième régiment, de corps d’armée, huit batteries montées et trois batteries à cheval. A cette époque apparaît donc le terme « d’artillerie de campagne » pour les unités.

Les bataillons de forteresse sont formés à partir du 1° septembre avec toutes les batteries à pied des régiments d’artillerie existants. Le 1° janvier 1884, ils prennent le nom de bataillon d’artillerie à pied (BAP). Le 1° mars 1910, les bataillons sont regroupés en 11 régiments d’artillerie à pied.

Douze batteries (à pied, montées ou de montagne) sont détachées en Algérie et comptent, sous le nom de batteries « bis » dans les régiments d’origine.

Par décret du 31 décembre 1888, portant application de la loi du 28 décembre précédent, il est créé 12 batteries de montagne destinées aux troupes alpines. En même temps, le nombre des batteries d’Algérie est porté de 12 â 16. Les batteries de montagne sont rattachées pour l’administration aux régiments divisionnaires des 14° et 15° brigades d’artillerie ; les batteries en Algérie sont rattachées aux deux régiments de la 19° brigade.

Enfin, par décret du 2 août 1889 portant application de la loi du 15 juillet précédent, il est créé dans le 2° régiment de chaque brigade une batterie montée supplémentaire. Il faut ensuite noter la création de deux nouveaux régiments en 1894 (39° et 40°).

x

Pour la suite, consulter l’article suivant : La situation en 1914.


____________

Base documentaire des Artilleurs