La fortification nouvelle fait son apparition en XVI ème siècle, en retour d’expériences, semble-t-il des expéditions en Italie de la fin du 15è au début du 16è siècles, où le concept de fortification va inspirer nos bâtisseurs des 16è et 17è siècle, avec des noims connus comme Jean Errard de Bar-le-Duc, puis Vauban, futur maréchal de France. Le texte et les illustrations qui vous sont qui vous proposés sont extraits de l’ouvrage "Histoire de l’artillerie française" sous la direction de Michel de Lombarès et les généraux Renauld, Cazelles, Boussarie et Coulloumme-Labarthe (éditions Lavauzelle .
Dans l’attaque des places fortifiées, où le canon était roi, on utilisait depuis longtemps les pétards (contre les portes) et les « mines » (contre les murs) ; mais une technique valable de la sape et du fourneau de mine ne sera élaborée et généralisée qu’au XVIIe siècle, contre la fortification nouvelle.
Car la fortification essaya de résister.
Cette fortification nouvelle, dite « enterrée », peut donner l’impression d’avoir introduit le fossé dans la défense des places fortifiées. Il n’en est rien. Le fossé a toujours été, pour la défense, un précieux obstacle. Depuis longtemps, avec ou sans eau, avec ou sans mur de soutènement, il rendait difficile l’accès à la muraille, jusqu’alors élément capital (parfois unique) de la défense d’une ville ou d’un château fort. Mais, étant moins vulnérable au boulet que la muraille, le fossé va maintenant prendre la première place.
Les déblais du fossé étaient rejetés des deux côtés.
Vers l’intérieur, le remblai formait un talus épais avec un parapet qui longeait le fossé et protégeait les défenseurs contre les projectiles adverses. L’escarpement que les assaillants devraient escalader pour entrer dans la place donnait son nom à cette partie de l’ouvrage : l’escarpe.
Le remblai extérieur, ou contrescarpe, s’étalait en un large glacis. La coupe de la contrescarpe laissait, le long du fossé, un chemin couvert (couvert contre les tirs tendus de l’ennemi) sur lequel s’installait une première ligne de défenseurs.
L’escarpe était nettement plus haute que la contrescarpe, et les feux du parapet balayaient le glacis dont ils rendaient la traversée bien dangereuse. Le mur d’escarpe avait ainsi plus d’une toise (donc 2,50 m) de plus que le mur de contrescarpe.
On avait épaissi les murailles, mais le canon restait le plus fort quand il pouvait tirer à bonne distance (cent mètres). Pour l’écarter des remparts, on « éclata » les fortifications en englobant les faux-bourgs dans la défense et en établissant, à l’extérieur, des emplacements avancés d’artillerie qui permettaient de tenir l’artillerie assiégeante plus éloignée.
En se fortifiant, ces emplacements de tir donnèrent naissance aux bastions (bastillon, petite bastille). Leur forme triangulaire, pointe en avant, permettait, à des arquebusiers placés sur les côtés de la pointe, de défendre le bastion et de flanquer le rempart. L’artillerie placée dans un bastion prenait en enfilade les fossés qui reliaient cet ouvrage à ses deux voisins. Elle flanquait ainsi les portions de muraille, dites courtines, qui séparaient deux bastions. La portée efficace des armes limitait à 2 à 300 mètres la longueur d’une courtine.
La fortification dite bastionnée, née dans la première moitié du XVIe siècle, ne tirait pas son originalité du seul bastion. Elle était le résultat des efforts faits pour perfectionner les aménagements de défense en mur et fossé.
Cette transformation fut l’œuvre de spécialistes dont beaucoup venaient d’Italie avec leur nom d’ingénieur (d’ingegno : engin) et les connaissances nouvelles du moment -c’était la Renaissance - excitées, dans le domaine de la fortification, par les invasions françaises. Ils apportèrent notamment la casemate, petit emplacement protégé aménagé au fond du fossé et contre le mur d’escarpe, pour battre le fossé au ras du sol avec une bouche à feu.
Ces ingénieurs, spécialistes proches des artilleurs par leur formation, par leurs tâches et par leurs problèmes, vivant auprès d’eux, d’autant plus efficaces qu’ils étaient mieux informés des effets du canon, dépendaient du Grand maître pour leur brevet, leur recrutement, leur paiement et leurs dépenses. Ils faisaient partie de l’artillerie.
Certains étaient nommés commissaires.
L’un d’eux, Jean Errard, de Bar-le-Duc, eut une certaine célébrité. Né au milieu du XVIe siècle, nourri de mathématiques, au service du duc de Lorraine puis des ducs de Bouillon, il avait acquis, en fortification, une réputation telle que Sully le prit à son service avec ses compagnons. Il fut un des quatre « ingénieurs du roi » chargés d’édifier et d’entretenir, chacun, les ouvrages d’une province : Picardie, Champagne, Dauphiné, Provence.
Son traité de fortification est tout pénétré de géométrie.
A ces ingénieurs de profession s’ajoutèrent bientôt des officiers de troupe qui, par l’étude et l’expérience, obtinrent un brevet d’ingénieur du roi. On vit ainsi apparaître sous Louis XIII l’embryon de ce corps des ingénieurs militaires chargé de la fortification qui allait prendre toute son importance sous Louis XIV.
Pour diriger l’ensemble, Henri IV avait créé une charge de Surintendant des fortifications et bâtiments qu’il avait confiée en 1602 à Maximilien de Béthune, le futur Sully. En 1658, un commissariat général aux fortifications fut créé et confié au chevalier de Clerville, dernier ingénieur issu des officiers d’infanterie, sous lequel Vauban commença sa carrière.
Plus tard, des ingénieurs, issus généralement de la petite ou moyenne noblesse, seront formés directement. Ils recevront des connaissances générales dans des collèges, puis des connaissances techniques par l’expérience et dans des voyages, tels Deshoulières, Mesgrigny... et Vauban.