Au début de l’année 1986, au titre d’accords intergouvernementaux d’assistance, la France mit de nouveau en place au Tchad un déploiement militaire interarmées, au sein d’une opération d’intervention extérieure baptisée Epervier.
L’essentiel des forces françaises fut alors constitué par des moyens de l’Armée de l’air qui furent envoyés principalement à N’Djaména. La menace aérienne libyenne pesant sur l’ensemble du territoire tchadien, un dispositif de défense aérienne classique fut aussitôt établi en vue de protéger prioritairement la capitale et le Sud du pays.
En septembre 1987, l’évolution de la situation générale fut très favorable aux forces armées nationales tchadiennes (FANT), ce qui conduisit la Libye à effectuer plusieurs attaques aériennes de rétorsion. La Défense Aérienne d’Epervier (DAE) dut y faire face, dans des contextes locaux très différents et avec des moyens inégaux : elle y obtint des résultats contrastés.
Plus de vingt ans après, force est de constater que le peu de résonnance médiatique voire le silence officiel qui accompagnèrent parfois ces événements, tout comme le caractère outrancier de certaines exploitations partisanes qui en furent faites, ne permirent alors ni d’en établir des comptes-rendus précis ni de s’en faire une juste appréciation. Pour d’impérieuses raisons politiques, certains des faits qui s’y rapportaient furent alors délibérément occultés, d’autres furent faussement interprétés au nom d’intérêts militaires catégoriels, au mépris des conséquences humaines de ces omissions ou de ces contre-vérités. Pourtant tous ceux qui firent de leur mieux au Tchad pour protéger leurs semblables des attaques aériennes méritaient que leur valeur militaire, leurs qualités professionnelles et leur abnégation soient publiquement reconnues.
C’est pourquoi, en ravivant nos souvenirs, en rédigeant les pages qui suivent, en y joignant des documents et des témoignages qui nous ont semblés être dignes d’intérêt, nous avons décidé de contribuer modestement à éclairer l’Histoire. Notre propos se veut objectif et dénué de toute complaisance : il porte sur un ensemble cohérent d’éléments constitutifs de la défense aérienne au Tchad qui ont conduit à y obtenir au moins une victoire antiaérienne indiscutable. Une telle analyse n’en a jamais été faite dans les milieux militaires, et encore moins prescrite par l’Armée de l’air française. En revanche, on s’y est parfois affairé à faire peser des suspicions illégitimes et à rechercher des culpabilités là où il n’y en avait pas.
Puissent donc nos évocations permettre d’apprécier à leur juste valeur ce que furent les trois véritables actes de guerre aérienne de N’Djaména, Abéché et Faya de septembre 1987 et rendre ainsi hommage aux mérites des militaires français qui jouèrent un rôle déterminant dans ces « Trois Glorieuses » du combat antiaérien.