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L’artillerie à cheval : les Volants
 

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Extrait du Bulletin Historique n° 12 de décembre 1992 - Rédacteur en chef : Colonel (er) Michel BEELE.

L’ARTILLERIE A CHEVAL - LES VOLANTS

À l’époque de la traction animale "l’Artillerie de campagne" se composait de canons et d’obusiers d’une mobilité suffisante pour accompagner les troupes en campagne. Les pièces et les caissons étaient tirés par des chevaux, des mulets, voire des boeufs. La plupart des servants suivaient à pied.

L’ARTILLERIE A CHEVAL apparaissait alors comme un corps spécialisé où tous les servants étaient montés, ce qui lui permettait d’opérer avec la cavalerie et de parcourir de longues étapes. En effet, lorsque les chevaux des attelages étaient fatigués, ils étaient aussitôt remplacés par ceux des servants. Cette grande mobilité, pour l’époque, lui permettait d’apporter rapidement sa puissance de feu en tout point du champ de bataille et de voler au secours d’unités menacées.

Le texte qui suit reproduit un chapitre de l’ouvrage du chef d’escadron (e.r) Charles LETRAIT sur "l’Artillerie française et ses insignes".

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L’Artillerie à Cheval apparut pour la première fois dans l’Armée française en 1791. Mais l’idée était dans l’air depuis longtemps, car l’artillerie à cheval, ou plutôt légère, avait été expérimentée en Autriche dès 1778, et aussi en Prusse. Les servants étaient transportés sur les affûts et les caissons, un peu comme le sera à partir de 1829 1’artillerie montée.

Cette nouveauté se concrétisa en France par le décret du 29 avril 1791 qui prescrivait la formation de neuf compagnies d’Artillerie à Cheval, appelée aussi : Artillerie légère ou Artillerie Volante. Les officiers, sous-officiers et canonniers furent pris dans les régiments de Canonniers (que l’on commence à appeler régiments d’artillerie à pied), les fourriers et les trompettes furent tirés de la cavalerie. Néanmoins, la pénurie des chevaux était telle qu’au début les canonniers, dépourvus de montures, furent transportés sur des véhicules spéciaux appelés "Würtz". Ces derniers comportaient un long fût sur lequel les canonniers étaient à califourchon, les uns derrière les autres, se tenant par la taille. Celui de l’avant disposait de poignées. Ce système, peu confortable et fort incommode, fut abandonné dès que des chevaux furent affectés à l’artillerie légère.

En février 1793, le nombre des compagnies est porté à vingt en juin à vingt-huit. C’est en février 1794 que fut décidé la création de 9 Régiments d’Artillerie à Cheval, chacun à six compagnies. Cette fois-ci un prélèvement fut effectué sur la cavalerie, chaque compagnie reçut trente cavaliers qui devinrent "seconds canonniers". Les dépôts des régiments devaient être créés auprès des écoles régimentaires, mais leur organisation fut laborieuse, par exemple le dépôt du 1er Régiment ne fut créé qu’en 1800.

C’est à cette époque que l’Artillerie à Cheval prit les appellations de grade de la cavalerie. D’ailleurs la loi du 7 février 1794 parle de cavaliers-canonniers, et ce qui est plus curieux, les chefs de brigade (Colonels) rouleront pour l’avancement avec ceux de la cavalerie légère. En même temps l’uniforme prend la coupe et l’allure de celui de cette cavalerie légère.

Il semble qu’à cette occasion on ait tenté la militarisation des charretiers. La loi prescrit que leur instruction serait assurée dans les dépôts et que leur solde serait celle des seconds canonniers. Il ne semble pas que ces dispositions eurent beaucoup d’effet, car on cite de nombreux cas où les canonniers durent, sous le feu, prendre la place des charretiers. Ce n’est qu’avec la création du Train d’Artillerie que l’Artillerie Volante prit toute son efficacité.

En 1801, le nombre des régiments est réduit à six, et ce sont ces six régiments qui vont se couvrir de gloire durant les guerres de l’Empire. A la première Restauration leur nombre est réduit à quatre, toujours à six compagnies, même nombre pendant les cent-jours. En 1816 quatre régiments sont constitués, ils portent le nom de la ville où se trouve l’école de rattachement, puis en 1820 ils reprennent les numéros.

En 1829, l’artillerie à cheval disparaît en tant que subdivision d’arme, mais les batteries à cheval, nées de la fusion d’une compagnie d’Artillerie à Cheval et d’une compagnie d’Artillerie, sont maintenues à raison de trois dans chacun des dix régiments de la Ligne et dans celui de la Garde Royale.

En 1854, une nouvelle réorganisation fait renaître les régiments à cheval, mais ils reçoivent des numéros dans la série unique, il y aura donc, les 14e, 15e, 16e, 17e, chacun à huit batteries, plus le régiment de la Garde Impériale.

En 1860, les 14e, 15e, 16e, 17e deviennent respectivement 17e, 18e, 19e, 20e. On voit que la valse des numéros ne date pas d’aujourd’hui. [1992]

En 1872, on revient à l’organisation de 1829. II n’y a plus de régiment spécialisé, les batteries à cheval sont affectées au R.A. dit de Corps d’Armée, à raison de trois par régiment (il y avait 19 régiments de C.A. et 19 régiments divisionnaires). En campagne un groupe de deux batteries est affecté à chaque division de cavalerie.

À partir de 1910, les batteries à cheval sont constituées en groupes de trois batteries, affectés dès le temps de paix à une division de cavalerie. Administrativement chacun des groupes est rattaché à un R.A.C. dont il constitue le IVe groupe.

Pendant la guerre les 7e, 8e, 9e, 10e Divisions de Cavalerie (D.C.) sont dissoutes. Leurs groupes à cheval sont transformés en groupes montés et affectés dans des Divisions d’infanterie (D.I.) ou en Réserve Générale d’Artillerie (R.G.A.). Au moment de l’Armistice il ne reste donc que six groupes à cheval et en 1919 ils prirent le numéro VII dans leur régiment de rattachement.

L’année 1920 voit la renaissance de l’Artillerie à Cheval comme subdivision d’arme. Les groupes deviennent autonomes sous le nom de : "Groupes d’Artillerie à Cheval" numérotés de 1 à 6 comme les Divisions de Cavalerie. En mars 1922 ils deviennent de petits régiments à deux groupes de deux batteries sous l’appellation de : "Artillerie de la Division Légère" (c’était le nouveau nom des Divisions de Cavalerie).

En 1926 1’ensemble de l’Artillerie à Cheval reçoit un étendard portant les noms de victoires suivants :

LA MARNE 1914 - CHAMPAGNE 1915 - LA SOMME 1918 - LES FLANDRES 1918.

Chaque corps a la garde de l’étendard pendant un an, le passage s’effectuant tous les 1er avril.

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L’année 1929 marque une date importante dans l’histoire des Volants, car c’est l’année de la création des 7le à 75e R.A.D.C. qui seront nos contemporains. Chaque régiment reçut son propre étendard, avec les mêmes inscriptions que l’étendard unique, ce qui signifie que les cinq régiments sont collectivement les héritiers de la gloire amassée par tous les dix groupes volants de la Grande Guerre.

Peu à peu et à partir de 1934, ces régiments furent motorisés. Les premiers à l’être prirent l’appellation de : " Régiments d’Artillerie de Division Légère Mécanique (R.A.D.L.M.). À la mobilisation de 1939, il ne restait qu’un seul régiment à cheval : le 75e qui sera motorisé à son tour en février 1940. Puis ces régiments sont désignés sous le nom de : "Régiments d’Artillerie de Division Légère de Cavalerie (R.A.D.L.C.)" ou plus fréquemment de : "Régiments d’Artillerie à Tracteurs Tous Terrains (R.A.T.T.T.)". Au cours de la guerre trois autres régiments furent créés, les 76e, 77e, 78e, tous étaient composés de deux groupes de 75 sur pneus et d’un groupe de 105 Court. II faut ajouter à cette série le 329e R.A.T.T.T. qui portait aussi l’étoile sur ses écussons et qui constituait l’artillerie du "Corps de Cavalerie".

Pendant la période 1940 - 1942, seul le 72e représenta les anciens volants, mais il était organisé comme les autres régiments, c’est-à-dire à trois groupes de 75, soit neuf batteries dont huit hippomobiles et une motorisée.

A partir de 1943, à l’image de l’Artillerie américaine, il fut créé une nouvelle subdivision d’arme : l’Artillerie Blindée dont les matériels furent confiés à certains régiments d’Afrique. Ce n’est que qu’à partir de 1946 quand de nouveaux numéros furent donnés à ces R.A.A. que les nouveaux "Régiments d’Artillerie blindée" (terme qui ne fut jamais réglementaire) se voulurent les héritiers des Volants et obtinrent officiellement de porter sur leurs écussons, au-dessous du numéro, la fameuse étoile de l’Artillerie à Cheval. On trouve ainsi ces écussons avec les numéros : 7. 11. 15. 16. 24. 34. 68. Plus curieusement on les trouve également avec les numéros : 5. 12.61. alors que ces régiments, à notre connaissance, n’ont jamais été blindés.

Actuellement[1992], la quasi-totalité de l’Artillerie étant automotrice la distinction devient sans objet. Aussi seules deux unités arborent aujourd’hui l’étoile sur son écusson comme héritiers traditionnels de l’ancienne Artillerie à Cheval .

  • le 39ème Groupement de Camp, stationné au camp de SUIPPES, il a la garde de l’étendard du 72ème R.A. et ses personnels portent l’écusson du 72ème R.A., mais il n’est pas doté en matériels d’artillerie ,
  • le 74ème R. A. installé au quartier Ailleret de BELFORT, il est équipé de Lance Roquettes Multiples et demeure le dernier volant opérationnel.
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