Une réforme s’impose pour apporter plus de mobilité à l’artillerie. Une artillerie plus légère sera alors adapté à l’infanterie, tout en étant servie par des artilleurs, puis confiée totalement à l’infanterie. C’est la pièce fameuse de 4, dite "à la suédoise" qui est choisie.
La guerre avait mis en évidence les défauts du matériel Vallière en tant qu’artillerie de campagne : le manque de mobilité et la lenteur du tir Conduisaient les troupes appuyées à mésestimer l’aide que l’artillerie pouvait leur apporter.
Le maréchal de Saxe disait après Fontenoy à Saint-Auban : « J’ai été très content de l’artillerie, mais j’ai vu des endroits où vous n’avez pu vous porter ».
Or, bien loin de vouloir remédier à ce manque de mobilité il préconisait, dans ses Rêveries, une artillerie attelée de bœufs « parce qu’ils détériorent moins les chemins et qu’on ne devrait avoir que des pièces de 16 ».
Beaucoup, au contraire, souhaitaient une artillerie plus légère et plus mobile. A Metz, dès 1737, Belle-Isle avait fait essayer un canon « à la suédoise ». En 1740, Breteuil, Secrétaire d’état à la guerre, fait renouveler ces essais : ils paraissent concluants et l’on décide le lancement de la fabrication de 50 canons.
Sur la suggestion de du Brocard on adopte le calibre de 4 pour utiliser les approvisionnements en boulets du canon de 4 de Vallière. Ce matériel aura 17 calibres de long et un poids de 600 livres (au lieu de 26 calibres et 1 150 livres pour le 4 Vallière). Il pourra être traîné à bras d’homme ; il est destiné à être employé dans les rangs de l’infanterie mais servi par du personnel de Royal artillerie.
Ces pièces donnèrent satisfaction lors de la retraite de Prague (1742), et Folard demanda qu’il y en ait désormais dans les parcs d’artillerie. Malgré les nombreuses demandes de construire d’autres matériels plus légers que les matériels Vallière, on se contenta d’augmenter la dotation en pièces de 4 « à la suédoise ». En 1744, dans les Flandres, il y en avait une sur six pièces de parc. En 1745, dans l’armée de Maurice de Saxe, la proportion atteignait la moitié. On la réduisit après Fontenoy, et en 1748, dans les Flandres, de nouveau il n’y en avait plus qu’une sur six. Ces pièces étaient toujours servies par les artilleurs.
C’est seulement en 1757, après la disparition de la charge de Grand maître, que le service de ces pièces fut confié à l’infanterie.
En Prusse, dès 1742, Frédéric II avait fait étudier et construire de nouveaux matériels pour une véritable artillerie de campagne, A côté de canons de 12 et de 20 fortement allégés (longueur 16 calibres - poids cent fois celui du boulet), il eut des canons de 6 et de 3 ; mais ce fut seulement en 1754 qu’il décida de lancer en grand la construction de ces pièces légères.
Le Secrétaire d’état à la guerre français, d’Argenson, envoya alors, auprès de Frédéric II, avec l’accord de celui-ci, un officier, Monsieur de Gribeauval, qu’il avait eu l’occasion de remarquer, avec charge d’étudier le matériel léger prussien.
A son retour de mission, Gribeauval remit un rapport défavorable à ce matériel : il manquait de puissance et de portée ; il était employé comme canon d’infanterie ; or, à ses yeux, les expériences de la dernière guerre avaient montré les inconvénients de cet emploi.
Louis XV décide cependant de faire construire un exemplaire de ce canon de 3, dont Gribeauval a rapporté les plans. Il est mis en concurrence avec d’autres matériels légers, en particulier avec le canon dit « à la Rostaing », du nom du comte de Rostaing, futur maréchal de camp, inspecteur général de l’artillerie pour la Bretagne. Le canon « à la Rostaing » avait le grand intérêt d’être portable à bras d’hommes parce que décomposable en fardeaux. On décida en 1757 de construire à la fois le 4 à la suédoise et le canon à la Rostaing, et de donner par bataillon deux pièces de l’un ou l’autre modèle. Le canon à la Rostaing ne fut guère construit ; mais il a inspiré les constructeurs de matériels de montagne du début du XXe siècle.