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René RIBEROLLES
 

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D’après un texte écrit par feu le colonel Cortès auquel de nombreux emprunts ont été effectués.

René RIBEROLLES

René RIBEROLLES est l’un des anciens élèves de l’École Centrale qui furent affectés à la DCA au cours de la Grande Guerre ; aux cotés du (futur) général PAGEZY, il contribua significativement au développement de cette nouvelle composante de l’artillerie.

Il nait le 16 novembre 1889, à Villemomble (Seine-Saint-Denis).

Il fait toutes ses études au lycée de Nantes, s’y révélant comme un « surdoué créatif » et y collectionnant tous les prix, sans aucune exception. Malgré l’opposition du proviseur, il saute la classe de Mathématiques élémentaires et, après une année d’Hypotaupe, intègre en 1907 et dans un bon rang l’École centrale : il a moins de 18 ans.

Il accomplit son service militaire dans l’artillerie de campagne puis entre dans l’usine de produits chimiques BARIT de Paimboeuf. Il est rappelé à l’activité le 1/8/1914 et part en campagne au sein de la 9ème batterie du 51ème régiment d’artillerie divisionnaire. C’est là qu’il est confronté à la menace exercée par les aéronefs, que l’on tente de combattre avec les canons de 75 mis en position de tir sur des affûts improvisés. En batterie à Albert dans la Somme, il élabore une des premières méthodes de tir contre-aéronefs, fondée sur l’emploi de l’altitude, de la vitesse et de l’orientation de la route de la cible.

Ayant été rappelé contre son gré par son ex-employeur pour la fabrication d’explosifs chimiques, il y travaille du 23/5/1915 au 18/5/1916, date à laquelle il rejoint le 51° RA et reprend ses études de DCA.

Celles-ci le font remarquer par le Commandement, ce qui lui vaut d’être affecté au 62° RA [1] le 13/10/1916, à un poste demi-fixe de DCA qui est doté d’un nouveau matériel adapté au tir contre-aéronefs : le canon de 75 mm sur plate-forme modèle 1915. Logiquement, le 30/11/1916, il est envoyé en formation au Centre d’instruction du tir AA d’Arnouville-lès-Gonesse.

Après un cours stage où il se classe premier et qui le fait remarquer par le chef d’escadron Pagezy, directeur du centre, il participe aux essais en première ligne d’un nouveau matériel : le 75 sur remorque [2], puis il est nommé en janvier 1917 à la tête d la 4ème section d’autocanons au Fort de Tavannes ; en mars, il commande le secteur de DCA Verdun-Saint-Mihiel ; le 22 avril, il est promu capitaine, à 28 ans. Le 5 mai, Pagezy parvient (enfin) à le faire affecter comme instructeur au Centre d’Arnouville et comme membre de la Commission d’Études Pratiques du tir contre les aéronefs.

Riberolles devient aussitôt l’un des principaux collaborateurs de Pagezy et contribue d’importance aux études et aux réalisations du Centre. Il rédige le « Cours de tir contre objectifs aériens » de 1917, il invente plusieurs dispositifs et met au point de nombreux matériels dont le canon de 105 Schneider-Arnouville. Tant et si bien que Pagezy écrira de Riberolles qu’il apporte de remarquables innovations dont une « série de dispositifs extrêmement ingénieux qui permettent de pousser la simplicité et l’automatisme de la manœuvre à un point inconnu jusqu’ici » et encore, dans un rapport ultérieur, que Riberolles « est le capitaine le plus ingénieux de toute la DCA, le capitaine qui a rendu incontestablement le plus de service à l’arme ».

Fait chevalier de la Légion d’honneur le 8/11/1920, Riberolles est retourné à ses activités d’ingénieur civil. Néanmoins, jusqu’en 1930, il poursuit sa collaboration avec le colonel puis général Pagezy sur un poste de commandement (PC) de tir indirect et sur deux PC de tir direct. Puis, seul, de 1930 à 1939, il étudie les postes de commandement modèle 34, 35, 36, un poste optique, un traceur de route, un PC pour la Belgique, un PC de tir indirect pour la Pologne, un PC de tir contre les chars, un PC de tir indirect opérant en coordonnées rectangulaires (le PC 40) et un PC modèle réduit dit « PC de secours » .

Tous ces appareils, mêlant mécanique et électronique, équipés en télétransmissions, sont réalisés avec le souci - constant chez Riberolles - de la simplicité, de l’économie des moyens et de l’élégance des formes. Ne disait-il pas : « il faut que la mécanique soit simple » et encore : « iI faut que la mécanique soit belle »...

En 1939, à la déclaration de guerre, des équipements qui portent « sa griffe » sont présents dans toutes les batteries de DCA.

De 1940 à 1944, Riberolles se soustrait aux offres de service de l’occupant, cesse toute activité professionnelle et vit isolé dans sa maison de Saint-Cloud. Là il écrit, il peint, il fait de la musique.

De 1944 à 1952, il participe de nouveau, avec la Manufacture de Levallois, à des études d’appareils de préparation de tir destinés aux batteries de 90 mm US dont est désormais dotée la DCA française. Mais leur conception est à dominante mécanique (domaine où excellait Riberolles) et ce sont des équipements essentiellement électroniques qui leur sont préférés.

René Riberolles fut sans doute un versificateur et un poète, auteur de sonnets, mais surtout, il fit montre d’un esprit actif et déterminé qui n’admettait pas d’être impuissant à trouver les réponses aux problèmes qui se posaient à lui. Il fut un inventeur au sens propre, dont les contributions à l’essor et à l’efficacité de la DCA furent exceptionnelles.

Il est donc juste qu’il figure au Panthéon des « Pionniers de la DCA ».

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[1] À cette époque, tous les moyens de DCA relevaient du 62°RA.

[2] Son comportement lui vaudra d’être cité à l’Ordre de l’armée dans les termes suivants : « Officier du plus grand mérite, d’une compétence remarquable et d’une bravoure à toute épreuve, placé à la tête d’une unité antiaérienne de première ligne, s’est dépensé sans compter en s’exposant journellement pour mener à bien les essais qui lui étaient confiés, a contribué dans une large mesure à réaliser un matériel puissant de tir contre avions ». Signé : Pétain, 25/4/1918.


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