Lorsque l’infanterie, usée par la succession des combats, voit décroître sa valeur combative, seul l’accroissement de son soutien par l’artillerie lui permet de tenir, et parfois de vaincre. Les guerres de 1792 à 1815 avaient ainsi amené un accroissement du rôle et de la quantité de l’artillerie : la proportion moyenne de canons pour 1 000 fantassins était, dans la Grande Armée, passée de 3 en 1805 à 5 en 1813.
A cette augmentation du nombre des canons s’ajoutait celle de l’effet des projectiles tirés en masse sur le point d’effort : c’était déjà une « concentration des feux ».
Le feu est le seul mode d’action de l’artillerie. Sa mission est le tir. Pour tirer ses projectiles il lui faut un matériel de lancement. L’efficacité de l’artillerie est donc liée aux possibilités de son matériel, c’est-à- dire à la technique. Il revient ensuite à l’artilleur d’agir pour que les projectiles lancés par ses matériels provoquent, au point et au moment prescrits par le commandement, l’effet voulu. La manœuvre des feux est la manœuvre des projectiles, car c’est le projectile qui est l’arme de l’artilleur.
La longue période de paix extérieure qui va de 1815 à 1854 [1] permettra, en appliquant les progrès de la technique, d’étudier, créer et perfectionner les moyens permettant à l’artillerie française d’obtenir des feux plus efficaces et, pour cela, de frapper plus fort à l’impact, de frapper plus loin, de frapper plus juste, de frapper plus vite.
C’est donc sur le projectile et sur son matériel de lancement qu’il faut d’abord agir : c’est un problème technique. Des mesures d’organisation et d’emploi tactique suivront.
La solution technique sera l’œuvre du Comité de l’artillerie et dans un premier temps, de 1815 à 1830, sous l’impulsion du maréchal Valée.
Pour remplir sa mission le Comité va d’abord réorganiser les moyens techniques. Il voudrait implanter au sud de la Loire et dans l’ouest les établissements situés trop près des frontières. Il doit également remettre de l’ordre dans les dépôts et arsenaux, recenser le matériel existant, réformer ce qui n’est plus utilisable, réglementer l’administration des établissements, définir les conditions de réception des matières premières et de recette des matériels fabriqués. Il étudie même l’introduction du machinisme dans quelques ateliers.
L’étude du chargement par la culasse est abordée pour les armes portatives, et le Comité fait adopter en 1824 1’amorce à percussion au fulminate de mercure en remplacement de la mise à feu par choc d’un silex sur l’acier.
Après l’avènement de Charles X, le ministre rappelle que Louis XVIII avait, en 1815, ordonné de présenter un nouveau système d’artillerie et que, à quelques détails près, on en est toujours au système Gribeauval. Il crée une Commission de cinq membres pour « mettre de l’ordre » dans les propositions reçues, et le système proposé par Valée est finalement adopté en 1827.
[1] car l’intervention en Espagne de 1823, celle de 1832 à Anvers et les combats d’Algérie ne constituent pas de véritables guerres.