Se basant sur les études faites par SARRAU, un ingénieur des poudres, VEILLE, un autre ingénieur, met au point une poudre colloïdale (coton, poudre gélatinisée par un solvant éther-alcool), dite poudre sans fumée étant donné qu’elle en produit très peu.
On la nomme alors poudre V de l’initiale du nom de son inventeur. Elle est adoptée en 1888, après des essais concluants sur les fusils et les bouches à feu, sous les noms de poudre B pour les bouches à feu (en hommage au Général BOULANGER, ex-Ministre de la Guerre) et de poudre BF pour les fusils.
L’efficacité de cette poudre B se montre dès lors exceptionnelle car, a charge égale, elle double quasiment la vitesse initiale du projectile. De plus, elle ne détériore pas l’âme du canon et réduit considérablement la fumée qui, au départ du coup, dévoile trop aisément à l’ennemi l’emplacement de la pièce.
On en déduit alors qu’il faut moderniser l’armement de l’artillerie car les précédentes campagnes ont renforcé l’idée chez les ingénieurs de la nécessité d’obtenir pour les canons un tir de plus en plus rapide, tir rapide qui va être obtenu par la mise au point du « fabuleux » canon de 75.
En effet, les études de Monsieur HAUSSNER, ingénieur à la fonderie bavaroise de canons d’Ingolstadt démontre qu’avec un matériel pesant une tonne, à recul de un mètre quarante, il est possible de tirer un projectile de cinq kilogrammes à une vitesse initiale de 600 mètres/seconde, dans des conditions idéales de stabilité, ce qui permettrait ainsi d’obtenir un tir réellement rapide.
Après cinq ans d’études pour mettre au point un frein à long recul, les essais de 1897 se montrent convaincants : dix mille coups tirés sans incident à une cadence de vingt coups par minute.
Ce matériel est alors adopté sous le nom de canon de 75 modèle 97. Le secret étant indispensable à ce projet révolutionnaire, surtout vis-à-vis de l’Allemagne où le long recul est étudié, la fabrication va se faire dans la plus grande discrétion grâce à des fonds provenant d’une prétendue aliénation d’une partie des fortifications parisiennes. Cette solution permet de ne pas avoir recours au budget de l’état donc à l’autorisation préalable du Parlement.
Tant de précautions sont prises que les Allemands croient que le matériel rigide du Capitaine DUCROS va être choisi et se hâtent donc d’adopter, en 1896, leur canon de 77 à affût rigide.
Enfin, lorsque la pression devient trop forte pour que son existence demeure cachée, le matériel de 75 modèle 97 est présenté au public à la revue du 14 juillet 1899 à l’hippodrome de Longchamp.