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Les fusées de guerre
 

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L’artillerie se diversifie, en revenant aux fusées utilisées dès le Moyen-Age, avec par exemple les bâtons de feux les feux grégeois. Il ne s’agit plus simplement de mettre le feu, ou de lancer des artifices, mais d’appliquer des effets destructeurs sur l’adversaire.

Les fusées de guerre

On connaît le principe des fusées de guerre dans lesquelles un récipient (le cartouche), mû par l’échappement des gaz de la poudre qu’il contient, porte chez l’ennemi un projectile fixé à son avant.

Les Français subirent, après 1806, les tirs de fusées, dites à la Congrève, employées par les Anglais. L’Autriche, elle aussi, s’équipa de ce matériel.

L’expérimentation commence sous la Restauration

Après 1815, on fabrique à Toulouse quelques fusées de guerre dont le capitaine d’artillerie de Bruslard avait déjà, en 1813 à Hambourg, organisé une première réalisation ; mais les tirs effectués en 1823 au siège de Cadix avec ces fusées donnent des résultats médiocres. Cette fabrication sera désormais confiée à l’École de pyrotechnie.

En 1827, l’Anglais Bedford communique les procédés de fabrication de son pays. Sa collaboration avec l’École de pyrotechnie durera jusqu’en 1845 et donnera de bons résultats pour la fusée de guerre et son matériel de lancement ; mais rien n’était résolu pour la précision du tir, car les irrégularités de combustion de la poudre et l’influence du vent agissaient exagérément sur la trajectoire de ce projectile démarrant à vitesse réduite.

Le Comité de l’artillerie, qui estimait en 1837 que l’obusier de campagne était nettement supérieur à la fusée, reconnaissait, du moins, que la légèreté de son appareil de lancement en permettait l’emploi en des points inaccessibles aux bouches à feu. En effet, quittant son appareil de lancement sans effet de recul, la fusée se contente d’une rampe de lancement légère, même lorsqu’elle a une portée supérieure à celle d’une bouche à feu. Mais la précision du tir du coup isolé reste très faible et c’est seulement en tirant simultanément un grand nombre de fusées sur un objectif assez étendu que l’on peut espérer voir la dispersion compenser l’imprécision.

En 1841, le ministre crée une batterie de fuséens avant même la fin des essais, et il adopte en 1846 des fusées dites de 5, 7 ou 9 d’après le diamètre intérieur du cartouche exprimé en centimètres.

L’expérimentation des fusées se poursuit sous la seconde République et le Second-Empire

En 1850, le colonel Goupil imagine de stabiliser la direction de l’axe de l’engin par effet gyroscopique en lui donnant un mouvement de rotation autour de cet axe par l’inclinaison des évents de sortie des gaz. Cela élimine la baguette de direction jusqu’alors placée à l’arrière du cartouche pour maintenir vers l’avant la tête de la fusée. Le chef d’escadron Susane, directeur de l’École de pyrotechnie, reprenant l’étude en 1852, remplace le mode de tassement de la poudre motrice, jusqu’alors effectué au mouton, par une pression régulière et progressive à la presse, qui donne une composition plus homogène. En 1856, un système de fusées de 6, 9 et 12 est adopté. Les tubes peuvent être assemblés en « orgues » pour obtenir un tir massif.

L’artillerie française utilise des fusées de guerre dans les opérations où la légèreté de l’affût en nécessite l’emploi : en Kabylie ; en Crimée, soit à terre, soit montées sur chalands pour neutraliser les plages lors de débarquements ; en Chine lors de l’attaque des forts du Peïho et au combat de Palikao où, après avoir agi contre la cavalerie chinoise, les fusées contribuent à l’enlèvement du pont qui donnera son nom au général Cousin de Montauban, comte de Palikao.

Mais, devant les progrès en portée, précision et vitesse de tir réalisés par les canons rayés se chargeant par la culasse, le ministre décidera en 1872 la suppression de l’emploi des fusées dans l’armée française.


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