L’organisation de l’Artillerie > Tome B- Approches détaillées > 1- Organisation du XIVè siécle jusqu’à la fin du XVè siècle >
4- Le bilan des acquis à la fin du XVè siècle
 

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Article de Jean-Pierre Bariller, à partir d’extraits de l’"Histoire de l’Artillerie française" de Michel Lombarès - Charles-Lavauzelle (1984)

Dans la deuxième moitié du XVe siècle toute l’Europe est équipée de canons : les seigneurs pour renforcer leur château ; les grands féodaux pour affirmer leur puissance ; les villes pour protéger leurs richesses ; les souverains pour rester souverains.

Mais l’aménagement d’un château fort pour renforcer sa résistance aux boulets de fer va se heurter au coût des travaux, trop élevé pour une place forte aussi faible, surtout quand il apparaîtra nécessaire, pour mettre les murailles à l’abri des coups trop durs, de donner une centaine de mètres de profondeur à la défense. Les murs perdant leur valeur de protection, le château fort ne sera plus qu’une résidence mal adaptée à sa destination.

Les féodaux importants ont plus de moyens et, au moins, une ville forte sur leur territoire. Or, les villes, soucieuses de leur défense, renforçent elles-mêmes leurs fortifications. Elles ont les moyens de se doter d’une puissante artillerie où, d’ailleurs, l’autorité royale elle-même trouve une aide en cas de besoin.

  • Lille, qui a 130 canons en 1460, s’enorgueillit de son « corps de canonniers sédentaires », créé en 1483 sous le nom de « Confrérie de Madame Sainte-Barbe », [1].
  • Dijon a 92 bouches à feu en 1445.
  • Paris, en dehors de l’artillerie royale entreposée au Louvre, a ses propres canons en son hôtel de ville. Dans l’inventaire établi en 1505, sur ordonnance des prévôts des marchands et des échevins de la cité, donne le relevé d’un arsenal de 60 pièces et 36 arquebuses, en complément de celles qui étaient sur l’enceinte fortifiée.

Mais il ne faut pas s’illusionner sur la puissance réelle des armements décrits par les fiers récits des historiens de ces cités avec les mots de veuglaire, couleuvrine, serpentine, etc. La volée des pièces parisiennes de l’inventaire de 1505 ne dépasse pas 125cm.

Maintenant, ce sont surtout les souverains qui ont les moyens d’avoir des canons, et leur puissance va reposer désormais essentiellement sur cet ultime argument, cependant que la première moitié du XVIe siècle verra disparaître, bon gré, mal gré, les petites artilleries.

En particulier, profitant de l’acquis de Charles VII et des travaux des frères Bureau, Louis XI va se donner une des plus fortes artilleries de son temps. Les canons de Charles VIII et de Louis XII pour les campagnes d’Italie vont même donner à la France un temps de prééminence dans ce domaine. L’artillerie entre dans les rangs des armées qui partent faire bataille.

[1] auquel les gouvernements français ont toujours maintenu le « privilège » de jouer son rôle dans la défense de la ville, si bien que, en 1940, les « canonniers sédentaires » de Lille armeront plusieurs batteries de défense contre aéronefs.


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