Extraits de la Revue historique de l’armée, à propos "des groupes aériens d’observation d’artillerie en Indochine" (par Philippe Roudier).
L’instruction générale sur le tir de l’artillerie précise : « L’observation a une influence prépondérante sur l’efficacité des tirs. Elle seule peut donner une certitude immédiate sur les effets réalisés. (...) L’appui étroit et permanent que l’artillerie a le devoir d’assurer aux autres armes ne peut être obtenu que par une utilisation complète de ses moyens de transmissions, en particulier les radios. Un système d’observation d’artillerie doit comprendre des observatoires terrestres et des observatoires aériens. L’aviation permet à l’artillerie d’étendre considérablement en profondeur son champ d’action et de s’affranchir des masques qui limitent les possibilités de l’observation terrestre. L’artillerie utilise des avions lents et non armés. C’est l’aviation d’observation d’artillerie. »
L’expérience des combats de 1940 montra rapidement qu’il était impossible de faire survoler le champ de bataille par des avions relativement lents, à moins d’une supériorité aérienne totale. Aussi, dans toutes les armées, on supprima les avions d’observation pour les remplacer par des avions de reconnaissance rapides (Lightning, Thunderbolt) exécutant, en général, des missions photographiques à haute altitude. Cependant l’avion lent présentait de tels avantages pour le réglage des tirs de l’artillerie que celle-ci s’efforça de le conserver.
La solution adoptée fut de la doter d’avions très légers, susceptibles d’utiliser de petits terrains de fortune. Ces avions devaient voler bas, protégés par la défense contre avions (DCA) amie, assez près de leur terrain, pour se poser rapidement en cas d’incursion de la chasse ennemie, et ne faire que des missions de courte durée. Il fut admis, et l’expérience indochinoise devait le confirmer, qu’à condition de disposer d’une supériorité aérienne, ces avions, sortes d’observatoires volants, allaient permettre de régler des tirs sur des objectifs prévus d’avance à petite et moyenne distances. Quant au réglage aérien des tirs d’artillerie à longue portée, c’est l’aviation de chasse qui s’en chargerait.
Mais, dès l’arrivée en Indochine du corps expéditionnaire français en Extrême-Orient (CEFEO) en 1945, le commandement s’aperçut que, l’adversaire ne possédant ni aviation de chasse, ni DCA lourde, il était parfaitement possible de revenir aux méthodes d’avant 1940 et de survoler la zone ennemie à condition de voler au dessus de l’altitude de 400 mètres.