Discours prononcé le 28 octobre 1860 lors de la cérémonie d’inhumation des corps rapportés au camp français le 20 octobre.
« Foullon - Grandchamps (Charles), né à Caen (Calvados), le 11 novembre 1808, commandant les batteries montées attachées à l’expédition de Chine.
La carrière militaire du colonel Foullon-Grandchamps date de 1830.
Entré à l’École polytechnique le 1° novembre 1823, il sortait, le 6 août 1830, élève sous-lieutenant de l’École d’application de Metz, et était nommé, 6 août 1832, lieutenant en deuxième au corps d’artillerie. Le 1° février 1833, il passait comme lieutenant en premier au 11° régiment d’artillerie, et le 24 août 1838 au 2° régiment en qualité de capitaine en second. Quelques mois après sa nomination de capitaine en premier au 10° régiment, Foullon-Grandchamps partait avec sa batterie pour l’Algérie, qu’il ne quittait qu’en mai 1850, après avoir fait l’expédition de Biskara en février et mars 1844, celles du Sud-ouest et du Sud de la province d’Alger en octobre, novembre, décembre 1845 et janvier 1846, celle des Beni-Selimann en juin 1849, et celle des Zibans en septembre, octobre et novembre 1849.
Après l’expédition de la province d’Alger, il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur. Au siège de Zaatcha, comme dans toutes les expéditions auxquelles il prit part, Foullon-Grandchamps s’était fait remarquer par ses chefs autant par son intelligence que par son intrépidité. Avant de rentrer en France, il recevait le prix de sa bravoure par sa nomination de chef d’escadron, 13 janvier 1850. Le 8 octobre 1853, l’empereur lui décernait la décoration d’officier de la Légion d’honneur. Nommé lieutenant-colonel le 8 octobre 1857, Foullon-Grandchamps était appelé à l’état-major particulier de l’artillerie, puis au commandement de l’artillerie à Metz, à la direction de Saint-Omer, enfin au 13° régiment qu’il ne quitta, le 6 novembre 1859, que pour aller en Chine commander les batteries montées attachées à l’expédition. Le 24 mai 1860, il était nommé colonel.
Tout le monde se rappelle les brillants résultats obtenus par l’artillerie française aux combats des 14 et 18 août 1860 qui ont précédé l’enlèvement des forts situés sur les rives du Pei-ho. L’intelligence du colonel Foullon-Grandchamps dans la disposition et rétablissement des batteries, sa bravoure personnelle n’ont pas peu contribué à la défaite des troupes ennemies.
Toujours le premier en avant, le brave Foullon-Grandchamps devait payer cher sa bravoure. Fait prisonnier le 18 septembre dans le guet-apens combiné par les troupes tartares, notre brillant officier d’artillerie périt accablé par le nombre en se défendant les armes à la main. Son cadavre ne fut rapporté au camp de Pékin que lé 15 octobre 1860, par suite des conditions du traité de paix.
Avant de connaître le guet-apens du 18 septembre et la triste fin de plusieurs des victimes, l’empereur, par décret du 6 novembre 1860, nommait le colonel Foullon - Grandchamps commandeur de la Légion d’honneur. »