Le frein de bouche sert à réduire l’énergie cinétique de la masse reculante (tube + culasse) de l’arme et donc la force de freinage demandée aux freins hydrauliques et subie par l’affût.
Dans le cas d’un porteur mobile (char) cela réduit l’accélération négative subie par le porteur.
Le frein de bouche détourne une part importante des gaz de poudre qui sortiraient « normalement » par la bouche (en suivant le projectile à une vitesse moyenne de 1500m/s ; ces gaz sont détournés dans un plan perpendiculaire à l’axe du tir, voire renvoyés vers l’arrière.
I = mVo + 1500 ω en l’absence de frein de bouche.
La conservation des quantités de mouvement impose alors à la masse reculante Mr une vitesse de recul Vr telle que :
MrVr = mVo + 1500 ω = I
I’ = mVo + 1500(ω(1 - B))
I’ est bien sûr inférieur à I et le facteur B, qui dépend avant tout de la géométrie du frein de bouche est appelé par les anglo-saxons : « rendement impulsionnel du frein de bouche ». Il peut atteindre 0,5 et la réduction de l’impulsion peut atteindre 0,3 (soit 30%) dans le cas du tir d’une munition flèche.
½ MrVr² = FrLr
Fr’Lr = ½ MrVr’² = ½ MrVr² (1- ρ)
ou Fr’ est la force de freinage avec frein de bouche ; Fr’ < Fr
Ceci donne la relation fondamentale de montage d’une arme équipée d’un frein de bouche :
Fr’ = ½ I² (1 - ρ ) / MrLr
où Mr et Lr caractérisent l’arme et son montage, I la munition et ρ le frein de bouche ; ρ peut atteindre 0,3 pour un canon d’artillerie et 0,5 pour une arme de char tirant une munition flèche.
J’ai eu le plaisir d’inventer avec mon collaborateur JC SAUVESTRE, autour des années 1980, des freins de bouche adaptés au tir des munitions flèches qui ont équipé entre autres les ERC Sagaie et l’AMX 10 RC. Tout ceci a été breveté en son temps.
En résumé, les freins de bouche sont utilisés en artillerie de manière systématique pour alléger les contraintes sur l’affût et donc l’affût lui-même. Dans les cas des chars, ils permettent d’augmenter significativement la puissance des armes montées en tourelle, avec deux inconvénients : la masse du frein de bouche accroît l’arcure du tube et la présence d’un frein de bouche perturbe la visée après le tir.