L’organisation de l’Artillerie > Tome B- Approches détaillées > 5- Organisation du XVIIIème post Révolution > C- La formation des officiers d’artillerie >
1- Les écoles du Corps Royal
 

Avant la Révolution, le plus grand nombre des officiers d’artillerie sortait des écoles de régiment (antérieurement écoles de bataillon), certains de l’école des élèves, d’autres, moins nombreux encore, de l’École militaire de Paris.

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Les écoles régimentaires étaient issues des écoles établies, par l’ordonnance du 5 février 1720, auprès de chacun des bataillons qui formaient le Royal artillerie réorganisé.

Elles étaient stationnées à La Fère, Metz, Strasbourg, Grenoble et Perpignan. En 1729, l’école de Perpignan avait été transférée à Besançon.

En 1756, une sixième école avait été créée à Auxonne et une septième à Toul en 1762. En 1783, l’école de Grenoble avait été transférée à Valence, parce que Grenoble était ville-frontière avec le duché de Savoie et que, disait-on, le roi de Sardaigne ne composait son artillerie que de canonniers français déserteurs.

Le commandant d’école avait autorité sur le régiment (ou précédemment bataillon) qui tenait garnison dans la même ville, et qui changeait tous les deux ans. Dans ces écoles l’instruction était à la fois théorique (mathématiques, avec leur application à l’artillerie) et pratique (manœuvres, écoles à feu, simulacres de sièges). Vallière avait prescrit de faire suivre cette instruction par tous les officiers subalternes. On ne pouvait désormais accéder aux emplois de lieutenant-colonel, major et capitaine du Royal artillerie qu’après avoir reçu cette instruction, sanctionnée par des examens qui étaient passés tous les six mois devant le professeur de mathématiques et dont les résultats étaient transmis au ministre avec les appréciations de l’inspecteur général.

Les élèves de ces écoles étaient, outre les officiers subalternes du régiment, soit des cadets engagés et appointés, soit des surnuméraires qui servaient « à la suite » sans appointements, soit des « aspirants », volontaires qui se disposaient à entrer dans la carrière militaire mais n’avaient pas encore contracté d’engagement. Il leur était demandé de présenter des preuves de noblesse sur lesquelles on ne se montrait guère exigeant : on se contentait de témoignages attestant que la famille du candidat « vivait noblement ».

Pouvaient également être agréés les fils ou petits-fils d’officiers du Royal artillerie ou de chevaliers de Saint-Louis. Au bout d’une à trois années d’études, les élèves des diverses écoles régimentaires subissaient un même examen de mathématiques et, en cas de succès, étaient nommés lieutenants en second dans les unités.

Une disposition était particulière à l’artillerie : le commandant de l’école pouvait admettre à suivre l’instruction (celle des cadets et aspirants) les bas-officiers, et même les soldats, qu’il jugeait aptes à en profiter. Cette mesure valorisait le corps des bas-officiers.

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L’École des élèves fut fondée en 1756 à La Fère. Elle était commune à l’artillerie et au génie, les deux armes étant alors fusionnées ; mais dès 1758 elle fut réservée à l’artillerie. Les conditions « sociales » d’admission étaient les mêmes que dans les écoles régimentaires : preuves de noblesse, ou fils ou petits-fils d’officier du Corps ou de chevalier de Saint-Louis. Un examen d’entrée, portant sur les mathématiques, était commun aux candidats, qu’ils aient préparé cet examen dans une école régimentaire ou autrement. Les études duraient un ou deux ans, et un examen portant encore sur les mathématiques les terminait.

En cas de succès, l’élève était nommé lieutenant en second dans un régiment.

Gribeauval fit transférer en 1769 1’école des élèves de La Fère à Bapaume. Il jugeait que la cohabitation, dans une même garnison, des officiers de troupe, « buveurs, bretteurs, paillards », et des élèves ne pouvait que nuire à la formation de ceux-ci. Afin que l’instruction pratique ne fût pas négligée il dota l’école de matériels que demandait son commandant, le chevalier de Gomer, futur inventeur du mortier adopté en 1783 qui porta son nom, et futur membre du comité militaire de l’Assemblée nationale.

Supprimée en 1772, l’école des élèves ne fut pas rétablie lors du retour en faveur de Gribeauval. Il y avait alors pléthore de jeunes officiers d’artillerie. On se contenta d’ouvrir en 1779 six places d’élèves dans chacune des écoles régimentaires. Ce sera seulement à la Révolution que l’école des élèves sera recréée.

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L’École militaire de Paris avait été fondée en 1751 afin de procurer une éducation militaire à cinq cents jeunes gentilshommes sans fortune, priorité étant donnée à ceux dont le père était mort à la guerre, considérés de ce fait comme « enfants de l’État ». Ceux d’entre eux chez qui on avait décelé « de l’aptitude et du goût pour l’artillerie » pouvaient choisir cette arme. Ils subissaient alors l’examen de l’école des élèves tant qu’elle exista, et l’examen commun aux écoles régimentaires par la suite.

S’ils réussissaient à l’examen, ils passaient une année dans une école régimentaire avant d’être promus officiers. Si leur examen était très brillant, ils étaient nommés directement lieutenants en second dans un régiment dont le colonel décidait de les « recevoir officiers » après un stage où ils exerçaient les fonctions de canonnier, caporal et sergent et dont il déterminait la durée : c’est cette voie que le jeune Napolioné di Buonaparté a suivie.

L’École militaire de Paris avait été supprimée par Saint-Germain en 1776. Il la trouvait trop ostentatoire : on y élevait les cadets « comme des princes » ; cela ne correspondait nullement à ce que serait leur état de jeunes officiers. Désormais les jeunes gentilshommes seraient instruits dans des collèges « militaires » comme Sorèze, Tournon et Brienne. Tenus par des religieux, ces collèges n’avaient de militaire, outre le nom, qu’une inspection par un officier désigné par le ministre. Après un examen commun à tous ces collèges, les élèves qui l’avaient réussi étaient envoyés directement dans les régiments pour l’infanterie et la cavalerie, à l’école de Mézières pour le génie, à l’école régimentaire de La Fère pour l’artillerie. Ces dispositions ne donnant pas satisfaction, on avait rétabli dès octobre 1777 1’École militaire de Paris, à laquelle on pouvait accéder par ces « écoles militaires » : Brienne pour Bonaparte.

L’École militaire de Paris fut définitivement fermée en 1787 pour des raisons d’économie.


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